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Sujet : ....et tant mieux !


De Gilou40, le 5 mai 2010 à 16:41
Note du film : 4/6

"-Victor, tu es une bulle ! Tu cours comme une eau vive ! tu es inconséquent !-"

J'ai une immense tendresse pour ce film ! Oui, je sais, c'était l'époque Belmondo : "- Toc ! Toc! C'est moi, Bébél, belle bête, incorrigible, professionnel, marginal ! L'Amour ?? Mais l'amour pour moi, c'est double saut périlleux sur la carpette, rétablissement sur le radiateur, Elle : C'est bon ! C'est bon ! Moi : Je sais ! Je sais !-"

Oui, c'est un peu pour ça…Il était si charmant ! Et pour cette "infamie", je n'irai ni à Canossa, ni nulle part ! Mais dans cet énième opus boum-boum, ce sont surtout ses rapports avec Julien Guiomar, vieil ermite désabusé mais lyrique, sage parmi les déçus, à la vie qui fuit comme un vieux robinet, qui font tout le charme du film. C'est une véritable tendresse qui unit les deux hommes. Et puis court tout le long du film une poésie irrésistible. Cette roulotte dans laquelle vivent ce tendre binôme et les enfants laissés par la traîtresse Antinéa partie avec un bellâtre. Les cris de Guiomar criant son désespoir au vent qui s'en fout bien… Et ce mont St Michel qui, à la fin du film, donne à ces deux âmes en peine, une dimension qui fiche le frisson… Et la délicieuse musique de Georges Delerue nous en donne une deuxième bordée.

Pour le reste, pas mal de scènes drôles, avec en point d'orgue, le cambriolage du musée de Senlis, pendant que Victor s'occupe de Mademoiselle la fille des propriétairesGeneviève Bujold, qui l'avait déjà croisé dans Le voleur de Louis Malle, et qui, dix ans plus tard, ira manger des huîtres avec Clint Eastwood, dans la corde raide. Vous allez me demander pourquoi je vous parle de ça : c'est parce que je n'ai jamais compris comment on pouvait apprécier des huîtres en regardant le fleuve à La Nouvelle Orléans… Mais bref ! Elle sera l'assistante sociale, patiente et douce, un tantinet très vite amoureuse, qui tentera de remettre ce beau et pas méchant voyou dans le droit chemin. Chemin qui passera par une remise en question de sa part. Ce n'est qu'une femme… Oui, beaucoup de moments savoureux, au rythme d'un acteur "vivant", tourbillonnant, coquin et irrésistible. Alors se relance le vieux, très vieux débat sur la "facilité", la "paresse", "l'appât du gain" dans la carrière de notre acteur. Perso, je m'en contre-fiche ! Je ne crois pas que Belmondo ait encore quelque chose à prouver, et si il a cru bon se laisser aller dans ce genre de pantomime, mon Dieu, il a rendu heureux bien des gens, et j'en suis.

Au passage, et parmi les mille déguisements de Belmondo (marin, ministre, horticulteur, bonimenteur, travelo, etc.) nous verrons apparaître la très jolie Élisabeth Teissier qui promena sa ligne parfaite sur quelques plateaux de cinéma, avant de se lancer dans des prédictions qui la dépassent… Maria Meriko qui daignait, quelques fois, descendre de ses planches théâtrales pour faire un cacheton. Daniel Ceccaldi en préfet de police prétentieux, Andréa Ferreol, cantatrice amoureuse de notre héros et qui n'avait jamais vou ouna chosa si groooohhhhse et que j'ai vu, moi, (Andréa !) il y a peu, asseoir son gros derrière sur un gâteau dans La grande bouffe. Je ne connaissais ce film que de réputation. Elle n'est pas usurpée. Je me suis lancée à plusieurs reprises pour en parler, je n'ai pas pu…Et je vous passe l'incontournable Charles Gérard.

Bref, disait Pépin : De tous les Belmondo tagada-tsoin-tsoin, c'est celui que je préfère. Juste avant L'animal… Mais je redis que ce film doit beaucoup à la poésie latente qui l'habite. Elle fait toute la différence avec les autres films de Bébel, de la même époque et du même acabit.


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De Impétueux, le 8 novembre 2014 à 14:38
Note du film : 5/6

Avoir revu récemment Jean-Paul Belmondo dans l'excellent Cent mille dollars au soleil m'a donné envie d'une petite resucée dans un film un peu postérieur. Dans ce qui est, à mes yeux, le chef-d’œuvre de sa période cavalcadante (aussi justement nommée Tagada tsoin-toin) qui va du Magnifique en 1973 à L'as des as de 1982, en passant par L'Animal de 1977, Flic ou voyou de 1979, Le guignolo de 1980.

