1883, Indes Néerlandaises. La compagnie bostonienne qui affrète le voilier Gerrymander donne six mois au capitaine du navire, Boll (Fred MacMurray), pour générer du profit. Boll recherche à cet effet une épave censée contenir une cargaison de diamants de grande valeur. Il rachète à un équipage chinois la jeune Kim Kim (Vera Ralston), une danseuse détenue en esclavage qui connaît l'emplacement de l'épave. Mais le pirate Ebenezer (Robert Douglas), qui navigue dans les mêmes eaux, est bien décidé lui aussi à s'emparer des pierres précieuses. Par ailleurs, le Krakatoa s'apprête à entrer en éruption…

Toutes voiles sur Java est un film d'aventures maritimes de 1953 qui possède quelques points communs avec Le réveil de la sorcière de Edward Ludwig. En effet, les deux films sont produits par la même compagnie, Republic Pictures et ils sont tirés l'un comme l'autre d'un roman de Garland Roark. Enfin, John Wayne devait incarner le capitaine Boll mais c'est finalement à Fred MacMurray que le rôle a été attribué.

Toutes voiles sur Java n'a pas la grandeur tragique du chef-d'oeuvre de Edward Ludwig mais n'en demeure pas moins un film d'aventures extrêmement plaisant, mené tambour battant et réalisé de façon carrée par l'artisan Joseph Kane.

Toutes voiles sur Java se pare même d'une certaine poésie, en premier lieu grâce à ses couleurs irréelles. L'ensemble a été tourné en trucolor, ce procédé photographique connu des cinéphiles pour avoir été employé dans le légendaire Johnny Guitare de Nicholas Ray. Les effets spéciaux des frères Lydecker dégagent eux aussi une indéniable poésie. A défaut d'être réalistes, les diverses maquettes utilisées durant le film sont d'une grande beauté. En dépit d'un tournage intégralement effectué en studio, les couleurs et les truquages parviennent à nous transporter dans un autre univers, un univers parfaitement "exotique".

Alors certes les péripéties sont celles que nous attendons dans un film d'aventures maritimes: mutinerie, attaque de pirates, tempête violente, trahisons diverses, chasse au trésor… Mais on peut aussi voir dans Toutes voiles sur Java une résurrection du serial des années 30 et 40 grâce à des éléments bien connus: humour, aventures, rebondissements, exotisme et histoire d'amour. Certes l'ensemble paraîtra kitsch à de nombreux spectateurs. Certes, les tenants du politiquement correct s'offusqueront de l'image de la femme et surtout des Asiatiques, tous joués par des Occidentaux, donnée ici.

Toutes voiles sur Java reste toutefois un film d'aventures à la fois poétique et efficace. On peut donc remercier Paramount channel de l'avoir exhumé.