Les films avec Bette Davis sont pratiquement un genre en soi. Mélodrames intemporels, centrés sur la personnalité d'une femme de tête, égoïste, capricieuse, ces films souvent très longs (2 H 40, ici) négligent les seconds rôles, pour se focaliser entièrement sur la star, présente dans presque toutes les scènes, qui n'hésite pas à utiliser tous les moyens – dont le cabotinage – pour rester le seul centre d'intérêt.
Mr. Skeffington est une sorte de monument à Bette Davis,
même si le postulat de départ est un peu dur à avaler : Fanny est censée être la plus belle femme de New York, constamment entourée de prétendants la suivant partout, la langue dehors. Miss Davis
avait tous les talents, certes, mais pas un physique à la Vivien Leigh.
Le film décolle dans son dernier tiers, quand Fanny est brusquement vieillie par la maladie, et voit le désert se faire autour d'elle. Chapeau bas au maquilleur, car le vieillissement de l'actrice est tellement réussi, qu'elle ressemble exactement à ce qu'elle deviendra dans l'avenir. Certains plans font penser à L'argent de la vieille.
Narcissique, égocentrique, moyennement intelligente, mais étonnamment franche, l'héroïne de Mr. Skeffington est un écrin au jeu singulier de Bette Davis,
et la fin du film (le seul homme qu'elle peut accepter dans sa vie, à présent qu'elle est âgée… C'est un aveugle !) tient carrément de l'humour noir. Le toujours très subtil Claude Rains,
dans le rôle du mari patient et lucide, a trouvé la juste parade à l'ouragan Bette
: l'effacement.
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