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Sujet : Enquiquinant à souhait


De fernel, le 14 août 2005 à 11:30

Donner son avis sur un des emilleurs film de Bresson et de son époque .Dommage qu'il faille chercher sur les sites américains les dossiers les plus intéressants sur lui. .Je me demande parfois si c'est le fait qu'il ne travaillait qu'avec des cteurs non-professionnels qui fait qu'il est si peu diffusé et connu . A.Tarkovski n'avait qu'un maître -avec Bergman- c'était Bresson . Il faut lire ce que ce maître russe a écrit sur lui dans le temps scellé . Toute sa philosophie de l'art et du cinéma fait référence constante à Bresson. Qunat au film Pickpocket il dépasse tout.


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De Impétueux, le 10 septembre 2007 à 11:09
Note du film : 2/6

De temps à autre, culpabilisant de ne pouvoir sentir Bergman, Antonioni ou Godard (j'avoue n'avoir encore jamais vu un Civeyrac !), et poussé par une pulsion masochiste (humaine, hélas, trop humaine !), j'offre en oblation une heure et demie de mon temps précieux à la vision d'un truc dont je crains d'avance qu'il n'entrera pas dans les étroites limites de mon goût qui est, chacun le sait, voué à la gaudriole type Jean Boyer ou Pierre Montazel.

Comme ce masochisme est tout de même mesuré et de bon goût, j'essaye tout de même de choisir quelque chose qui pourrait peut-être me séduire, ou en tout cas éveiller un semblant d'intérêt. C'est pourquoi, voulant aborder l'ascèse bressonienne par sa face la plus aimable, en tout cas la plus accessible, je me suis assis devant ce Pickpocket, vu jadis avec un certain plaisir, aux temps où je voulais devenir Robert-Houdin (en tout cas prestidigitateur), c'est-à-dire aux alentours de ma douzième année.

Quel hiératisme prétentieux ! Des dialogues à la limite du ridicule, des acteurs qui jouent tous plus faux les uns que les autres, des tours de passe-passe dont on voit bien qu'ils ont à peu près autant de chance d'être réussis que ceux du regretté José Garcimore, une musique qui intervient toujours à contretemps, dans les interstices, et non pour soutenir l'action, une histoire d'amour absolument invraisemblable, née de rien, fondée sur rien à quoi on ne croit pas une seconde… (et dont la victime ennuyée et palôte est une Marika Green dont c'était le premier film, et qui fut une bien jolie Bee, dans Emmanuelle, quinze ans après ; faut bien vivre !).

J'ai l'impression que Bresson, à l'instar des rigolos du Nouveau roman, veut ôter tout l'artifice fictionnel de sa réalisation, toute cette somme de conventions absolument indispensables pour donner l'illusion de la réalité (bien qu'elles ne soient pas la réalité : de la même façon que si vous retranscrivez littéralement un dialogue, en n'omettant ni les euh, ni les mmm, ni les redites et les apocopes, vous obtenez de la bouillie, une bouillie vraie, si vous voulez, mais rien de lisible). En d'autres termes, à vouloir filmer sans artifice, il fait un cinéma absolument artificiel.

Je ne dis pas qu'il puisse ne pas y avoir des qualités dans ce parti-pris : Jean Eustache, dans La maman et la putain, est clairement dans cet esprit de se refuser aux conventions : mais c'est foisonnant, emporté, presque lyrique dans l'outrance, alors que Bresson fait dans le janséniste, pire peut-être, dans le calviniste…

C'est pourtant bien filmé, et quelques rares scènes (au bistro) sont intéressantes ; mais c'est trop souvent ennuyeux, et d'une prétention vraiment sans bornes…


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De vincentp, le 28 décembre 2008 à 19:48
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Pickpocket surprend par ses ellipses, ses développements qui versent par moments dans l'invraisemblable… ne s'attachant qu'à cerner la psychologie des personnages, de leurs travers de comportements, de caractères, par le biais de différentes saynètes. On ne sait ainsi que peu de choses des complices d'infortune (parmi eux Pierre Etaix) du kleptomane Michel, même pas leur nom. Le monde dans lequel évolue Michel est en quête de rédemption chrétienne, mais lui, le poète conceptuel, recherche le salut en refusant les lois de la société -et ses éléments de base, tels que l'argent, la propriété privée (il ne ferme pas la porte de sa chambrette), la réussite sociale, le mariage… – par une démarche intellectuelle énigmatique, un peu prétentieuse et égocentrique, enfermé dans une tour d'ivoire d'artiste incompris et en souffrance. Peut-être Michel est-il un intermittent du spectacle en rupture de droits Assedics ?

