C'est dommage qu'aucune suite n'est prévue. Pas assez de succès au box office.
Ayant lu la trilogie, j'aurais aimé voir une suite au cinéma.
Si le réalisateur n'avait pas supprimé autant de passages du roman, cela aurait peut-être aidé à la compréhension de l'histoire.
Par contre les daemons et la manière dont Lyra voit les réponse que lui donne l'alétiomètre (la boussole dans le film) sont vraiment bien rendus à l'écran.
M'est avis que les critiques du roman (et du film, avec moins de force tout de même) contre la religion et l'Eglise catholique en particulier, présentée comme une institution totalitaire coercitive qui impose un ordre moral à l'humanité et manipule les gens en cherchant à les séparer de la part d'eux même reliée à la Nature (la part d'âme humaine que l'on nomme dans cette histoire "démon" !) ne puissent être acceptées par nombre d'américains…
D'où la grande difficulté de rendre rentables ces films, nécessitant par ailleurs beaucoup d'argent…
Car plus un film coûte cher, plus il doit être consensuel pour être bénéficiaire… D'où la difficulté à trouver des idées originales dans les grosses productions à effets spéciaux.
George Lucas a pu faire passer dans Star Wars
sa philosphie ou spiritualité d'une force énergétique reliant toute chose à mi-chemin entre l'animisme et le shamanisme, si loin des dogmes des religions occidentales, parce que ce n'était pas l'élément prépondérant du premier film de sa saga et qu'il a ensuite produit lui même les autres films. Et puis les scènes d'action, les effets spéciaux, les rapports entre les personnages ont été beaucoup plus remarqués. Par ailleurs, ces considérations étaient à la mode en pleine période "new age".
Pour ce qui concerne La croisée des mondes, la charge contre l'Eglise catholique est au coeur même du récit, et donc bien souvent inacceptable dans l'Amérique puritaine où tant de fondamentalistes sont au pouvoir…
Imaginez : un film où les "démons", les gitans, les sorcières sont des héros et où l'Institution religieuse officielle est le mal ! ! ! Pas étonnant donc que la suite ne puisse pas être tournée…
Il n'est pas besoin d'être fondamentaliste étasunien (c'est-à-dire membre d'une de ces multiplicités d'églises nées à la suite de la Réforme de Luther et Calvin, donc protestant) pour être révolté contre toute charge contre l'Église catholique.
J'ignore si le film que vous évoquez (et qui m'apparaît comme une des énièmes resucées des fééries créées par Tolkien, talent et souffle en moins) est une charge contre l'Église, et, à dire vrai, le catholique romain que je suis s'en fiche totalement.
Malgré ses insuffisances, ses faiblesses, ses hypocrisies, malgré la faiblesse de nombre de ses fidèles, l'Église vit depuis deux mille ans et continue d'irriguer le monde. Je rappelle que le marxisme-léninisme, qui se posait en contre-Église, et qui a suscité tant de dévouements aveugles et pourtant admirables, a subsisté moins de soixante-dix ans…
Mais je me demande si nous n'ouvrons pas une bien grande querelle à ropos d'un conte de fées, à qui vous paraissez prêter une dimension spirituelle et philosophique ; j'ai lu de l'héroïc fantasy avec plaisir il ya trente ou quarante ans ; j'ai également lu, plus jeune, les Contes de Perrault : je n'ai pas tiré du Chat botté autre chose qu'un plaisir sans conséquence…
Les contes de fées sont le plus souvent des variantes édulcorées d'anciens mythes porteurs de sens. Lorsqu'on en lit la version simplifiée et politiquement correcte pour les enfants, il est en effet difficile de s'en rendre compte.
En ce qui concerne La croisée des mondes, il s'agit, comme pour Le seigneur des anneaux,
d'autre chose : d'oeuvres personnelles créées par un auteur qui s'est plus ou moins inspiré de légendes anciennes, mais pour faire passer ses propres idées, qui ne sont pas forcément les mêmes.
Par ailleurs, on ne saurait loger à la même enseigne toutes les oeuvres fantastiques ou d'heroïc-fantasy (de la même manière qu'on ne peut loger à la même enseigne Autant en emporte le vent ou Out of Africa
et les romans de Barbara Cartland sous prétexte qu'il s'agit d'histoires d'amour, de même qu'on ne peut comparer Ben Hur ou Gladiator
à Maciste contre Hercule pour la simple raison qu'il s'agit de récits antiques…) Certains sont de simples divertissements, d'autres sont porteurs de sens.
Sur le sens ou les messages de La croisée des mondes, mieux vaut se reporter d'abord à l'oeuvre (écrite d'abord car le film est très édulcoré) pour les percevoir.
Quant à l'Eglise, je ne nie pas son importance ni tout ce qu'elle a apporté et apporte encore. Pour autant, toute force, toute grandeur, contient aussi en elle même ses défauts et ses faiblesses. Et ses contradictions. En être conscient et y réfléchir ne me semble pas une mauvaise chose. Ca ne veut pas dire que l'on méprise qui que ce soit ou que l'on souhaite faire la révolution. Mais il me semble que c'est ainsi que l'on fait évoluer le monde.
Nous sommes donc substantiellement en accord, et croyez bien que je ne range pas dans le même cabas tous les récits féériques (ou mythiques, ou symboliques) et que je fais la part des choses. Reprise d'anciens mythes ou d'histoires récurrentes de l'Humanité, ou créations que je crois bâties ex nihilo, comme celles de l'immense Lovecraft, toutes ces créations (ou adaptations) peuvent, en fonction du talent déployé, apporter un regard intéressant sur la pensée, ou la vie.
Ah non ! votre Honneur ! Je proteste énergiquement contre ce genre de déclaration dominicale qui n'est pas très catholique !!
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