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Violence, bière et sexe


De Steve Mcqueen, le 23 juillet 2014 à 05:19
Note du film : 6/6

Le chef d'oeuvre absolu sur la contamination de la violence sur un individu "sain".

Dustin Hoffman retourne contre ses agresseurs une violence froide, raisonnée, pensée comme comme un théorème mathématique, face à l'agressivité atavique d'individus frustres et incultes. Le spectateur est renvoyé à sa propre fascination de la violence et à la jouissance morbide qu'elle génère. Le crescendo final est parmi ce que j'ai pu voir de plus intense sur un écran, par la grâce de la mise en scène époustouflante de Sam Peckinpah, notamment l'usage du montage alterné qu'il érige au rang d'oeuvre d'art.

Dès le début, sous des apparences idylliques, le cancer de la violence rôde sous les images, sournois, insidieux…ses métastases se répandent dans le crâne du spectateur bien après la fin de la projection.

Tous les personnages sont ambigus, complexes, difficiles à cerner. La scène du viol est l'acmé d'un film dérangeant, dur, désagréable même. Peckinpah place le spectateur dans une situation inconfortable: " Qu'aurais-je fait à la place de Dustin Hoffman ?" est la question lancinante qui mine de l'intérieur celui qu voit le film. C'est également une radiographie du couple, de ses doutes et de ses errements.

Sous la brutalité atavique, l'enfer du couple.


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De Impétueux, le 8 mars 2013 à 15:46
Note du film : 5/6

Je ne suis pas un profond connaisseur de l’œuvre remarquable de Sam Peckinpah et je craindrais d'enfoncer des portes ouvertes en essayant d'y déceler des thèmes porteurs, mais je suis sûr qu'on ne me chipotera pas si je le qualifie de cinéaste de l'ambiguïté.

À la fin de tous ses films, et en tout cas de ceux que j'ai vus, demeure toujours une interrogation sur la nature profonde des protagonistes (on ne va tout de même pas parler de héros en évoquant La horde sauvage, Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia ou Croix de fer), avec qui on n'est pas forcément, ou forcément pas, en empathie mais par qui on est fasciné. Puis cette ambiguïté s'installe insidieusement en nous pour nous interroger sur notre propre rapport à la violence, à la sauvagerie, et plus simplement à la mort. Et ce qu'on imagine pouvoir découvrir en soi, jusqu'à la volupté inquiétante de la férocité.

Ça ne marche évidemment jamais mieux que lorsque quelqu'un, animé des plus nobles idéaux de sagesse, de calme, de maîtrise de soi, de respect des autres se trouve confronté à la banalité de la brutalité ordinaire. Souvenons-nous, évidemment, de Délivrance : les niaises espérances en la bonté de l'Homme (et de la Nature, avec un N majuscule) s'écroulent devant la réalité vécue.

Dans une région perdue du monde civilisé (je sais ! ça confine à l'oxymore), la Cornouailles anglaise, piton perdu à l'extrême-occident de l'Europe, dotée de températures douces et de pluies continues (260 jours par an, selon Wikipédia !), les autochtones vivent un peu rudement et pratiquent de longues stations au pub, y ingurgitant pintes de bière et flasques de whisky. Si toutes les distractions sont de la même farine que les tours de prestidigitation et les vocalises minimales de la fête patronale où vont se dénouer les multiples tensions accumulées depuis le début des Chiens de paille, on conçoit que l'ennui, qui se partage, avec la douleur, la vie de l'homme, selon notre vieil ami Schopenhauer, fournisse son contingent de brutes alcooliques, de mâles frustrés, de débiles violeurs et de gamines nymphomanes.

Il est vrai que s'il n'y avait que ça, une communauté soudée par une forme d'avilissement, le film de Peckinpah ne serait pas d'une extrême originalité ; ce qui l'est davantage, c'est qu'ainsi que le notent les contributeurs distingués dont les pertinentes analyses s'étagent ci-dessus, le couple Sumner (Dustin Hoffman et Susan George) vit une relation immature et qu'Amy est loin d'être innocente de ce qui va lui arriver.

Diable ! j'écris cela en pleine Journée de la femme ; si les Chiennes – de garde, cette fois – lisent ça, mon compte est potentiellement aussi bon que celui des assiégeants de la ferme des jeunes époux) : je serai abattu comme un chien (tout court).


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