Ce portrait d'un être qui fait dans la différence est réussi, mais il surprend car Bresson fait un peu comme son personnage, n'appliquant guère les principes d'une écriture cinématographique classique (comme le fait remarquer Impétueux, la musique agit par exemple à contretemps), mettant le spectateur mal à l'aise en le confrontant à un monde parallèle si différent de son quotidien. Comme le cinéaste est talentueux, comme Pickpocket est court (73 minutes), cette représentation du monde nous aura intéressée -pour la plupart d'entre nous-, mais on aura eu le sentiment d'assister à un spectacle moderne peu ordinaire et peu conventionnel.


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De kfigaro, le 29 décembre 2008 à 09:19
Note du film : 6/6

Impétueux cite le surestimé Antonioni dans les rasoirs de service et j'avoue que je lui donne souvent raison mais je ne le suivrais pas ici… pour Bresson, j'ai l'impression qu'il y a tout de même deux périodes, très grossièrement celle en noir et blanc (le sublime et émouvant "Journal d'un curé de campagne" est très loin de l'hermétisme glacé d'un Antonioni, du moins c'est ce que je ressens) et la dernière période en couleur avec des acteurs tous amateurs et que je trouve personnellement nettement plus hermétique et difficile ("La femme douce", "Lancelot du lac" et surtout "L'argent").

"Pickpocket" fait – à mon avis – partie de la période non hermétique et tout à fait accessible au cinéphile de bonne volonté. Certes le jeu corporel des acteurs est volontairement rigide et le ton déjà monocorde (bien plus que dans le "Journal d'un curé de campagne") mais l'intensité du regard de l'acteur principal (et des autres interprètes d'ailleurs, que le cinéaste "pressait" et épuisait comme des citrons pour qu'ils perdent totalement la moindre trace de théâtralité) et la force de l'histoire font toute la différence avec le cinéma réellement plus intellectuel et élitiste comme celui de Godard seconde période ou d'Antonioni en règle quasi générale…


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De Impétueux, le 29 décembre 2008 à 23:21
Note du film : 2/6

Faut-il vraiment être austère, sec, maigre et parcimonieux pour amener à une réflexion qui peut être entraînée par des films virevoltants, lumineux, rapides, brillants ? La question se pose, et bien au delà du cinéma !

Je ne suis pas absolument persuadé que c'est en appuyant sur la gravité du propos que l'on puisse être le meilleur facteur de réflexion ! Le grave Bresson me semble le plus rébarbatif des cinéastes : m'a-t-il mieux fait comprendre, grâce à ses Dames du Bois de Boulogne le mécanisme des cœurs qui souffrent davantage que l'étourdissant Max Ophuls ?


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De Impétueux, le 30 décembre 2008 à 11:18
Note du film : 2/6

Je ne voulais pas dire que les films doivent être gais !!!

J'ai évoqué Ophuls : la première et la troisième histoire du Plaisir, La ronde, Lettre d'une inconnue, Madame de sont tragiques.

Mais filmés sans jansénisme !


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De Arca1943, le 30 décembre 2008 à 13:39

« …il y a des styles virevolants et légers (comme celui d'Ophüls) et d'autres qui baignent dans le tragique (comme celui de Bresson). »

Bien d'accord, mais heureusement la biodiversité n'a rien à voir là-dedans !


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De EGO, le 30 décembre 2008 à 17:31

J'espère, Impétueux, que tu considères les "gaudrioles " à leur juste valeur de "gaudrioles". Jean Boyer a réalisé 'Circonstances atténuantes ' et aussi ' Nous irons à Paris ', Pierre Montazel ( un des meilleurs photographes ciné de son époque ) a livré l'assez goûteux ' Pas de week – end pour notre amour ' dont les cinq premières minutes rendaient hommage aux tourbillonnantes comédies américaines. Avec Berthomieu, Joffé, Brombergé et Gaspard – Huit, et j'en passe quelques autres, Boyer et Montazel étaient des artisans peu inspirés mais soigneux et pas moins laborieux que ces autres là dont on nous dit tant de bien. Il ne faut pas tenir pour mineures leurs respectives contributions ou alors, considérer que chaque film, fût-il signé Bresson, Godard ou Rivette, est à part égale des autres une goutte d'eau dans l'océan filmique Français. Une goutte pas moins importante mais une goutte !

