Dans l'Amérique heureuse de 1955, sûre d'elle-même, confiante, optimiste, animée d'un formidable dynamisme, qui a gagné la Guerre et, malgré la Corée, n'a pas commencé à s'enliser sur toutes les terres d'Asie, il y a ce coin italien du Bronx, populaire et paisible où de braves gens sans histoire vivent des jours simples, encore marqués par l'empreinte de la Sicile ou de la Campanie : soutien familial, pratique religieuse et obligation faite à tous de fonder une famille…
Marty, (Ernest Borgnine,On a rarement aussi bien dépeint la solitude des moches, leur souffrance résignée, l'ennui de leurs week-ends grisaillants, l'humiliation devant les prétextes donnés pour leur refuser une sortie ou une danse, l'envie triste qu'ils ressentent devant leurs amis plus chanceux… C'est assez bouleversant, parce que ça a un caractère de fatalité consentie et désespérante. Mais Marty, au contraire de la tragédie d'Extension du domaine de la lutte
n'est pas un film accablé, mais un film plein d'espoir.
C'est là qu'ironiquement l'habituelle déveine, la malfaisance intrinsèque des choses est à deux doigts de faire basculer la belle histoire : ni la mère, ni les copains de Marty ne trouvent la jeune femme à leur goût : pas assez jolie ou non italienne, ou tout et n'importe quoi ; Il y a dans le malheur de nos amis quelque chose qui ne nous déplaît point, écrit subtilement La Rochefoucauld…
Mais nous sommes aux États-Unis en 1955 : il n'est pas concevable que cette jolie aventure se termine mal et Marty va téléphoner à Clara pour la revoir… C'est la dernière image et l'ouverture à ce qui va être.Ainsi narré, le film peut sembler nunuche et mélodramatique ; rien de tout cela ; c'est un film d'une grande dignité, d'une belle hauteur de ton, un film qu'on aime avoir vu. Le pire n'est jamais sûr et, de temps en temps, les choses s'arrangent.
Tout arrive, Monsieur : on a vu des gens heureux !, dit Jules Renard
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