Disons le tout de suite, Brannigan aurait disparu sans le rôle titre : John Wayne
qui change un peu de registre en délaissant ses tenues de westerns pour une tenue de civil. Un peu vieilli déjà, ayant pris un bon embonpoint, il joue le caractère bourru sans problème et réussit même à lui donner une certaine gentillesse (sans doute par refus d’entâcher son image en jouant un flic trop dur). Seulement, il faudra tout de même reconnaître qu’on ne le sent vraiment pas à l’aise dans ce personnage. Il semble un peu trop grand pour le costume qu’on tente de lui faire porter. Que son fils tente de lui faire porter puisque c’est un autre Wayne qu’on trouve à la production, David Wayne
qui a produit depuis les années 60 plusieurs films de son père et qui arrêtera sa carrière à la mort de celui-ci.
Il est vrai que le film n'a rien d'extraordinaire et que le seul souvenir qu'on en garde est la bagarre façon "La taverne de l'Irlandais" dans le pub… Mais à sa façon, Wayne a ouvert la voie aux flics du 3ème âge ! Si on regarde bien, les flics de télé français "Navarro" (79 ans), "Cordier" (idem) et pas mal d'autres ont largement dépassé la limite d'âge.
Wayne avait tourné un autre polar à la même époque : "McQ" de John Sturges, un chouïa meilleur. Mais pas de beaucoup. De toute façon, ce qui est amusant dans ces deux films, c'est que l'acteur a l'air déguisé sans sa tenue de cowboy.
Personnellement John Wayne est ici relativement contestable. Trop vieux. Si vous regardez bien, il y a une scène où il esquisse ne serait-ce que le fait de courir, et on sent bien qu'il est sur le point de s'éparpiller de tous les côtés.
Mais il garde son charme bourru, le charme du décalage.
Le ton, les dialogues, les seconds rôles (dont un tueur très visqueux), les costumes ringuards, le côté OVNI improbable de John Wayne en Angleterre (et dans un rôle de flic, à son âge !), le design aussi, parfois, le choix des décors (extérieurs Londoniens très judicieusement choisis) font de ce film une série B de qualité qui se regarde au second degré.
C'est le charme des années 70.
Le Londres des années 70 est aussi à l'honneur dans un autre film au héros fatigué, mais plus crédible : Le grand sommeil, avec Robert Mitchum (réalisé par Michael Winner)
Que ça a vieilli ! Et le pire n'est pas la photo tristounette, les scènes d'action molles, mais bien la moumoute flappie de Wayne, qu'on voyait quand même moins dans ses westerns, grâce à son Stetson. Que lui a-t-il pris de vouloir devenir flic à presque 70 ans ?
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