…le Prix d'interprétation féminine du Festival des films du monde, ici à Montréal, pour sa performance dans ce beau et sincère film italien de Margarethe Von Trotta. On reconnaît la patte de la réalisatrice – aussi grande comédienne pour ceux qui ont vu Le Coup de grâce – parce qu'il s'agit bien d'un film "sur les femmes", un tantinet militant même. Comme son Straufeuher (1973), quoi ? Un film politique de "revendication féminine" ? Eh bien, oui et non… Car comme il s'agit ici pas de n'importe quelle solidarité féminine, mais de la solidarité entre femmes de magistrats italiens assassinés par la Mafia, ça vous a un je-ne-sais-quoi de prenant et de fort.

Encore une fin de film "très italienne", comme je les aime. Carla Gravina est bouleversante. (Et, bien sûr, elle est encore à cinquante ans belle comme le jour).

Mais aussi un sacré début de film que je vais raconter de mémoire, à titre de teaser. Plan rapproché : visiblement amoureux, Carla Gravina et Jacques Perrin marchent le long d'une plage automnale. Gestes intimes de complicité amoureuse, baisers; superbe mer, vent. Plan général : on voit les quinze hommes d'escorte armés jusqu'aux dents qui font cercle autour d'eux.

Il y a longtemps que j'ai vu Le Long silence, mais je me rappelle m'être fait la réflexion que Von Trotta avait potassé ses classiques pour produire cette séquence d'ouverture digne des meilleurs Damiani ou Montaldo… lequel joue d'ailleurs ici le rôle d'un magistrat.

Ajoutez à ça que c'est nulle autre que la grande Alida Valli, une pyramide du haut de laquelle un demi-siècle de cinéma nous contemple, qui interprète la mère de Carla Gravina !

Rare pendant le film, la musique d'Ennio Morricone éclate, grandiose, à la fin : un superbe requiem, vraiment un des plus beaux morceaux de ce compositeur que j'aie entendus.

P.S. Merci aux autorités compétentes pour avoir introduit cette fiche dans la banque de données.

Ce qui manque terriblement aux variations américaines sur le même sujet, c'est la rage antimafia. Voilà, j'ai trouvé. Quand tu sors de films comme Il giorno della civetta, A chacun son dû, Seule contre la mafia (et là c'est carrément la toute jeune Ornella Muti qu'est seule contre la mafia, alors hein), Lucia et les gouapes, Confessions d'un commissaire de police au procureur de la République, L'Affaire Mori, Un juge en danger, L'Escorte, Le Long silence, Testimonio a rischio et plusieurs autres, tu sors de la salle tenu au corps par la haine de la mafia. Mon sommet personnel : la scène de l'assassinat du crieur de Naples par la Camorra dans I guappi. Ah, les ordures. Porci !

Et soit dit en passant, ce serait pas de refus, un petit DVD de ce film porté sur ses blanches épaules par la poignante Carla Gravina dans son dernier rôle au grand écran.