Mais il faut bien que je dise aussi que la volonté homosexuelle de sortir des ghettos et de s'affirmer comme une force, une puissance, un lobby m'ennuie tout autant. J'ai souvent écrit ici et là que le prétendu droit à la différence, beuglé beuglé à cor et à cris me paraît devoir être plutôt remplacé par le droit à l'indifférence, formule intelligente de plusieurs personnalités gay. Chacun vit sa vie – chose qui n'est pas si facile que ça – et sa sexualité – ça n'est pas beaucoup plus simple – comme il peut, dans un chemin qui n'est pas tracé d'avance. En tout cas c'est ce que disent des tas de gens.
Harvey Milk n'est pas du tout un type antipathique : plutôt joyeux, convivial, bon vivant, capable d'entraîner autour de lui des dévouements qu'il sait parfaitement diriger. Il a de l'étoffe, du poids, de l'allure. Comme tout le monde il est malheureux lorsque la ferveur amoureuse éprouvée avec Scott Smith (James Franco) se heurte à la fiévreuse activité militante qui ne lui laisse aucun instant libre. Et, quelques années plus tard, il souffrira la même angoisse avec son nouvel amant Jack Lira (Diego Luna). La vie n'est pas tranquille. Dans tout combat, il y a une sorte de phénomène militant qui agrège des individus qui sans lui n'auraient absolument aucune raison de se rassembler ; dans la même veine homosexuelle, j'ai songé à l'intéressant 120 battements par minute de Robin Campillo : comment vivre sans les actions communes, ferventes, agressives, déterminées qui opposent son propre Camp – forcément celui du Bien – à celui des autres – qui est celui des Affreux – et qu'on déteste à la hauteur de soi, qu'on valorise ?Film compliqué, assurément, légèrement ennuyeux, incertain, content de lui-même. Très politiquement correct, finalement.
Mais ce film n'est guère passionnant, et ne tient pas les promesses de la première demi-heure. Les violons omni-présents, tout l'attirail habituel du cinéma hollywoodien utilisé pour créer des émotions, une intrigue convenue, des personnages trop typés… On peut bailler, malheureusement, avec ces campagnes électorales interminables. Ce film m'a rappelé Un homme d'exception par son côté exagéré. Contrairement à PMJarriq, il me semble que le personnage le plus intéressant du film est le maire, George Moscone, assez nuancé dans ses actions et points de vue, et qui détient probablement les clés de la vérité. On aurait aimé en savoir beaucoup plus à son sujet.
Une semi-réussite, simplement, de mon point de vue.
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