Enfin, tu vas dire que je ne pense qu'à te contredire, si Godard m'est absolument ( et définitivement je pense ) hermétique, si Rohmer me rase et Rivette m'endort, j'ai toujours été captivé par la poésie brute de Bresson. Pour " les Anges du péché ", " Pickpocket ", " Un condamné à mort s'est échappé ", " Mouchette" ou " le Procès de Jeanne d'Arc "…

Joyeuses fêtes à tous, Impétueux inclus

P.


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De Impétueux, le 30 décembre 2008 à 17:53
Note du film : 2/6

???

C'est bien la première fois que je vous lis ici vous exprimer sur Jean Boyer ou Pierre Montazel, ou évoquer Nous irons à Paris. J'ai suffisamment écrit là-dessus pour mal comprendre votre intervention sur un fil qui n'a pas de rapport…


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De EGO, le 31 décembre 2008 à 11:06

Pas de rapport ? Et le fait que les images bougent, ce n'est pas un rapport peut – être ? Ensuite, je vous signale, brave Impétueux, que Boyer, Montazel et gaudrioles était de VOTRE topo auquel je me suis permis ( quel insolent je fais ! ) de répondre ! Enfin, c'est indéniable, les Boyer, les Montazel et autres Zidi auront toujours bonne place en vos critiques. En effet, s'ils n'étaient pas à quoi superposeriez – vous les Bresson, les Rivette et les Godard ? Si tous les films de France étaient signés Bresson ou Godard, comment nos chers intellos feraient -ils valoir leur " distinction cérébrale " ? Alors qu'en boudant la salle où l'on diffuse le Boyer, en l'ignorant superbement pour investir celle où le Godard est joué, ne fait -on pas la preuve par neuf de son goût sûr, de son esprit éclairé, de sa sensibilité artistique acérée ?

Cher Impétueux, je te souhaite d'heureuses fêtes ( ou tout au moins de tranquilles ). Quant à la bonne année, j'ai le sentiment que nous aurons l'occasion renouvelée de nous la mutuellement souhaiter.

Philippe


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De Impétueux, le 31 décembre 2008 à 13:59
Note du film : 2/6

Je ne crois pas avoir jamais écrit une ligne sur un Zidi ! Cela posé, Ego, j'avais, de fait, mal saisi le sens de votre message. Excusez m'en.


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De EGO, le 31 décembre 2008 à 17:40

Vous êtes tout excusé, Impétueux, ceci dit sans condescendance aucune. Notre seul droit les un senvers les autres demeure de nous présenter accesoirement des excuses et aussi de les accepter.

Quant à Zidi, non vous ne l'aviez pas nommé, c'était juste pour dresser un pont depuis Boyer le vieux jusqu'à ses cadets; car enfin, Boyer, Zidi, c'est la même farine, non ? Une farine bon marché mais, au fond, pas si indigeste. Elle peut même aller jusqu'à une certaine subtilité. C'est rare, oui, mais…

Et encore une fois, bonne soirée.

Philippe.


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De vincentp, le 1er janvier 2009 à 10:26
Note du film : Chef-d'Oeuvre

"Créateur d'univers", Bresson l'est assurément. Il nous présente via Pickpocket une histoire d'amour hors norme par ses développements, son final. Il est en effet peu commun de voir des personnages se déclarer leur flamme amoureuse en se frottant leurs joues respectives à travers des barreaux. Et il est réjouissant de voir également que des cinéastes peuvent utiliser pleinement leurs capacités créatrices, sans contrainte.


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De vincentp, le 7 juillet 2018 à 22:20
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Revu sur grand écran, après avoir revu la veille Le procès de Jeanne d'Arc dans des conditions similaires. 75 minutes pour Pickpocket, 65 minutes pour Jeanne d'Arc, avec une impression de perfection formelle et de puissance du propos. Une histoire déroutante, des dialogues étranges, des comportements hors-normes (le commissaire dans Pickpocket par exemple), qui évoquent le cinéma de Dreyer et Tarkovski. Une gestion du temps très particulière, également (une coupure temporelle de deux ans traitées en quelques secondes), et au final tout un univers sur grand écran. La fin de Pickpocket est particulièrement réussie. La gestion des figurants et leur placement dans le cadre, également. Il est sûr que ces oeuvres-là de Robert Bresson seront encore regardées, auscultées, et admirées dans des centaines d'années…


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