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Forum : Esther et le roi

Sujet : Peplum en fusion


De DelaNuit, le 21 mars 2014 à 16:42
Note du film : 4/6

Un peplum américain des années 50 sans grand relief mais sympathique, avec son lot d'intrigues de palais et d'images kitsch qui raviront les amateurs. La coiffure très années 50 de Richard Egan est particulièrement décalée avec son contexte "antiquisant" ! Curieux que personne ne s'en soit aperçu ! Peut-être tournait-il un western en même temps sur le plateau voisin ?

Je me souviens d'une scène de divertissement avec les chants rauques et sauvages d'une esclave nubienne parmi les danseuses court vêtues. Ah, ces scènes lascives pour nous faire saliver devant ce qui n'est pas moral !

Encore une fois, et jusqu'à la fin des années 50, l'évocation manichéenne de l'Antiquité ne sert qu'à valoriser de façon plus ou moins directe la religion judéo-chrétienne (il s'agit ici de l'adaptation d'un épisode de l'Ancien Testament) car que serait le roi de Babylone sans la douce, pure et sincère Esther, digne représentante du peuple élu parmi toutes les méchantes ou idiotes païennes qui ne lui arrivent bien sûr pas à la cheville ? C'était dans l'air du temps, bien loin de l'approche plus nuancée d'un film comme Agora. Déjà avec les années 60, les peplums hollywoodiens prennent une autre voie pour décrire des périodes historiques ou des destins romanesques détachés du prosélytisme religieux (Spartacus, Cléopâtre, La chute de l'empire romain…)

Dure période tout de même pour les femmes, qui visiblement ne pouvaient pas être autre chose que saintes ou putains !

En revoyant ce film aujourd'hui, après avoir connu Joan Collins si convaincante dans tant de rôles de garces, de La terre des pharaons à Dynastie, il me semble que ce qui décrédibilise l'intrigue, au delà de toutes les kitscheries accumulées, c'est de chercher à nous la faire passer pour une brave fille !


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De vincentp, le 13 septembre 2015 à 22:21
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Intrigues en Perse, autour du roi Assuérus, 500 ans av J-C. Luttes politiques, ambitions, exercice du pouvoir, trahisons, violence, sexe (qu'en a pensé la prude censure américaine ?). Les ingrédients du peplum, mais portés à température de fusion par un volcan en éruption, des forces telluriques en action. Le génie de mise en scène de Raoul Walsh, totalement en évidence (Mario Bava est également crédité comme co-réalisateur et directeur de la photographie).

Rythme d'enfer, musique de fin du monde, tirades à tomber à la renverse, acteurs habités par leur rôle (Richard Egan,…) …. Les qualités cinématographiques de Esther et le roi (1960) sont énormes. Je n'en reviens pas… Cette oeuvre avait échappé jusqu'à présent à mon radar… Le roublard éditeur ESC Conseils a décidément trouvé le bon filon : les œuvres oubliées de réalisateurs reconnus, produite à Hollywood entre 1930 et 1970, portées par des acteurs réputés.


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De vincentp, le 14 septembre 2015 à 23:51
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Je me réponds à moi-même faute de contributeur…

l'évocation manichéenne de l'Antiquité ne sert qu'à valoriser de façon plus ou moins directe la religion judéo-chrétienne (Delanuit).

Pas sûr que ce soit véritablement le sujet du film, plutôt un prétexte pour Walsh (co-producteur, co-scénariste, co-réalisateur) pour peindre un univers en fusion, porté par les passions exacerbées de religieux, de politiciens et d'amants. Les "cahiers du cinéma" ont vu à l'époque (selon "50 ans du cinéma américain") dans Esther et le roi "le plus pur exemple du génie de Walsh". Ah bon, me voilà rassuré ! La vedette du film, c'est bien la mise en scène époustouflante de Walsh.

Génie des plans, sur 105 minutes… d'un réalisateur qui a débuté sa carrière quarante ans plus tôt. La poursuite des chars, par exemple, succession de plans suivant la course des véhicules, entrant à toute vitesse par la droite du cadre et en arrière-plan et en sortant par la gauche de celui-ci au premier plan, le tout dans un décor verdoyant à foison. Le héros Simon se déplace à toute vitesse d'un bout à l'autre du récit. Tout ceci contribue à bâtir une vision très artistique et personnelle de l'univers.


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De verdun, le 15 septembre 2015 à 00:39

"Je me réponds à moi-même faute de contributeur… ".

Pas de quoi paniquer, je mets le dvd en haut de ma pile et je le visionne dès que possible..