C'est bref, n'est-ce pas ? Mais en fait, je me rends compte que c'est la vraie carrière de Belmondo qui est brève, alors qu'il nous paraît ancré presque de toute éternité dans le paysage du cinéma français. En fait s'il a tourné un peu plus tôt et un peu plus tard, sa période importante ne s'étend guère que sur moins de 25 ans, de À bout de souffle en 1960 au Marginal en 1983. Étonnant, il me semble, pour quelqu'un qui a une telle empreinte ?

S'il a eu trop tendance à jouer un peu trop abusivement sur des registres monocordes (flic à méthodes expéditives ou, comme ici, parasite charmeur et désinvolte et souvent encore ces deux aspects liés), cet immense talent a donné à des rôles souvent superficiels une allure, une gaieté, un brio qui les rendent inoubliables. Regrettons toutefois qu'il s'y soit enfermé alors qu'au vu de Léon Morin, prêtre, de La Ciociara, de Un singe en hiver, il aurait pu aller plus haut encore…

Parenthèse assez banale fermée, revenons à L'Incorrigible, feu d'artifice éblouissant, goguenard, qui part à 100 à l'heure et continue à 120, ne freinant qu'à de rares instants, lors de la mise au point du vol inouï d'un triptyque du Greco au musée de Senlis (cela dit, je suis persuadé que des gogos se sont rendus dans la capitale (à peu de choses prés) du Valois, pour admirer une œuvre qui ne fait évidemment pas partie des collections). J'imagine que Philippe de Broca (qui a le sens du rythme : voir L'homme de Rio ou Le cavaleur) et Michel Audiard ont dû se régaler à écrire le rôle pour un Belmondo qui était capable de tout. Notamment de parcourir les rues de Paris au pas gymnastique simplement vêtu d'un drap noué en toge, ou de s'affubler d'une sorte de costume de Mandrake, chapeau haut-de-forme et cape doublée incarnat pour déranger les spectateurs d'un très sérieux récital lyrique.

Gilou 40 a bien raison de noter le jeu démesuré du grand Julien Guiomar et de faire remarquer la tristesse qui affleure sous le personnage. Disons que, dans une comédie à l'italienne, cet aspect aurait pu être encore davantage fouillé jusqu'à bouleverser le spectateur ; mais tel que Broca le fait vivre, hypocondriaque, grincheux, atrabilaire (Tout le monde n'a pas la stature d'un tragédien : contente-toi du bonheur, la consolation des médiocres !), il trouve dans L'Incorrigible sûrement son meilleur rôle au cinéma.

J'ajoute une mention spéciale pour Geneviève Bujold dont la ravissante frimousse un peu chiffonnée correspond parfaitement à cette diablonne de Marie-Charlotte, jamais vraiment dupe des cabrioles de Victor – simplement interloquée par son brio – et qui mûrit, j'ai l'impression, la captation du zigoto presque dès qu'elle le rencontre. En tout cas son immoralisme est assez rafraîchissant et ses mines devant les fariboles de Victor, à la fois étonnées et comblées, sont ravissantes.

Comme il n'est pas d'éloges sans une petite part de ciguë, amusons-nous des quelques négligences de Philippe de Broca qui permettent au vieux ratiocineur que je suis de goguenarder et de faire le pédant :

  • alors que le campement où vivent Camille (Guiomar), Raoul (Charles Gérard) et Victor (Belmondo) est censé être situé à Chatou, à l'ouest de Paris, dans le prolongement de La Défense, Charlotte, lors de sa visite, débarque d'un autobus de la ligne 112 qui effectue la liaison entre Vincennes et Chennevières, au sud-est de Paris, zone diamétralement opposée.
  • si la rue Vavin a bien abrité jadis Le Carrousel, qui fut la première boîte à transsexuels de Paris (notamment la célèbre Coccinelle), ses trottoirs n'ont jamais été recouverts de prostituées.
  • le Prince de Galles est situé avenue Franklin Roosevelt, guère loin des Champs-Élysées. Plutôt que d'y faire déjeuner Marie-Charlotte, Victor lui propose un petit bistro, le Petit savarin, censé être à deux pas (et, de fait, il fait du palace au restaurant des allers-retours en un clin d’œil) ; mais réellement, le restaurant, c'est La fontaine de Mars (où la famille Obama a dîné, fort légèrement, d'ailleurs) en 2009, qui est rue Saint-Dominique, sur la rive gauche, à plusieurs kilomètres du Prince de Galles.
  • et puis naturellement le ministère des affaires culturelles est situé au Palais Royal, en plein centre de Paris et non pas quai d'Orléans, sur le flanc sud de l'île Saint-Louis.

Babioles !


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