Les Copains du dimanche, film réalisé à l'automne 1956 par Henri Aisner et jamais sorti en salle en France. Je l'ai découvert hier soir (mieux vaut tard que jamais).
Au début, en voyant les scènes d'usine, j'ai pensé à Samedi soir et dimanche matin (Karel Reisz, 1960). Après quoi, les scènes de solidarité entre ouvriers m'ont fait penser à Si tous les gars du monde
(Christian-Jaque, 1956… uniquement pour le titre). A la fin, je suis carrément allé regarder dans mon exemplaire de "Le cinéma français dans la guerre froide (1946-1956)" pour voir si le film était cité dans les oeuvres appréciées par le Parti Communiste.
Il n'y était pas.
Mais j'ai découvert sur Wikipédia qu'il avait été réalisé à l'initiative de la CGT, que c'était un film "réaliste-socialiste", que les syndicats des producteurs et des distributeurs avaient empêché sa sortie en France, et qu'il avait fait l'essentiel de sa carrière en RDA !
Et là, tout s'est éclairé !
CGT, "réalisme socialiste", RDA, n'en jetez plus. Et pourtant, si l'aspect "propagande" saute aux yeux, ça n'est jamais désagréable, on passe un moment convivial. Il y a une belle distribution (dont Bébel dans son premier rôle important), un esprit très "Bibliothèque rose", c'est court, c'est mignon.
Le DVD se trouve encore pour trois francs six sous sur la marketplace Amazon (je n'ai rien trouvé sur le site de la FNAC). Le master est dans la lignée des "Gaumont à la demande" : beau noir & blanc, mais image et son non restaurés.
Voilà qui donne envie et va sûrement me pousser à acheter le DVD d'Amazon… Je ne connais pas le bouquin dont vous parlez, mais je serais bien amateur que vous me citiez quelques petites œuvrettes sympathiques ayant bénéficié de l'imprimatur du PCF (le vrai ! celui de Maurice Thorez)…
j'ai une très grande tendresse pour un joli petit bijou comme Premier mai de Luis Saslavsky, j'aime beaucoup Antoine et Antoinette
du grand Jacques Becker,
mais il doit y avoir un paquet d'autres films…
En avril 1950, Maurice Thorez donnait sa vision d'un bon film français :
1 – montrer la gentillesse des milieux modestes, le respect des bonnes moeurs, les valeurs familiales ;
2 – mettre en avant les valeurs patriotique sans esprit belliqueux ;
3 – sanctifier le travail utile et le dur labeur, surtout celui des petits bourgeois, des artisans, des employés, des mineurs, des dockers (pas trop les ouvriers, pour ne pas faire trop “Front populaire”).
Résultat : le Parti Communiste trouvait beaucoup de qualités à des films comme Monsieur Taxi (1952), Mon mari est merveilleux
(1953), Papa, Maman, la bonne et moi
(1954)…
… et il se mettait très en colère contre les films qui montraient une classe ouvrière désespérée, déchue par l’alcool et dominée par le désir sexuel. Il condamnait les films qui – à ses yeux – mettaient en scène des personnages ignobles, des affaires sordides, comme Dédée d’Anvers (1947), Un homme marche dans la ville
(1950) ou Manèges
(1950).
C'est un résumé de ce que j'ai lu dans le livre de Patricia Hubert-Lacombe (chez L'Harmattan).
Hum, je crois que je vais passer mon tour pour ces Copains du dimanche. J'ai bien trop peur de devenir communiste en le visionnant !
Ah non, pas de risque !
J'ai bien précisé que c'était très "Bibliothèque rose"… on n'est pas dans le rouge sang avec la faucille entre les dents !
Je n'avais plus en tête les précieuses indications de Commissaire Juve quand j'ai regardé le film, acheté à son instigation, ce dont je le remercie. Je n'avais plus en tête que Les copains du dimanche avaient été tournés à l'initiative de la CGT (comme, vingt ans auparavant, La Marseillaise
de Jean Renoir)
, mais il ne faut pas être grand clerc pour deviner, sous le discours sympathiquement ouvriériste, la patte du Parti.
À dire le vrai, on aurait pu aussi penser que des associations d'éducation populaire (le club Léo Lagrange, les Francs et franches camarades, par exemple) y avaient participé, ce qui est d'ailleurs possible. Et puis, de toute façon pour qui, comme moi, s'intéresse depuis longtemps au PCF et à ses compagnons de route, la présence au générique de Philippe-Gérard et de Wal-Berg à la musique, de René Vautier à la réalisation (assistant), de Raymond Lavigne au scénario, de Louis Daquin
à la production et même, en silhouette, de Raymond Bussières
(ancien du groupe Octobre) pour un film produit par une peu notoire Coopérative générale du cinéma français, dont le nom fleure bon le faux-nez politique (image hardie, j'en conviens) est assez parlant.
On peut penser que Jean-Paul Belmondo, dont c'est le premier rôle, est un peu trop pied-tendre, mais il y a en lui, on s'en rend compte, un sacré potentiel. Le reste de la distribution est classiquement de qualité (Marc Cassot, Yves Deniaud,
Marcel Pérès)
, mais il ne faut pas en attendre des prodiges.
Il y a juste ce qu'il faut de grognements prolétariens (Un ouvrier, c'est pas fait pour voler, c'est fait pour bosser !, au moment où le projet bat, littéralement, de l'aile), une histoire amoureuse très au second plan, la constatation que les chics types peuvent être partout trouvés et que notre pays, finalement, est le plus beau du monde.
Mais y avait-il besoin de le démontrer ?
C'était l'époque d'un monde stable ou l'on se battait de façon organisée, sous l'aile de partis ou de syndicats, dans le cadre la lutte des classes. Aujourd'hui, la mondialisation a créé un cadre instable, ouvert aux courants migratoires, marqué par une remise en cause des acquis sociaux, et qui suscite interrogations et inquiétudes auprès d'une majorité de nos concitoyens.
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