Je ne suis pas resté baba devant la limpidité de la démonstration, sachant bien que lui manquait un paramètre essentiel : la médiocrité de la nature humaine, de l'individu lorsqu'il n'est pas corseté par la société, c'est-à-dire par la civilisation.
J'ai rarement vu un film aussi puant de haine que ce Condé, aussi obsessionnel dans sa haine. Il est vrai que Boisset s'inscrivait dans le courant d'une contre-culture radicalement opposée à l'invraisemblable prospérité des années Pompidou.Dans Un condé, le seul sujet, maquillé en film d'action, c'est finalement le caractère irréconciliable de deux mondes : celui des braves gens et celui des honnêtes gens. Les honnêtes gens sont guindés, sourcilleux, enquiquinants, rigoureux et rigoristes. Les braves gens sont hédonistes, accueillants, bienveillants, rieurs, libertaires, ouverts à tous les goûts et à toutes les expériences.
Naturellement, comme il s'agit – nécessités financières de la production oblige – de réaliser un film où se heurteront malfrats et policiers, Boisset introduit une intrigue et fait mine d'expliquer la violence malsaine de l'Inspecteur Favenin (Michel Bouquet, réellement prodigieux) par le meurtre de son ami l'Inspecteur Barnero (Bernard Fresson). La haine de Favenin pour les assassins le conduit à se débarrasser de toutes les limites et de pratiquer, avec un sadisme de mauvais aloi, le chantage, la violence, la torture, même. Le film met donc sur le même plan les crapules et les éboueurs de la société, ce qui me semble plutôt hasardeux ; autre aphorisme, celui de l'anarchiste Raymond Aulnay (Rufus) à son fils après qu'il a été tolchoqué : Regarde bien et n'oublie jamais : c'est ça un flic. On doit ajouter que Un condé est extrêmement mal filmé, que les dialogues sont guindés, ampoulés, souvent infantiles et que, Michel Bouquet mis à part, les autres interprètes, pourtant souvent excellents acteurs, jouent comme des cochons (Michel Constantin, Henri Garcin et – ô tristesse ! – Françoise Fabian).L'honnête succès public du film n'a sans doute été dû qu'à ses démêlés avec la censure. Mais le jour où le Pouvoir, quel qu'il soit, comprendra que persécuter un film, c'est favoriser sa propagation n'est pas encore arrivé.
Revu hier sur Arte… Malgré une quantité de défauts bien ciblés par PmJarrig le film est troublant.
Si l'on accuse souvent Boisset de faire des films partis pris : bien évidemment il ne peut s'empêcher d'égratigner les hauts fonctionnaires de la police… Ou semble-t-il (le SAC). Mais n'en ait--il pas de même dans de nombreux films aujourd'hui… Le film n'est pas exactement un pamphlet anti flics…
Cependant on s'interroge sur la psychologie et le caractère profond du personnage de Bouquet qui d'une part veut venger son ami et d'une autre truque le jeu en s'en prenant à plus pourri que lui, des deux côtés. Mais de quelle façon. Ses intentions ne sont-elles finalement pas louable ?
La dernière minute lorsqu'il apparaît seul dans sa grande propriété le visage fixe dans la nuit, ne peut-on pas s'inquiéter d'une forme de psychotisme de psychopatie latente ?
J'ai l'impression que le film laisse libre arbitre au spectateur d'aimer ou de ne pas aimer Favenin.
Je laisse aux contributeurs la possibilité d'apporter leurs avis sur cet élément fondamental qui à mon avis structure tout le film.
Qui est vraiment Favenin ?
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