Je suis un fan de ce film digne héritier des films muets, mais étant également un fan du cinéma de Jacques Tati, il faut reconnaître que l'auteur de Mon oncle
a été bien pillé par Blake Edwards
!! Cela dit, en matière de plagiat comme d'Histoire, on pourrait dire "Qu'importe que l'on pille les films du moment qu'on en fasse des chefs-d’œuvres"…
Héritiers de Jacques Tati ? Pas sûr qu'il y en ait beaucoup tant l'héritage est lourd à porter. Il y en a au moins un, Elia Suleiman
dont son Intervention Divine
se situe entre une mise en scène inspirée de Tati
et un personnage proche de Buster Keaton
(le personnage outre qu'il ne parle jamais, ne cligne jamais des yeux et offre un jeu très "masque de cire"…)
Absolument OK avec toi. Benigni est un insupportable cabot démago, jamais sincère, grimacier, etc. Heureusement, son "Pinocchio
" s'est enfin fait démolir par la critique un peu partout. L'aveuglement général sur "La Vie est belle 1997" m'avait laissé sur le cul.
C'était une idée de génie, entre autres, de faire du protagoniste un étranger, un type qui débarque d'un monde qu'on devine tout à fait différent. Certes, on comprend rapidement que chez lui en Inde ou sous n'importe quels cieux, ce type est une catastrophe ambulante ! (Qui sait si ce n'est pas pour ça que ses copains de Bollywood lui ont trouvé un contrat à l'étranger.) Mais ça permet de lui faire faire toutes sortes de choses avec le plus grand naturel. Par exemple, quand il voit un éléphant tout peinturluré, il va de soi pour lui qu'il faut nettoyer la pauvre bête, et plus vite que ça ! Ca permet, pour ainsi dire, d'ajouter à la première couche de gaffes – qui tient à la maladresse insigne du personnage – une seconde couche de gaffes qui tient du malentendu culturel. Dans son genre, ce film est un tour de force peu commun. Dans un décor unique – hormis l'intro sur le drôlatique tournage – et sur un temps très court, accumuler toutes ces bourdes…! Blake Edwards a rarement été aussi inspiré.
Finalement, j'ai été agréablement surpris à la revoyure… De temps en temps, de manière complètement absurde, je m'inflige la vision ou la re-vision de films dont la provenance, l'auteur ou l'esprit, je le sais, ne vont pas me plaire ou ne m'ont déjà pas plu. Cet étrange masochisme, neuf fois sur dix, confirme mon point de vue ; j'avais déjà regardé au moins deux fois La party et je m'attendais à fort peu. Malgré de fortes réserves, je me suis presque ravisé.
Dieu merci tout n'est pas de cet acabit et je serai même bienveillant devant un des gags les plus scabreux qui se puissent, ici miraculeusement assez amusant : le déglinguage de la cuvette des toilettes et le déroulement interminable du rouleau de papier consécutif ; les aventures du mocassin blanc de Hrundi V. Bakshi (Peter Sellers) sont également réussies…
Certains des dialogues sont drôles, comme celui de l'invité porte-poisse et du faux cow-boy devant le grand billard, la musique d'Henry Mancini se laisse agréablement écouter, Claudine Longet
a un joli filet de voix et la soubrette noire (Frances Davis)
un jeu de jambes parmi les plus sexy que j'aie jamais vus. Et puis les étranges esthétiques de la fin des années 60, qu'elles soient vestimentaires ou mobilières me plongent toujours dans un émerveillement narquois. Enfin, comment ne pas entrevoir dans La party
une sorte de parodie des errances et des solitudes cérébralisées de La nuit
ou de Marienbad,
d'Antonioni
ou de Resnais
?
Curieux réalisateur que Blake Edwards soit dit en passant, capable de filmer avec beaucoup de délicatesse Audrey Hepburn
(dans Diamants sur canapé
ou, avec esprit, sa femme, Julie Andrews
(dans Victor Victoria)
mais ne résistant pas non plus à la facilité de tourner huit (8 !) Panthère rose
sans trop regarder à la qualité… Et curieux acteur aussi que Peter Sellers,
précisément Inspecteur Clouseau de la Panthère
sans trop de finesse et pourtant si grand interprète du grand Kubrick
dans Lolita
et dans Dr. Folamour
: un talent qui avait besoin d'être étroitement tenu (je risque la comparaison avec notre Fernandel).
«Il y a des gens qui se tordent de rire devant ça.»
Arca (hochant la tête d'un air navré) : Ah, c'est bien épouvantable.
Fils d'Airplane et de Frankenstein Junior,
neveu de La Party
et de L'Armée Brancaleone,
petit-fils des Temps modernes
et des Vacances de M. Hulot,
je vais le rouge au front !
C'est qu'on ne peut pas tout apprécier, cher Arca…. Vous-même, je crois, n'avez pas d'attirance particulière pour les comédies musicales, ni pour les films affreux du type Cannibal holocaust ou Confession d'un cannibale,
n'est-ce pas ?
Vous avez mille fois raison. On ne peut tout aimer, et en effet dans mon cas la comédie musicale – à moins qu'elle soit sombre, et grinçante, donc lucide, comme All That Jazz que j'ai revu une bonne douzaine de fois étant ado – la comédie musicale, dis-je, n'est vraiment pas ma tasse de thé. Quand au cannibalisme, je le trouve surévalué ; car l'Homme – affaire encore une fois de goûts et de couleurs, me direz-vous sans doute – mais oui, selon moi, l'Homme est filandreux.
L'homme est filandreux, dites-vous ?
On n'ose penser que vous parlez d'expérience ?
En plus, cette blague n'est pas de moi, mais de Goscinny dans Astérix et Cléopâtre.
Obélix: «Je n'aime pas les crocodiles.» (Un temps). «C'est vrai: c'est filandreux…»
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