Je vois que ce film est sorti sur DVD en mars 2006. Alors, à tout hasard, je me demandais si quelqu'un ne l'aurait pas vu ? Bourvil dans un film de René Clair
(1961), ça n'est pas une vilaine affiche. Avec Philippe Noiret,
Claude Rich
et même Annie Fratellini,
je serais curieux d'en avoir, disons, un petit aperçu ?
J'ai vu ce film, mais il y a si longtemps… Il est à voir, ne serait-ce que, comme vous le dites, pour sa très riche distribution, notamment en ce qui concerne la galerie des seconds rôles de l'époque (Alfred Adam, Françoise Dorléac, Christian Marin, Paul Préboist, etc.). Le thème – toujours d'actualité – oppose les forces de l'argent aux valeurs traditionnelles de la terre. Bref, j'avais trouvé savoureuse cette confrontation entre le rat de ville / Noiret et le matois rat des champs / Bourvil. Ma note juge un souvenir… Je vais donc essayer de le revoir.
J'appelle pompeusement l'attention sur le message que je viens d'écrire sur C'est arrivé demain où j'écris toute la méfiance que j'éprouve envers René Clair,
méfiance qui m'a retenu d'acheter ce DVD-là… mais si quelqu'un s'y lance, je veux bien réviser mon appréhension…
Je veux bien m'y coller…
A peine le succès triomphal de Fortunat, d'Alex Joffé bu, Bourvil
accepta la proposition de René Clair,
qui avait songé à lui depuis bien longtemps pour faire ce qui l'aurait voulu être une nouvelle version de son chef-d'œuvre A nous la liberté.
Autant Bourvil
appréciait l'univers de Marcel Aymé,
autant celui de René Clair
lui était, sinon inconnu, du moins beaucoup plus étranger. Mais il accepta, car, malin, René Clair
] lui présenta le scénario comme une chronique de la paysannerie de l'époque.
Et, pour dire le vrai , il en est grandement question de cette paysannerie, de ses coutumes et surtout des lois ancestrales qui régissent l'honneur des paysans.
De quoi s'agit-il ? Plus sûrement des procédés de la maffia immobilière (déjà bien ancrée en cette année 1961) face à la naïveté (pas pour autant angélique…) de nos braves paysans, que de la vie de tous les jours de mes compatriotes castillonnais. Car c'est dans ma bonne ville périgourdine que furent tournés les extérieurs de ce film.
Mathieu Dumont, Bourvil vit avec son père Toine, encore Bourvil
dans le joli village de Cabosse , au centre de. la France, du monde, donc, du Périgord. (On est chauvin ou on ne l'est pas!). Une vie bien paisible a garder les moutons, juste entrecoupée par quelques déclarations d'amour maladroites à Rose, Annie Fratellini
qui fait office de serveuse au café du coin. Rien n'aurait dû déranger l'innocence et la béatitude de Mathieu, si les requins de l'immobilier n'avaient pas décidé de bâtir, en lieu et place de Cabosse, le village de Longuevie, sous le fallacieux prétexte que l'air y est pur et que l'on y trouve le plus de centenaires au kilomètre carré !
Et tout va être bon aux requins Philippe Noiret et Claude Rich
pour obtenir le terrain des Dumont. Car si certains paysans se laissent tenter par le bon pécule offert et inespéré, Toine, le patriarche, refuse de vendre la maison ou le père de son grand-père et son père avant lui….. Mais les requins ne renonceront pas ! Et même le patriarche mort, c'est vers Mathieu, l'héritier, qu'ils se tourneront ! Mathieu qui n'a de cesse d'épater Rose ? Qu'à cela ne tienne ! Ils en feront une vedette du music-hall à Paris ! Paris… Notre Mathieu face aux affres de ce qui allait devenir le show-biz. On lui collera une starlette dans les bras, adorable Francoise Dorléac,
il sera ridiculisé à la télévision, chantant pour sa Rose une débilité moutonnesque, rien ne lui sera épargné ! Mais le bon sens paysan va vite reprendre le dessus et les requins vont s'en mordre les doigts. Parce qu'il va les trimbaler, le Mathieu !
D'abord, les ramener au pays ! Puis augmenter les enchères…Se servir d'eux pour régler quelques comptes avec des voisins indélicats. Se servir des journalistes pour reconquérir sa Rose… Bourvil est chez lui dans ce film ! Abruti comme léger quand l'instant le demande. Vieux bouseux enrrrrraciné ou gardien de moutons pré-pubère, il enchante ce divertissement de sa présence d'immense comédien. Entouré d'une flopée de joyeux drilles, Max Elloy, Alfred Adam
entre autres, c'est un récital de ses nombreuses possibilités qu'il nous offre ! Et les requins n'auront pas gain de cause devant ce déferlement d'innocence et de grand air….Et d'ailleurs, le Domaine de Longueville ne se fera pas! Philippe Noiret
mourra d'un arrêt du cœur le jour de l'inauguration …..Car cette histoire à une morale et c'est Mathieu qui nous la livre à la toute fin du film :
-La source de vie, elle coule à la fontaine, au milieu du village ! Et tout le monde peut s'arrêter pour y boire…-
Mille mercis, Lagardère de ce commentaire amusé, détaillé et exhaustif ; le côté paysan-matois-qui-finit-par-rouler-les-gens-de-la-ville n'est pas vraiment ce que je préfère dans le cinéma français, mais vos appréciations sur le jeu de Bourvil vont sans doute me décider !
Le film semble une variation sur la phrase « On devrait construire les villes à la campagne, l'air y est tellement plus pur ! » , attribuée à Alphonse Allais mais qui serait d'Henry Monnier.
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