La carrière de René Le Hénaff, en tant que réalisateur, ne laissera pas une trace indélébile… Mais ses amitiés et ses collaborations avec les très grands du milieu cinématographique, elles, par contre, se feront ressentir lorsqu'il décidera de transposer à l'écran le plus Balzacien des romans de cet auteur.

Car son talent n'avait pas échappé à Marcel Carné pour qui il monta brillamment Le jour se lève, puis le Quai des brumes . Comme il n'avait pas échappé non plus à Sacha Guitry qu'il accompagna dans l'aventure du Fabuleux destin de Désirée Clary . Et René Clair ne s'y trompa pas qui lui laissa l'insigne honneur de monter A nous la liberté !

Et voilà donc notre homme qui, en 1943, avant de nous offrir Le mystère Saint Val avec Fernandel, et le plaisant Les gueux aux paradis – toujours pas disponible en dvd et comme c'est dommage ! – nous offre un film que je prétends cousu sur l'immense Raimu, lui-même. Dire que cet acteur trouve là le rôle de sa vie ne me paraît pas exagérer. Balzac n'est pas Pagnol, mais René Le Hénaff donne à Raimu l'occasion de s'illustrer dans un rôle dramatique comme Jean Grémillon l'avait fait en 1937 en lui confiant le rôle de L'étrange monsieur Victor. Dans ce film magnifique, bien qu'épuré par rapport au roman, Raimu incarne une force tranquille impressionnante de retenue. Il n'a qu'un geste à faire pour que montagne vacille. Je dois avouer que lorsque je pense à Raimu, ce n'est jamais sans le visage qu'il arbore sur l'affiche du film.

1807… La terrible bataille d'Eylau fait bien des ravages ! Le colonel Chabert, menant ses troupes enfonce le carré des Russes. Puis disparaît englouti sous les morts… Quelques années plus tard, on le retrouve mendiant, déchu de ses droits, de ses titres, inconnu de tous. Il faut dire que les temps ont changés et que l'Empereur n'est plus. Il va donc se présenter à son ancien avoué que remplace depuis peu maitre Derville, magnifiquement interprété par le talentueux Aimé Clariond, et va lui conter sa mésaventure et sa résurrection d'entre les morts. Derville le prendra sous son aile et tentera de faire fléchir la femme de Chabert, interprétée par Marie Bell, remariée au Comte Ferraud, et qui ne tient pas à revoir son vieil handicapé de mari…

Rien ne sera épargné à Chabert. Menaces, tentative d'internement, transactions foireuses, le tout orchestré avec l'aide du veule Delbec, impeccable Jacques Baumer. Devant les frasques du colonel Chabert, maitre Derville finira par baisser les bras et nous retrouverons Hyacinte, de son vrai nom, le colonel Chabert s'enfonçant dans longue nuit de misère et de mendicité…. Jusqu'à ce que le destin fasse que Maitre Crotat, adjoint de Derville ne retrouve par hasard Chabert dans un asile de vieux. Les deux avoués se précipiteront alors, munis des précieux papiers redonnant à Chabert tous ses droits et son rang. Dans un dernier sursaut d'orgueil, il les refusera, préférant finir sa vie avec ses compagnons de misère, les vieux soldats de l'Empereur….

Ici nous est offerte une scène absolument grandiose, sublime d'émotion, où Raimu, de son seul bras restant, porte à sa bouche les fameux papiers et les déchire sous le regard médusé des deux avoués . « C'est lui qui vient de nous faire l'aumône…- » acquiescera Derville , alors que Chabert s'éloigne pour rejoindre les bonnes sœurs de l'asile : « - Elles sont des soldats elles aussi… des soldats de Dieu !  » disait il… Puis la terrible chevauchée d'Eylau accompagnera le générique de fin ….

Je disais plus haut que le roman de Balzac avait été très épuré pour pouvoir le porter à l'écran. C'est une impression personnelle. Nonobstant, la minutie employée par René Le Hénaff pour restituer le changement de régime, les criantes différences de vies de l'époque, et surtout la misère noire de la Restauration est à souligner. Autre aspect singulier de ce film, c'est que l'on pourrait le croire réalisé par Julien Duvivier… Du moins, ce dernier ne l'aurait pas renié. Il faut dire que le beau film Sous le ciel de Paris doit beaucoup à Le Hénaff, ceci expliquant peut être cela… Un immense film ! A mes yeux, oui, le plus grand rôle de Raimu.

