Deuxième grande intervention de Satoshi Kon, après Roujin Z, dans cette production sortie encore de l'imaginaire de Katsuhiro Otomo, scénariste des trois histoires courtes qui composent ce Memories. La première, Magnetic Rose, raconte l'aventure de cosmonautes explorant une station spatiale hantée par une intelligence artificielle capricieuse, personnifiée sous la forme d'une diva, la deuxième, Stink Bomb, l'histoire d'un accident scientifique où un homme va se retrouver transformé en bombe chimique humaine, la dernière, Cannon Fodder, décrit une ville organisée socialement et économiquement autour des multiples canons qui la compose, chacun dans cette ville a son rôle à jouer pour la conception, la construction, l'entretien, la manipulation de ces canons avec sa hiérarchie et ses boulots plus ou moins nobles.
Satoshi Kon n'intervient que sur le premier segment où il exercera en tant que directeur artistique et on peut voir son style s'affirmer dans les séquences mêlant rêve, souvenirs et réalité. Il reprendra plus tard ce genre de séquences en les poussant à leur paroxysme mais sa participation à ce projet Memories est loin d'être timide et quand on voit ses prochaines oeuvres, on ne peut que se demander quel rôle exact a joué Satoshi Kon dans Magnetic Rose aux côtés de Koji Morimoto.
Stink Bomb de Tensai Okamura est peut-être la partie la moins interessante même si elle réserve de bons moments sarcastiques rapport aux expériences scientifiques foireuses et aux chefs de guerre butés. L'idée est originale et effrayante, elle permet de personnifier une bombe mais une fois le suspense retombé dans les 15 premières minutes et l'athmosphère posée, le reste tourne un peu au n'importe quoi et finit par lasser.
Cannon Fodder, le segment de Katsuhiro Otomo est interressant car ce dernier fait le pari de suivre une famille en un unique plan séquence factice à la manière de La Corde d'Alfred Hitchcock. Le graphisme est original et se démarque du style manga Habituel. La critique d'une société qui alimente la guerre et les inégalités sociales est à peine suggérée et cette description sociologique captive plus ou moins selon le degré d'ingéniosité et les trouvailles de l'auteur pour rendre son univers cohérent.
Comme souvent, le fait de réunir des réalisateurs différents sur un projet commun donne lieu à des inégalités et différences de qualité. Les trois segments se regardent sans déplaisir mais ma préférence va pour Magnetic Rose qui bénéficie d'un bon scénario, d'une athmosphère mystérieusement troublante et d'une conception artistique exceptionelle de la part du maître Satoshi Kon.
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