Emma Eckhert n'est pas Marthe Hanau, vraie figure des scandales financiers des années 30, dont le scénario s'est inspiré : elle est beaucoup plus honnête et beaucoup plus jolie (puisque c'est Romy Schneider) ; mais le film qui tourne autour des figures louches de l'Entre-deux-guerres est davantage que plaisant : intéressant, bien écrit, bien joué.
Romy, mais aussi Claude Brasseur, Daniel Mesguich,
Marie-France Pisier,
Jean-Louis Trintignant
… et Noëlle Chatelet
(la soeur de Lionel Jospin, en femme du monde lesbienne amoureuse de Romy…)
Sublime musique d'Ennio Morricone, très différente de ses habituels travaux…
Il est certain, comme il est dit justement plus haut, que pour la réalité historique, il faudra plutôt lire un bon bouquin sur le sujet, et que le personnage d'Emma est attachant, uniquement parce qu'il est interprété par Romy Schneider qui peut s'y épanouir en tout narcissisme.
La banquière, c'est un peu le monde de la finance vu par Walt Disney,
avec ses héroïnes aux moeurs certes gentiment dissolues, mais au coeur pur, et ses infâmes rapaces corrompus oeuvrant à leur perte. On comprend vite que tout ça n'est que prétexte à jolis décors rétro, à numéros d'acteurs bien rodés (un peu usés même, en ce qui concerne Carmet,
Trintignant
ou Brasseur
qu'on a déjà vu bien souvent s'amuser ainsi à jouer les abjects de service), et surtout, à la mise en valeur de sa star. Le personnage est trop beau pour être vrai, et l'écriture plutôt acérée quand il s'agit des seconds rôles, se fait naïve et complaisante dans le portrait d'Emma Eckert. De fait, le film perd rapidement de son intérêt, et se suit tranquillement, dans le chemin de croix de son improbable héroïne, jusqu'à l'apothéose finale, à la limite du ridicule.
Malgré tout, La banquière est typique d'un bon cinéma français commercial des années 80, on peut se réjouir de quelques face à faces entre Auteuil
et Trintignant,
délectables de veulerie, mais trop c'est trop, et on préfèrera se souvenir de l'actrice dans des rôles un peu moins "sur mesure", et plus émouvants comme Une histoire simple,
ou L'important c'est d'aimer.
Le meilleur Girod ? Je pencherais plutôt pour Le Trio infernal.
Je conserve un excellent souvenir de ce film vitriolique – au propre comme au figuré – qui brossait un tableau de l'Entre-deux-guerres à faire dresser les cheveux sur la tête. Et Romy Schneider
y trouvait un rôle certes pas tout à fait dans le droit fil de Sissi…
Vous avez raison, Arca ! J'avais inauguré ce fil de La banquière encore tout ravi par la magnifique musique d'Ennio Morricone
et en n'ayant gardé qu'un souvenir fort vague du Trio infernal
; mais ce dernier film, revu l'an dernier, est beaucoup plus fort, d'une parfaite et délicieuse noirceur et j'en ai dit, d'ailleurs, tout le bien que j'en pensais !
Cela dit, je maintiens ma note de 4 à La banquière parce que Romy Schneider,
Marie-France Pisier
et Daniel Mesguich
y sont fort beaux, et que Jean-Louis Trintignant,
Jean Carmet,
Jean-Claude Brialy,
Daniel Auteuil,
Claude Brasseur,
Jacques Fabbri
tous réunis, ça jette un max !
Mon souvenir de La Banquière n'est pas de première fraîcheur, c'est sûr. Mais ce que je m'en rappelle recoupe ce qu'en dit Jarriq : à savoir que le personnage de Romy Schneider
était trop beau pour être vrai. J'attends de le revoir, quand il sortira… En revanche Le Trio infernal
est sorti sur DVD l'an dernier au Québec (dans une solide fournée de films qui comportait aussi, soit dit en passant, L'Homme à l'imperméable).
Je me rappelle aussi un film de Francis Girod que j'avais trouvé très mauvais : Le Grand frère,
avec Depardieu.
De la carrière ennuyeuse de Francis Girod je ne garderais que comme seul film ou l'on ne s'endors pas Sept morts sur ordonnance.
Seulement voilà, l'excellent Sept morts sur ordonnance est un film de Jacques Rouffio.
Pour s'endormir devant Le Trio infernal,
il faut vraiment avoir des nerfs d'acier. Bravo, Frétyl.
Mince, je me suis trompé, en vérifiant la fiche du film je constate que Girod a produit le film, je croyais qu'il en était réalisateur et Rouffio
scénariste.
Pour Le trio infernal
je ne l'ai pas vu, alors je laisse à Girod
une dernière chance.
Bien entendu, tous les goûts sont dans la nature et rien ne dit que vous ne serez pas déçu, mais j'ai envie de vous dire : vous ne le regretterez pas ! C'est un sacré film.
Le film serait excellent s'il s'était résolu à conter l'histoire de cette crapule grassouillette de Marthe Hanau, fût-elle travestie et enjolivée en celle d'Emma Ekhert, incarnée par la radieuse beauté de
Romy Schneider. Francis Girod
et Georges Conchon, son scénariste, n'ont pas mégoté sur les analogies d'identité et sur l'évidence du modèle. Comme Emma Eckhert, Marthe Hanau était une juive alsacienne, mariée puis divorcée (Lazare Bloch devenant, dans le film, Moïse Nathanson – Jacques Fabbri)
mais ayant conservé avec son ex-époux des relations d'affaires. La gazette du franc devient, chez Girod,
La défense du franc et le journal est mêmement soutenu par la gauche radicale. La société de banque propose, dans l'une et l’autre histoire, des intérêts à 8%, ce qui indigne la finance traditionnelle, Horace Finaly, patron de la Banque de Paris et des Pays-Bas dans la réalité, Horace Vannister (Jean-Louis Trintignant)
dans la fiction.
En présentant Emma Eckhert comme une adolescente malheureuse et brimée en raison de son homosexualité, Francis Girod pose les prémisses du comportement de la femme révoltée, de la justicière de la finance, du Robin des bois du palais Brongniart (je note par ailleurs le propos du père d'Emma à sa fille, poissée une nouvelle fois après qu'elle a été surprise avec une femme : Tu es la meilleure. Écrase-les ! ; c'est de ce genre d'encouragement idiot que s'est nourrie pendant des siècles la propagande antisémite). Ceci est le prégénérique.
C'est bien dommage, tant il y a eu auparavant de scènes brillantes et subtilement empreintes de l'immoralisme des années folles, comme la scène du train de plaisir, ou celle du bal de Monte Carlo ; et aussi les interventions récurrentes et parfaites du maître-chanteur Duvernet, patron de la feuille à scandales La rumeur, formidablement interprété par Jean Carmet, magnifique de veulerie…
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