On à peine à croire que cette Lucrèce Borgia d'Abel Gance
est sortie en 1935, à peu près en même temps que Le crime de Monsieur Lange
de Jean Renoir
ou La bandera
de Julien Duvivier
: on ne se croit pas dans le même cinéma, le cinéma du mouvement, et des dialogues, et des acteurs qui ont compris qu'ils ne jouent pas au théâtre !
La drôle de modernité dont je baptise mon message est tout à fait ailleurs que dans la façon de filmer : elle est dans une audace – toute relative, ne vous réjouissez pas trop vite ! – de filmer la nudité. La charmante et alors toute jeune (28 ans) Edwige Feuillère ne dissimule aucun de ses charmes (menus, mais ravissants) dans une scène de bain en rien pudique, et quelques ripailles et orgies, d'ailleurs bien filmées, révèlent avec une certaine ostentation de jolies poitrines.
Cela dit, comme je n'en suis plus, depuis quelques décennies, à l'âge où je guettais le moindre téton découvert, et que la chose est d'ailleurs devenue si banale, si prime-time que c'en est une pitié (mon pauv'Monsieur !), j'aurais préféré un peu moins de salacité et un peu plus de vigueur dans le maniement de la caméra et dans la direction d'acteurs.
On ne peut pas beaucoup reprocher, certes, à Maurice EscandeLes mouvements de foule sont aussi naïfs que démonstratifs et convenus, proches du cinéma muet : on se croirait, à certains moments, dans L'assassinat du duc de Guise réalisé par Charles Le Bargy
en 1908 ! C'est dire… Comme est naïf et démonstratif le générique métaphorique où, après le nom d'Edwige Feuillère
apparaît une rose qui se couvre de gouttes de sang.
Mais il est tout de même dommage qu'il n'y ait pas la moindre réflexion panoramique, alors même que la fin du 15ème siècle est un des pires moments de l'Histoire de l'Eglise (qui en a connu et en connaîtra beaucoup d'autres) : Alexandre VI Borgia (Roger Karl dans le film) meurt en 1503, et Luther affiche ses 95 thèses sur la porte de l'église de Wittenberg en 1517.
On voit que l'époque est une mine ; mais Gance fait plutôt du roman-feuilleton.
Et vous ne parlez pas de la bande son, qui n'a pas mieux traversé les années. Je n'ai pratiquement rien compris à toute une partie des dialogues.
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