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Forum : Une Promesse

Sujet : L'amour inquiet


De Impétueux, le 21 avril 2014 à 19:18
Note du film : 5/6

Patrice Leconte est un de ces trop rares réalisateurs qui, boulimiques de cinéma, osent se remettre en cause à chaque film tourné, varier les angles et les histoires et ne pas craindre de surprendre ceux qui le suivent depuis longtemps. Cela au moins depuis le binôme des Bronzés, mais on l'a aussi souvent trouvé étonnant autant dans le brio de l'éclatant Ridicule ou de la grave Veuve de Saint-Pierre que dans Tandem, Monsieur Hire, Le mari de la coiffeuse, Le parfum d'Yvonne, La fille sur le pont, L'homme du train, toutes histoires où la sensibilité du réalisateur, son goût des demi-teintes touche profondément, ou intrigue, ou séduit…

Une promesse est un film mesuré, intelligent, pudique, d'une calme beauté, un film retenu, où l'on ressent tout ce que le monde ancien pouvait avoir de civilisé et, au sens premier, de poli, comme on le dit d'un marbre. Joseph Roth, Stefan Zweig, deux écrivains juifs de Mitteleuropa qui ne se sont pas consolés de la fin de ce monde, jusqu'à en mourir, d'alcoolisme et de misère pour l'un, suicidé avec sa femme pour l'autre devant le nazisme, conséquence évidente de la disparition de l'Empire d'Autriche-Hongrie.

Une promesse est l'adaptation d'une nouvelle de Zweig, qui s'appelle Voyage dans le passé et qui est la relation d'une histoire d'amour évidente et contenue dans l'atmosphère sérieuse d'une ville industrielle de l'Allemagne d'avant 14 ; un amour qui est aussi naturel qu'impossible, entre la jeune femme d'un grand sidérurgiste bien plus âgé qu'elle, mais qui mérite sa retenue et sa fidélité, parce qu'il est bon, lucide et généreux, et un jeune ingénieur brillant que la fatalité des jours a placé au milieu de cette vie parfaitement ordonnée.

On pourrait juger curieuse l'option prise par Leconte de faire interpréter ce film par des acteurs britanniques. Il s'est justifié en indiquant qu'un film d'essence aussi parfaitement germanique – on sent le luthéranisme – ne pouvait être joué par des acteurs français et que, lui-même ne maîtrisant pas la langue allemande il s'était résolu à ce choix. Si singulier que ça puisse paraître, ça fonctionne parfaitement et les trois acteurs principaux – le mari, la femme et le jeune homme – sont parfaitement choisis et dirigés.

J'avoue que je n'avais pas particulièrement remarqué Rebecca Hall dans l'assez insignifiant Frost/Nixon ; elle est, dans Une promesse, éclatante de charme et de mesure inquiète ; Alan Rickman est, paraît-il, une référence dans l'univers des Harry Potter que je ne fréquente pas ; et comme je ne fréquente pas davantage le monde des séries, je ne connaissais pas Richard Madden, vedette du Trône de fer. Tous trois sont excellents, comme sont magnifiques les décors et les atmosphères.

Depuis dix ans, Leconte n'avait pas trop réussi son parcours ; de façon évidente, il montre qu'il a encore beaucoup à nous dire et à nous montrer.


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De vincentp, le 21 avril 2014 à 19:51

De Leconte, j'ai vu Monsieur Hire, Ridicule, les bronzés… Oui, c'est un bon metteur en scène, qui fait un travail soigné sur des sujets pas toujours évidents. Mais ce n'est pas un super-génie, si on le compare à un Antonioni, par exemple.


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