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De vincentp, le 15 septembre 2015 à 11:22
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Heureusement que vous êtes là, Verdun ! Depuis la mort de Tamatoa et la retraite de Arca1943, nous formons le dernier carré des cinéphiles.


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De vincentp, le 15 septembre 2015 à 22:30
Note du film : Chef-d'Oeuvre

L'apport de Mario Bava n'est pas à sous-estimer, si l'on en croit divers contributeurs du net…


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De verdun, le 19 septembre 2015 à 00:21

Effectivement c'est un très beau film. Pas facile d'en parler car il est très riche finalement, et plus ramassé (1h45) que les autres péplums de l'époque. Une fois de plus on peut se demander pourquoi ce film a mis si longtemps à être édité alors que l'inégal Salomon et la reine de Saba n'a cessé d'être diffusé.

C'est un drame intimiste aux accents shakespeariens, le regard sur un homme tout puissant, le roi Assuérus dont la vie est plutôt triste: il est humilié par son premier ministre, Haman, qui ressemble au Iago d'Othello, humilié par sa femme qui le trompe avec Haman, et bientôt humilié par des échecs militaires qui viendront à s'accumuler. Le fait qu'Assuérus soit interprété par le terne Richard Egan sert le propos.

La patte de Mario Bava est évidente: la photo consistant à éclairer les intérieurs avec des éclairages très flamboyants (rouge, bleu, vert) est exactement la même que dans Les travaux d'Hercule, Hercule et la reine de Lydie, Hercule contre les vampires, péplums italiens photographiés par Bava. Cela rend le film un peu bicéphale. Plus généralement c'est un exemple rare de fusion entre le péplum américain à gros moyens (ceux de la Fox) et son cousin italien à plus faible budget. D'ailleurs autour du couple Joan Collins- Richard Egan, on retrouve des acteurs comme Sergio Fantoni, Rik Battaglia, Rosalba Neri ou Gabriele Tinti, habitués de la série B transalpine et du peplum en particulier. Un film comme Barabbas mélangera contributeurs américains et italiens, avec cette fois-ci des habitués du cinéma de prestige type "festival de Cannes": De Laurentiis, Mangano, Gassman, Aldo Tonti,etc La musique de l'italien Mario Nascimbene, auteur de la partition des Vikings est effectivement très belle.

Mais c'est aussi un film typique de Walsh, dont il est le co-scénariste, tant les relations entre Esther Joan Collins et le roi ressemblent à celles de Yvonne de Carlo et Clark Gable dans L'esclave libre. Le film fut visiblement adoré à sa sortie par les admirateurs de Walsh, les "cahiers du cinéma" y voyant ainsi "un exemple du "pur génie" du cinéaste.

Le film porte un regard très ironique sur le genre. Comme on l'a parfois souligné, une séquence de danse assez kitsch donnée dans le palais est interrompu par le roi qui s'exclame: "Mais qui donc peut proposer un spectacle aussi stupide"? Par ailleurs, hormis quelques spectaculaires mouvements de foule, on ne retrouve quasiment pas de morceaux de bravoure propres au genre.

L'érotisme, dans la limite de ce que l'on pouvait en 1959, est effectivement très présent: séquence où le roi combat torse nu, où la reine dépravée danse elle aussi torse nue, etc..

Film politique aussi: les Hébreux sont au cœur du film. Esther, grâce à l'amour du roi, finira par obtenir la bienveillance du roi initialement déterminé à les écraser, traduite par un panoramique sur l'étoile de David.

Bien sûr, on retrouve quelques clichés, les acteurs principaux sont de jeunes premiers imberbes alors que les décors (très beaux) nous rappellent que les Perses portaient tous la barbe. Mais cela importe peu, c'est une belle réussite.


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De vincentp, le 19 septembre 2015 à 10:53
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Oui, c'est un rare exemple de fusion réussie de deux cinémas (hollywoodien et italien), ou les points forts de chacun s'additionnent. Il y a des attelages de circonstance qui ont moins bien fonctionné, (comme par exemple Flaherty -Murnau pour Tabou). Le cinéma italien d'auteur a globalement très bien assimilé les acteurs américains (exemple Larmes de joie) grâce à sa maîtrise de la post-synchronisation.

J'ai trouvé Egan excellent dans son rôle, soumis au doute et aux influences diverses. Le dirigeant d'empire qu'il interprète a une apparence humaine, et connait des hauts et des bas.

Un point fort de ce film est son rythme échevelé, avec des accélérations fulgurantes (complètement maîtrisées), entrecoupé par des instants de respiration : typiquement le style de Walsh.


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