Le premier sentiment qu'on peut ressentir en voyant Milk, c'est qu'il aurait pu être signé par Oliver Stone,
au temps béni où il ne piétinait pas dans des films tiédasses ou ambigus. Car malgré l'incroyable consensus de louanges critiques ayant accueilli le film, le traitement de Van Sant,
manque de lyrisme, de culot, de folie, et se contente de narrer de façon scolaire et laborieuse, le parcours de ce politicien gay, qui marqua son époque avant d'être assassiné. Le film doit beaucoup à Sean Penn,
méconnaissable, jusque dans ses maniérismes et sa voix, mais qui n'arrive pas tout à fait à disparaître derrière son personnage. Autour de lui, le casting manque de substance, hormis Brolin
excellent, dans le rôle le plus intéressant du film. Le parcours de ce comédien a pris une vitesse de croisière assez stupéfiante, depuis deux ans.
Milk a des qualités évidentes, mais ressemble à un téléfilm, et comme cela arrive parfois dans ce genre de "biopic", les extraits d'actualité d'époque sont presque plus captivants que les séquences normales. Le personnage d'Anita Bryant, réminiscent des heures les plus noires de l'Amérique, mériterait d'ailleurs un film à elle toute seule.
Mais ce film n'est guère passionnant, et ne tient pas les promesses de la première demi-heure. Les violons omni-présents, tout l'attirail habituel du cinéma hollywoodien utilisé pour créer des émotions, une intrigue convenue, des personnages trop typés… On peut bailler, malheureusement, avec ces campagnes électorales interminables. Ce film m'a rappelé Un homme d'exception par son côté exagéré. Contrairement à PMJarriq, il me semble que le personnage le plus intéressant du film est le maire, George Moscone, assez nuancé dans ses actions et points de vue, et qui détient probablement les clés de la vérité. On aurait aimé en savoir beaucoup plus à son sujet.
Une semi-réussite, simplement, de mon point de vue.
Mais il faut bien que je dise aussi que la volonté homosexuelle de sortir des ghettos et de s'affirmer comme une force, une puissance, un lobby m'ennuie tout autant. J'ai souvent écrit ici et là que le prétendu droit à la différence, beuglé beuglé à cor et à cris me paraît devoir être plutôt remplacé par le droit à l'indifférence, formule intelligente de plusieurs personnalités gay. Chacun vit sa vie – chose qui n'est pas si facile que ça – et sa sexualité – ça n'est pas beaucoup plus simple – comme il peut, dans un chemin qui n'est pas tracé d'avance. En tout cas c'est ce que disent des tas de gens.
Harvey Milk n'est pas du tout un type antipathique : plutôt joyeux, convivial, bon vivant, capable d'entraîner autour de lui des dévouements qu'il sait parfaitement diriger. Il a de l'étoffe, du poids, de l'allure. Comme tout le monde il est malheureux lorsque la ferveur amoureuse éprouvée avec Scott Smith (James Franco)Film compliqué, assurément, légèrement ennuyeux, incertain, content de lui-même. Très politiquement correct, finalement.
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