Un pur chef-d'oeuvre. Mise en scène, décors, éclairages, musique, intrigue, … tout dans ce film est au top. Le meilleur giallo de tous les temps.
Tout à fait d'accords, ce film est le chef d'oeuvre de Dario Argento, comme l'est "L'emmurée vivante" pour Lucio Fulci ou "Le masque du démon" pour Mario Bava. Le genre d'oeuvre que l'on redécouvre à chaque vision et que l'on est pas prêt d'oublier. Prions pour que Hollywood n'est pas l'idée stupide d'en faire un remake comme ce sera le cas prochainement pour "l'emmurée vivante" ! J'en frémis d'avance…
Et en plus, Clara Calamai
(inoubliable dans Ossessione)
y apparaît pour un de ses derniers rôles ! Qui sait, peut-être vais-je franchir le pas un jour et tâter enfin de Dario Argento
… ?
On tient généralement Les frissons de l'angoisse
pour le meilleur film de Dario Argento avec Suspiria.
Sans doute plus sensible aux horreurs des ténèbres magiques qu'aux plus banales épouvantes dues à des dérèglements simplement humains, je ne mettrai pas au même rang les deux films. Mais pour qui aime le genre particulier du giallo, ces Frissons sont un vrai régal, grâce aux atmosphères morbides ici et là imposées et à la grande inventivité spectaculaire des nombreux assassinats représentés. À dire le vrai je ne vois guère, pour concurrencer le film au sommet du panthéon des gialli que La baie sanglante
du grand Mario Bava.
le meurtre du médium Helga Ulmann (Macha Méril)
, le cou scié par une vitre ou celui du professeur Giordani (Glauco Mauri), les dents fracassées sur l'angle d'une cheminée de marbre. C'est très original et rafraîchissant dans un genre où on tourne souvent en rond sans se renouveler.
n'est pas, lui, d'une extrême originalité : psychose, schizophrénie, traumatismes de l'enfance, tout le tremblement habituel qui amène des gens d'apparence tout à fait convenable à accomplir des assassinats particulièrement affreux. Un pianiste de jazz, Marcus Daly (David Hemmings)
a aperçu, une nuit, alors qu'il baguenaudait sur une belle place d'Italie un crime affreux et a cru entrevoir l'assassin. Au fait, où est-ce ? On parle à un moment donné du fleuve Arno, mais l'action ne parait pas se dérouler à Florence ; alors ? À Pise ? À Empoli ? Ailleurs ? Va savoir… Marcus traque et est traqué, aidé dans sa quête par une journaliste pimpante, Giana Brezzi (Daria Nicolodi).
Au fur et à mesure que son enquête progresse (naturellement entravée par la bêtise de la police : c'est la loi du genre), il court des risques de plus en plus majuscules, croit toucher au but, s'aperçoit qu'il s'est trompé et échappe finalement au véritable tueur qui, bien sûr, n'était pas celui qu'on soupçonnait depuis vingt minutes.
réalisateur majuscule d'ambiances glauques dans le choix d'une musique idéale, de décors anxiogènes (la villa du mystère, presque aussi spectaculaire que celle de La maison du diable
de Robert Wise)
, d'objets malsains (poupées d'allure maléfique, billes d'agate, collection de couteaux).
est là aussi terne, transparent, aqueux, que dans le très ennuyeux Blow up
du triste Antonioni
; il paraît qu'Argento était fasciné par ce film d'un ennui pesant où un photographe captait fortuitement une scène de crime et que Les frissons de l'angoisse est une sorte d'hommage rendu à son prédécesseur. Dieu merci, il est bien des circonstances où l'élève talentueux l'emporte largement sur le médiocre maître.Certainement le giallo le plus abouti techniquement et artistiquement. La musique sublime des goblins vient completer le tout. Argento dans sa période faste puisque suivront suspiria, inferno et ténèbres.
Il s'agissait d'une projection sur grand-écran, copie numérique restaurée 4K. Le scénario reprend des particularités du roman noir, notamment de Raymond Chandler
(Le grand sommeil)
, vues également au cinéma (Blow-Up) : un individu revient à plusieurs reprises sur des mêmes lieux à des fins d'enquête et y découvre de nouveaux indices à chaque visite. Ce dispositif associe le spectateur à l'intrigue et le pousse à sonder sa mémoire. David Hemmings incarne un Philip Marlowe des années 1970, reprenant nombre d'attributs du personnage imaginé par Chandler. Le choix de Hemmings, imaginée suite à sa prestation de Blow-Up, s'avère une réussite : son interprétation est élégante, fine et nuancée. Dario Argento s'appuie sur son savoir-faire de scénariste pour bâtir très habilement une histoire à rebondissements, mettant aux prises un grand nombre de personnages inquiétants, ponctuée de crimes sanglants (qui sont les "figures imposées" du thriller horrifique).
La traduction de cette histoire en images et sons, est sans doute la partie la plus intéressante et la plus originale de ce film. Les décors (choisis à Turin, notamment la villa bourgeoise, qui appartenait à l'époque à une congrégation religieuse) créent un écrin inquiétant et visuellement splendide. Les pensionnaires de cette maison furent envoyés un mois en vacances à Rimini pour pouvoir disposer de ce lieu de tournage, nous explique Dario Argento après la projection du film. Les objets d'intérieurs (évier, baignoire, bureau,…), remplis d'eau ou de vapeur, deviennent par le jeu de la mise en scène des éléments palpables qui orientent la perception du spectateur, générant des effets de surprise, des émotions. La couleur rouge fut bannie des décors, en accord avec le directeur de la photo Luigi Kuveller pour ne conserver celle-ci que pour représenter le sang. La musique sourde est un autre ingrédient fort expliquant la réussite assez exceptionnelle de Profondo rosso.
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