Mais pour le reste, le trafic international d'êtres humains, comme on l'appelle, est une des plus lucratives ressources des mafias diverses et bénéficie, lui aussi, des progrès de la Sainte Mondialisation.
Il y en a pour tous les goûts : Albanaises, Tchétchènes, Nigérianes, qui se répartissent sur les boulevards extérieurs de Paris, chacune ayant des territoires ; il y a la petite industrie familiale (si je puis dire) des autochtones qui font ça en camionnettes dans le bois de Vincennes ; il y a les travelos brésiliens du bois de Boulogne ; il y a les escort girls et toutes les putes de luxe qui hantent (!) les palaces et naturellement les services vendus sur Internet.Et cette multiplication de la ressource n'a pas fait diminuer le nombre des clients, ce qui n'a rien d'anormal, puisqu'il y aura toujours les timides, les moches, les infirmes, les mecs qui n'aiment pas faire des phrases, et ceux qui veulent un coup rapide et sans problème avec une fille canon (Robert De Niro il y a quelques années au Bristol, ou non canon Dominique Strauss-Kahn vers huit heures et demie au Sofitel de New-York en mai 2011) qui fourniront la clientèle.
Voir sur ça, une fois de plus, et comme toujours, Michel Houellebecq dans ‘’Extension du domaine de la lutte’’, un de ses plus grands livres : le libéralisme économique, les disparités invraisemblables qu'il créé comporte son pendant sexuel : mêmes orientations et mêmes conséquences.
Dans La Dérobade il y a des scènes-choc d'une grande violence, d'une vraie violence, qui n'est pas la violence des étripailles des films gore ou des bastons blockbustés, mais la violence mauvaise des situations tragiques et de la misère humaine. Et des pauvres gars tristes qui viennent s'épancher auprès d'une fille à peau douce et tarifée, et puis tirent furtivement leur coup parce qu'il faut bien en finir (‘’Après…ma foi on conclut parce qu'on ne trouve pas toujours de porte de sortie’’ ; Louis Aragon dans ‘’Les voyageurs de l'impériale’’). Le drame, c’est qu’on se demande ce qu’on peut y faire : pénaliser les clients ? Le moralisme d'aujourd'hui – c'est-à-dire la dictature du Bien imposée à la société – est un des plus pesants et gluants marécages dont nous souffrons. La société n'a pas à être morale… Miou-Miou n'a évidemment pas fait une carrière exemplaire ; mais elle avait de la qualité, du piquant, de l'émotion. Elle est là, en incarnant Marie, pauvre fille résignée puis révoltée, d’une justesse d’expression extraordinaire. Daniel Duval, trop beau ténébreux pour qu'on ne le confine pas dans un type de rôles, montrait là qu'il pouvait aussi frapper fort et juste… Et le reste de la distribution est d’un très beau niveau, notamment Niels Arestrup, voyou calme et sanguinaire, Guy Kerner, client sadique qui déchire Marie et Madame Pédro Martine Ferrière sévère tenancière de bordel bien tenu.Un défaut : la musique de Vladimir Cosma, que j’ai trouvée niaise et datée.
Je dirais simplement que la réponse à la criminalité repose sur la bonne santé des institutions démocratiques, et des principes qu'elles défendent. Voilà une belle preuve de confiance dans le système, qui court dans les milieux protégés, et ce, depuis la nuit des temps.
Seulement voilà : Le sont-elles encore, en bonne santé, les institutions démocratiques ? N'auraient-elles pas besoin d'un revu et corrigé en bonne et due forme ? Mais nous nous égawons, et nous allons nous faiwe gwonder, là dis donc…
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