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Épopée monumentale et un peu enquiquinante


De Impétueux, le 5 février 2013 à 18:28
Note du film : 4/6

Il y a eu, en France, aux lendemains de la Libération, une querelle fort intéressante sur la notion d'engagement, en Littérature. D'un côté (pour être sommaire), Sartre et ses thuriféraires ; de l'autre les Hussards (c'est-à-dire Antoine Blondin, Roger Nimier, Michel Déon, etc.). Pour le premier, l'Art devait être au service dune Cause (avec un C majuscule) ; pour les autres, l’œuvre d'art n'est absolument pas soumise aux principes qui régissent la morale ou la vie sociale.

Cela étant, et même si je partage naturellement votre avis, Arca, j'ai une certaine tendresse goguenarde pour le film de propagande, qu'il soit naïf acte de foi, comme bon nombre de films gauchistes des années qui ont suivi 68, ou travail plein de roublardise. Le talent d'Eisenstein ne disparaît pas plus avec Potemkine que celui de Renoir avec La vie est à nous.

Mais naturellement l'essentiel pour le spectateur est de garder la distance.


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De Arca1943, le 5 février 2013 à 16:11

« C'est souvent le sort des films qui se mettent au service d'une cause, si dévoyée qu'elle est et si talentueux qu'ils sont et qui ne peuvent que pâtir ensuite de la désaffection et du désaveu qui la frappent. »

J'ose espérer pour ma part qu'il n'y a nul besoin d'attendre qu'une cause ou une autre soit frappée de désaveu pour dénoncer vivement la mise au service d'une cause du récit, ou la mise en coupe réglée des histoires que les hommes se racontent (H. Arendt) par des objectifs idéologiques ou obéissant au programme d'un parti politique (mise en service ou mise en coupe qui n'est pas inexorable même dans le cas du marxisme, comme plusieurs exemples italiens en attestent (*).

Ce qu'il faut ajouter ici, c'est que les événements historiques présentés dans Potemkin sont complètement falsifiés et contrefaits pour les besoins de la cause en question : ce n'est pas du tout ainsi que les choses se sont passé lors de ce soulèvement. (Je crois me rappeler au moins une source a ce sujet, Martin Malia, Comprendre la révolution russe.) C'est d'ailleurs une des ressemblances de mentalité entre cinéma américain et soviétique: «Si la réalité est moins belle (ou différente de ?) la légende, choisis la légende», prônait John Ford. C'est ce qu'Eisenstein a fait ici, semble-t-il.

(*) Exemple étonnant, Elio Petri, qui lui n'était pas seulement de gauche mais d'extrême-gauche, à l'époque de son film La Classe ouvrière va au paradis : «Mon but est de semer non des certitudes mais le doute.» Ce qui fut fait !


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