Un film qui se tient à un croisement de chemins entre Mélodie en sous-sol, La horde sauvage
et Aguirre,
qui plus est réalisé par John Huston
et interprété en première ligne par Humphrey Bogart
ne peut pas être entièrement mauvais, n'est-ce pas ?
Pourtant il y a le Mexique aride, plein de bandits sanguinaires et de policiers à exécutions sommaires ; il y a l'évidence que tout ce qui a été gagné ne peut qu'être perdu ; il y a la décomposition d'un groupe sous l'effet de la cupidité, de la convoitise et de la paranoïa. Mais, naturellement, il y a aussi autre chose : le regard narquois, sarcastique, quelquefois hilare que porte John Huston sur toutes les manigances des humains, sur les efforts dérisoires accomplis pour très peu de chose.
Personne ne se fait trop d'illusions sur la suite : Je sais ce que l'or fait de l'âme humaine a prévenu Howard avant même le départ. Ce qui devait arriver arrive : les trois hommes découvrent des sables aurifères, les exploitent et, au fur et à mesure que leur magot enfle, commencent à se surveiller…
En fait, c'est surtout Dobbs (Bogart)Naturellement, le tas d'or sur quoi il pense voguer va se disperser au vent ; naturellement, dans une scène de grande tension, il va perdre la vie. Mais ses deux compagnons ne bénéficieront pas de sa disparition ; il y aura simplement l'ironie des choses, le grand rire de la nature qui prend ses droits, et le sarcasme hustonien, omniprésent dans les dernières séquences du film.
Moins linéaire que d'autres films d'échec final réalisés par Huston, Quand la ville dort,
Moby Dick
ou L'homme qui voulut être Roi,
Le trésor de la Sierra Madre,
qui est absolument dépourvu de personnage féminin, est narquois, intelligent, très bien mené, couvert de récompenses justifiées, un film méchant et drôle à voir sans modération.
Dire que ce film est totalement dépourvu de personnage féminin n'est pas l'exacte réalité car Ann Sheridan apparaît succinctement dans le rôle d'une prostituée déambulant sur les trottoirs de la bourgade. D'ailleurs ceci ajoute la débauche à la mendicité, le strupre à l'oisivité et amplifie les tendances obscures du film soulignant le vice, les mauvais côtés de la société qui emplissent la pellicule de Huston.
Dire que ce film est totalement dépourvu de personnage féminin n'est pas l'exacte réalité car Ann Sheridan apparaît succinctement dans le rôle d'une prostituée déambulant sur les trottoirs de la bourgade. D'ailleurs ceci ajoute la débauche à la mendicité, le strupre à l'oisivité et amplifie les tendances obscures du film soulignant le vice, les mauvais côtés de la société qui emplissent la pellicule de Huston.
Dire qu'une silhouette furtive qui passe dans la rue est un personnage me semble un peu abusif ; à ce moment là, dans le village chicano où le vieil Howard est in fine installé comme un démiurge/coq en pâte parce qu'il a guéri le fils du chef, les jeunes filles complaisantes qui l'éventent sont également des personnages !
Ce village apparaissant en fin de compte comme un Eden où la vertu des filles est… légère, le stupre (comme vous dites, Sophie75) et l'oisiveté me semblent alors, dans l'esprit d'Huston comme parés de toutes les vertus (si je puis dire !).
Peut-être pas l'un des tous, tous meilleurs films de Huston (qui seraient plutôt à mon sens Unforgiven, Moby Dick
-de mon point de vue, Huston a réalisé ses meilleurs films au cours des années 1950) mais c'est tout de même un très grand film ! Huston joue la carte de la sobriété (de fond et de forme), voire de la sécheresse (des émotions et sentiments) pour aborder le sujet des relations entre les individus, la société, et l'argent (traité de façon parfaite), mais certaines séquences comme la lecture de la lettre contrebalancent ce point et ajoutent une dose de lyrisme au sujet.
La façon furtive d'imaginer une vie de famille pour chacun des personnages est superbe. Comme l'approche du village par Bogart (et sa plongée du visage dans l'eau de la mare). Parfaite alliance de la photographie, du scénario et de la photographie. Parfaite gestion du récit, et des facteurs temps et espace. Une musique moderne et percutante de Max Steiner. L'interprétation également, et les dialogues… Evidemment, un classique incontournable… Revoir ce film permet de mesurer le génie de Huston
et donne l'envie de revoir son oeuvre dans son intégralité.
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