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Le meilleur film de Francis Girod ?


De Impétueux, le 8 avril 2014 à 17:00
Note du film : 5/6

Peut-être est-ce la proximité de la campagne électorale municipale et les remugles que j'ai pu y déceler qui m'ont incité à regarder une nouvelle fois La banquière. (Non, là, je dis des bêtises ! Juré, craché, la tête sur le billot je ne vois pas le moindre rapport entre l'époque actuelle et la course à l'abîme de notre pays dans les années Trente, entre naïfs gogos et subtils prévaricateurs, rastaquouères douteux et jeunes gens ambitieux).

Le film serait excellent s'il s'était résolu à conter l'histoire de cette crapule grassouillette de Marthe Hanau, fût-elle travestie et enjolivée en celle d'Emma Ekhert, incarnée par la radieuse beauté de Romy Schneider. Francis Girod et Georges Conchon, son scénariste, n'ont pas mégoté sur les analogies d'identité et sur l'évidence du modèle. Comme Emma Eckhert, Marthe Hanau était une juive alsacienne, mariée puis divorcée (Lazare Bloch devenant, dans le film, Moïse Nathanson – Jacques Fabbri) mais ayant conservé avec son ex-époux des relations d'affaires. La gazette du franc devient, chez Girod, La défense du franc et le journal est mêmement soutenu par la gauche radicale. La société de banque propose, dans l'une et l’autre histoire, des intérêts à 8%, ce qui indigne la finance traditionnelle, Horace Finaly, patron de la Banque de Paris et des Pays-Bas dans la réalité, Horace Vannister (Jean-Louis Trintignant) dans la fiction.

Mais on regrette que le film prenne une trajectoire différente de celle de l'histoire quand il présente Emma Eckhert comme une sorte de sainte femme uniquement attachée à la préservation de l'épargne populaire et à la lutte contre la Haute banque. Le réalisateur biaise alors singulièrement les ressemblances entre son héroïne et Marthe Hanau dont le système s'assimilait à la fameuse pyramide de Ponzi, escroquerie qui consiste à payer les mirifiques intérêts qu'on sert aux premiers souscripteurs avec l'argent qu'on emprunte à de nouveaux entrants, alors parfaitement dupés.

En présentant Emma Eckhert comme une adolescente malheureuse et brimée en raison de son homosexualité, Francis Girod pose les prémisses du comportement de la femme révoltée, de la justicière de la finance, du Robin des bois du palais Brongniart (je note par ailleurs le propos du père d'Emma à sa fille, poissée une nouvelle fois après qu'elle a été surprise avec une femme : Tu es la meilleure. Écrase-les ! ; c'est de ce genre d'encouragement idiot que s'est nourrie pendant des siècles la propagande antisémite). Ceci est le prégénérique.

Presque toute la première partie est brillante, réussie, virevoltante, narquoise ; Emma réalise une ascension fulgurante, régnant sur un petit monde d'affairistes, de demi-sels, d'hommes de main, d'entremetteurs louches, d'avocats véreux (superbe composition de Jean-Claude Brialy), d'hommes de paille (Claude Darget), de politiciens vicelards, ou corrompus ou presque gaga (Guillaume Hanoteau, François-Régis Bastide). Elle séduit autant les hommes que les femmes, a soutiré des millions à son amie de cœur, Camille Sowcroft (Noëlle Châtelet, qui est, dans la vraie vie, la sœur de Lionel Jospin, et qui lui ressemble assez, en nettement plus sexy). Elle s'amourache, toutefois de Rémy Lecoudray (Daniel Mesguich), jeune idéaliste, qui a fait une guerre héroïque, qui lui est caution morale, avec qui elle rompra, se rabibochera et finira par corrompre, comme tous les autres.

Jusque là, le film est parfaitement réussi ; mais quand il se tourne vers le moralisme manichéen, il change complètement d'allure et de tonalité ; en présentant Emma Eckhert non plus comme une friponne joyeuse et libertine, on demeure dans le charme ; en la tirant vers la pathétique image de la malheureuse victime des forces du Mal (incarnées par l'establishment – Trintignant – et son esclave, la Justice – Claude Brasseur), Girod abime un peu son film, jusqu'à une fin qui est un des sommets du grotesque.

C'est bien dommage, tant il y a eu auparavant de scènes brillantes et subtilement empreintes de l'immoralisme des années folles, comme la scène du train de plaisir, ou celle du bal de Monte Carlo ; et aussi les interventions récurrentes et parfaites du maître-chanteur Duvernet, patron de la feuille à scandales La rumeur, formidablement interprété par Jean Carmet, magnifique de veulerie…


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De Arca1943, le 24 juin 2008 à 23:55
Note du film : 3/6

Bien entendu, tous les goûts sont dans la nature et rien ne dit que vous ne serez pas déçu, mais j'ai envie de vous dire : vous ne le regretterez pas ! C'est un sacré film.


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