Presque chacune des séquences de ce foisonnement extravagant est tendre ou belle ou émouvante ; l'ennui c'est qu'un peu comme dans un rêve qui serait relaté, même par un conteur habile, on sent qu'on ne peut pas complétement se donner, que le fil conducteur est trop ténu. C'est d'ailleurs bien souvent le cas avec Fellini.
Blow-up, Identification d'une femme, L'affaire Mattéi, Le christ s'est arrêté à Eboli, La nuit : autant de films qui figurent dans ma liste de films préférés. J'ajouterais Nostalghia parmi ses grandes réussites. Voilà typiquement un collaborateur de l'ombre sur lequel des réalisateurs peuvent s'appuyer. Ce que je retiendrais de Guerra (je reste modeste à ce sujet, ne le connaissant que très peu) : une capacité à bâtir des scénarios à la fois ambitieux et accessibles, une capacité à s'adapter aux caractéristiques des univers des metteurs en scène avec qui il aura collaboré. Quelle carrière sur près de quarante ans !
Un film bourré d'humour, bien que l'ombre du fascisme y soit présente??? M'enfin, comment critiquer le fascisme dans un film sans qu'il y soit présent. Le film n'est pas du tout nostalgique comme on l'entend dire parfois. En fait, Fellini-Roma et Amarcord sont tous les deux des films très critiques sur le fascisme et l'impossibilité des gens à l'observer avec l'introspection lucide nécessaire, et la difficulté à s'observer avec son bagage historique compliqué aux zones d'ombre (le passé des italiens nés en 1920 en l'occurrence).
Dans Fellini-Roma, il faut voir les contrepoints d'un présent du film, le début des 70's, avec les années trente ou même la Rome impériale évoquée solennellement par les profs, pontes, politiciens, etc.
Certes, on a une certaine sympathie inévitable pour les personnages d'Amarcord, mais les saynètes sont en tous les cas décapantes. Quand les gens vont voir le Rex dit la plus belle construction du régime et où on parle de "podesta" ou je ne sais plus exactement, on a une mise en abîme de leur aliénation dans un sac poubelle, ce que signifie des vagues de sacs poubelles justement, procédé que reprendra Fellini par la suite (son Casanova, etc.).
En fait, la satire prend un ton d'autoédérision car il s'agit de faire admettre aux gens ce qu'ils sont, ils doivent accepter le bagage de leur passé en tous les cas. Mais ceci n'empêche pas la ressaisie lucide. le film finit sur un terrain vague de tous les échecs où la Gradisca (servez-vous) se marie à un carabinieri Cary Grant qui est image du régime pervers qui se perdra dans la tourmente de 40-45.
Dans Fellini-Roma, une certaine critique du passé fasciste et des mauvaises glorioles impériales ressassées est associée à une vigilance critique à l'égard du temps présent, et en même temps on a une illustration de la compromission humaine avec les scènes de bordels, d'ailleurs multipliées: putes dans la rue, bordels de paumés et bordels de luxe. Et il faut voir le contrepoint évident entre les bordels et l'amour libre des hippies comme l'espèce de comapraison entre les hippies s'aimant et la fresque qui disparaît dans les sous-sols du métro romain, soufflé par la pénétration de l'air.
Un film de fellini doit se regarder en état de vigilance critique et d'acceptation du chaos de la vie sous peine de ne pas être bien compréhensible. c'est le cas de huit et demi, Juliette des esprits, Fellini-Roma, Amarcord, Le Casanova de fellini et d'autres encore. Il y a beaucoup de points de vue qui se dérobent dans les films de Fellini.
Le Casanova de fellini n'est pas un film érotique fellinien, mais une satire de l'ego casanoviste. Mais, rebondissement, cette satire n'est pas celle d'un personnage étranger à Fellini et la connaissance de soi du cinéaste résonne entière dans ce film. de là de nombreuses scènes en écho avec d'autres films de fellini, toujours et encore.
Amarcord est évidemment particulièrement attendrissant et cela restera.
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