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Sorti du néant


De verdun, le 17 juin 2024 à 15:37
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Vincentp a raison. La victime désignée est un chef-d'oeuvre méconnu qu'il convient de réhabiliter.

La victime désignée a d'abord été victime d'une sortie parisienne aussi discrète que tardive puisqu'il a fallu attendre août 1974 pour le découvrir sur une poignée d'écrans. Résultat des courses: 15000 spectateurs seulement. De plus, comme dans le cas d'autres oeuvres majeures du cinéma italien de genre telles que Le dernier face-à-face, les distributeurs français de l'époque ont procédé à des coupes afin que la durée ne dépasse pas les quatre-vingt-dix minutes réglementaires. Charcuter ainsi les "produits" permettait aux exploitants de dégager plus de temps pour proposer davantage de séances.

L'œuvre a sans doute payé également son caractère inclassable: s'agit-il de giallo ou de cinéma d'auteur ?

Il convient enfin de souligner que La victime désignée constitue une variation sur le point de départ de L'inconnu du Nord-Express. En escapade à Venise, Stefano Augenti (Tomas Milian) rencontre un étrange dandy, le comte Matteo Tiepolo (Pierre Clémenti) . Un jour, Matteo propose à Stefano un étrange marché: Mattéo tuerait Luisa, l’épouse de Stefano qui refuse de divorcer, tandis que Stefano tuerait le frère de Mattéo, qui brutalise ce dernier. Comme ni l’un ni l’autre n’aurait de mobiles, il serait impossible de les découvrir.

Certains critiques ont pu crier au sacrilège. Comment peut-on oser faire un remake de l'un des opus majeurs de Saint-Hitchcock? Pourtant, loin de plagier purement et simplement l'original, La victime désignée traite la même histoire de façon très personnelle, sur un mode bien plus mélancolique et funèbre. Il s'agit du récit de la descente aux enfers d'un individu qui ne cesse de faire les mauvais choix, magnifiquement servi par le jeu de deux des plus grands acteurs de l'époque. Le manipulé Tomas Milian étonne par son inhabituelle sobriété tandis que Pierre Clémenti campe avec conviction une figure démoniaque aussi décadente que flamboyante.

La victime désignée s'impose par son élégance visuelle tant la beauté de la photo d'Aldo Tonti, des costumes et des décors frappe l'oeil. La mise en scène, oeuvre du modeste Maurizio Lucidi, surprend par sa sophistication. La musique de Luis Bacalov accommpagne idéalement les images. Enfin, le choix de situer de nombreux moments décisifs à Venise donne un cachet "viscontien" à l'ensemble du métrage.

La victime désignée fascine par son caractère mystérieux. Même la lenteur du récit ne gâche pas le trouble ressenti par le spectateur. Certains aspects du film de Lucidi me semblent même plus intéressants que dans L'inconnu du Nord-Express, ainsi l'interprétation de Tomas Milian et la tonalité triste et quasi-morbide de l'ensemble.

Le film avait pu être redécouvert en 2006 grâce à la regrettée émission de Canal Plus, Cinéma de quartier. Saluons la récente édition en DVD et Blu-ray proposée par l'éditeur FRENEZY, qui permet de redécouvrir ce joyau dans des conditions idéales.


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De vincentp, le 13 avril 2024 à 23:16
Note du film : Chef-d'Oeuvre


La Vittima designata (1971) a été restauré par la Cinémathèque de Bologne en haute définition. Voilà un chef d'oeuvre de genre, complètement méconnu, à reconsidérer et à (re)découvrir. Ce long-métrage est victime du phénomène bien connu de l'embouteillage qui se produit autour du cinéma italien du début des années 1970 : profusion de films d'auteurs et de genre, occultant certains titres. La Vittima designata : photographie de référence de Aldo Tonti, musique de Luis Bacalov (une de ses meilleures assurément), interprétation grandiose de Tomas Milian. Milian ne paie de mine au premier abord, mais joue juste et donne les nuances adéquates à son personnage, façon La longue nuit de l'exorcisme. Quatre scénaristes pour une histoire très travaillée, avec un arrière-plan social autour d'une machination criminelle bien huilée. Au niveau de la mise en scène, Maurizio Lucidi fait preuve d'une efficacité redoutable, avec des plans portant un sujet angoissant et énigmatique. Le reste de sa filmographie est sans doute plus mineur. La Vittima designata est une brillante réussite que l'on peut se procurer via le travail excellent de Frenezy Éditions (le dvd contient de nombreux bonus).


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