Là, Lagardère, tu mérites un beau coup de chapeau pour ton travail !

Vous donnez effectivement envie, Lagardère de découvrir ce film ; je ne pense pas, comme vous, que le colonel Chabert est le plus balzacien des romans de Balzac, mais c'est un texte parmi les plus prenants.

Il y a quelques années, il y a eu une nouvelle adaptation (d'Yves Angelo), dont je me rappelle quelques belles images de la charge d'Eylau, dans la brume glacée ; mais le rôle de Chabert était tenu par Gérard Depardieu qui commençait à nous les casser grave…

D'où l'intérêt de la revoyure….

Ah ! pourquoi cette hargne contre la Restauration ? Après les boucheries napoléoniennes, Louis XVIII était un sacré pacificateur ! C'est comme si vous reprochiez à Conrad Adenauer d'avoir fait moins vibrer les foules allemandes qu'Adolf Hitler….

Depardieu a aussi était Colonel Chabert, je n'en savais rien !

A vrai dire il a tous fait, Cyrano, Danton, Christophe Colomb, Les misérables, Le Comte de Monte-Cristo, Vatel.

Pour un seul acteur, ça fait beaucoup quand même.

Oui, il a AUSSI fait ça ! Mais Depardieu n'est pas Raimu ! Et je me souviens qu'à l'époque, Luchinni avait réduit le grand Aimé Clariond à peau de balle, dans un entretien avec je ne sais plus qui. Lui aussi, il faudrait qu'il se calme. Il nous prend un de ces melons !

Pour répondre à notre ami Simon à propos de Gérard Depardieu, il a été beaucoup de choses mais il n'a pas été Moïse – Richelieu – Gordon Pacha – Michaelangelo – El Cid – Dundee – Marc Antoine – Jules Cesar – et j'en laisse volontairement de côté ! – Mais ne pas savoir qu'il avait été Chabert… là, tu me surprends !

Je savais qu'il existait une deuxième version du Colonel Chabert, mais j'ignorais complètement qu'elle eu été interprétée par Gerard Depardieu.

Depardieu n'est pas Raimu non… mais il restera tout de même un très grand acteur, bouffant du cinéma comme personne et capable de tout jouer.
Et un coup de gueule assez sain de sa part, passé sous silence pendant la promotion de Astérix ou il s'est lâché en ce qui concerne le cinéma et la télévision Française, renforce la sympathie.

http://www.7sur7.be/7s7/fr/1540/Canal-TV/article/detail/145800/2008/01/24/Nikos-est-un-abruti-lance-Depardieu.dhtml

Le showman de la télévision française a fait les frais de la mauvaise humeur du bourru Gérard Depardieu. Nikos Aliagas, roi de la bourde et du pas de danse improvisé, ne mérite sans doute pas cela mais il s'est vu traiter d'"abruti".

En promotion pour le tournage d'Astérix et Obélix aux Jeux Olympiques, le journal suisse 20 minutes a demandé à Depardieu son avis sur les rapports entre télévision et cinéma. "Les chaînes produisent et, comme c'est leur argent, il faut que ça soit plat. Il n'y a plus de créateurs", affirme Obélix, dérapant tout à coup sur le maître de cérémonie de la Star Academy: "Et regardez la télé! Cet abruti de Nikos… Les mecs chantent tous pareil, il n'y a plus aucune invention. C'est nul à chier!".

Depardieu, dont il faut tout de même avouer que les navets pour remplir son frigo valent au moins les chefs d'oeuvre, poursuit sur le règne de l'audience, affirmant que "Plus il y a d'audience, plus c'est con! Selon les chaînes, c'est ce que veut la masse." (7sur7)

ce film existe en VHS chez René Chateau et vu les merveilles qu'il y a dans leur catalogue,je suis tres étonné qu'il ne soit pas encore sortie en dvd.Je ma demande souvent ce qu'ils attendent.meme chose pour le chef-d'oeuvre de l'homme au chapeau rond ainsi que les miserables( harry baur)la tragedie imperiale,crime et chatiment,salonique nid d'espions,la main du diable etc…… pour revenir au colonel chabert,l'interpretation de raimu est comme d'habitude un vrai regal.Quel acteur à eu la france……

Tout Celà est merveilleusement commenté ! Respect. Comme disait Sacha Guitry en s'adressant à ses collaborateurs dans le générique de La poison : "- Je me dois de vous prévenir très honnêtement, Messieurs, que si vous deviez avoir moins de talent, je resterai quand même votre ami…-"