La sortie sur DVD de L'Oiseau au plumage de cristal est une grande nouvelle : c'est un de ces "incontournables", je dirais même de ces évidences du cinéma transalpin qui se font indûment attendre. Je ne suis pas vraiment fan de Dario Argento – dont le célèbre Suspiria, par exemple, ne m'a guère convaincu, pour ne rien dire du récent La terza madre – mais j'ai pourtant dû laisser tomber mes présomptions, au moins le temps d'un film, le jour où je suis tombé – oui, oui : ici au Québec ! – sur la VHS en VF de ce cet énigmatique voire envoûtant thriller.
Vieille VHS à l'agonie, je vais enfin pouvoir te remplacer !
Pour moi qui suis plutôt prévenu contre Dario Argento et trouve agaçant le culte dont il fait parfois l'objet, je dois dire que je suis fort impressionné par ce film d'angoisse très réussi, ancêtre des fameux "slashers" américains à la sauce Halloween. Mais il faut dire qu'ici, malgré le traitement qui accentue l'insolite et l'étrange, il n'y a pas en fait le moindre élément de surnaturel : il s'agit d'une ingénieuse intrigue policière, apparemment inspirée de Fredric Brown (?), dont les méandres – le tableau inquiétant, le peintre auto-emmuré, l'étrange oiseau – ne sont jamais gratuits mais au contraire, ont tous leur rôle à jouer dans l'édifice narratif. Même l'insistance maniaque sur la forme – les décors tarabiscotés, les éclairages sophistiqués, la photographie du génial Storaro – participe à l'atmosphère particulière d'angoisse. Il plane en plus sur tout ça une tonalité de série B que je trouve plutôt bienvenue, malgré une maladresse assez évidente parfois du côté de certains interprètes ; toute une époque, quoi. Et last but not least, la musique anxiogène d'Ennio Morricone – ou le «commento musicale» comme on disait dans les génériques italiens d'alors – a le don de jouer sur nos nerfs ! Généralement chez Argento, c'est le scénario que je trouve puéril (bien qu'il soit scénariste !), mais cela vise plutôt les histoires à dimension surnaturelle vers lesquelles il s'est malheureusement orienté après ce giallo de choc, telles Suspiria et sa suite récente La terza madre – très peu pour moi ! Ici le récit est plutôt malin et la solution du mystère (quel est donc ce détail dont le témoin ne se souvient plus ?) est bien trouvée. Côté interprètes, bravo aux messieurs, avec en tête Tony Musante qui vaut bien Massimo Ranieri ou autres jeunes premiers du temps, Enrico Maria Salerno qui campe son policier avec solidité et bien entendu Mario Adorf, qui s'en donne à cœur joie dans le rôle du peintre asocial à l'afro des plus seyants ; par contre, les interprètes féminines, Suzy Kendall (que j'avais pourtant bien aimée dans Fraulein Doktor de Lattuada) et Eva Renzi, me semblent moins inspirées.
Un classique dans son genre, peut-être pas le chef-d’œuvre dont on me parle dans les bonus, mais qui est incontournable dans toute collection Cinecittà digne de ce nom !
Je considère cet Uccello, comme un chef d'oeuvre !
Oeuvre découverte sur grand écran, copie impeccable, à l'occasion d'un hommage rendu à Vittorio Storaro, son directeur de la photographie (âgé de trente ans lors du tournage). Un scénario non conventionnel, une gestion atypique du temps et de de l'espace, et des qualités formelles exceptionnelles (musique et photographie) propulsent à mon sens L'oiseau au plumage de cristal (1970) parmi les classiques incontournables. Outre le suspens -phénoménal-, il y a un portrait décalé et dérangeant de la société italienne de 1970. Le type d'oeuvre qui contient des fulgurances cinématographiques marquant l'esprit du spectateur de façon durable. Un des très grands films italiens, éblouissant de virtuosité, pas de doute… A découvrir de forte préférence sur grand écran.
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