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Sujet : Narration à tiroirs


De livi, le 23 novembre 2006 à 17:40
Note du film : 5/6

Film très bon mais j'ai eu, personnellement l'impression d'un manque sur ce film, bien sûr ce film est très bien realisé mais véritablement il lui manque cette petite étincelle, cette poignée de cendres qu'on appelle génie et qui fait la différence entre un très bon film et un chef d'oeuvre.


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De lych666, le 11 décembre 2006 à 20:28
Note du film : 5/6

Dernier film d'Inarritu, après Amours chiennes et 21 grammes, le réalisateur reste fidèle à son style de narration à tiroirs, où les destins se recoupent et se lient autour d'un évènement commun.

Dans Babel, l'évènement de liaison est encore plus improbable de par l'influence qu'il va déclencher à la manière de l'effet papillon (un coup de feu tiré par des enfants dans le désert marocain) comparé par exemple à l'accident de voiture d' Amours chiennes et la greffe de coeur de 21 grammes.

Cet evènement va bouleverser le sort de plusieurs familles dont:

  • La famille des deux enfants marocains auteurs du coup de feu.
  • Une famille américaine interprétée principalement par le couple Brad Pitt/Cate Blanchett touristes au Maroc, et leurs deux enfants restés au pays.
  • Une famille mexicaine avec en tête le fameux Gael Garcia Bernal en fougueux chicanos et la nurse des enfants américains interprétée par Adriana Barraza .
  • Une famille japonaise composé d'un homme d'affaire, Koji Yakusho et de sa fille sourde et muette complexée par l'adolescence, la jeune Rinko Kinkuchi .

La force d'Inarritu dans ce film est de jouer avec l'intuition du spectateur qui, s'il connais le ressort dramatique de ce genre de film (notamment les films précédents d'Inarritu, en particulier Amours chiennes), va s'attendre au pire à chaque scène, ce qui crée une tension permanente parfois insoutenable (je pense notamment a une scène avec Garcia Bernal qui fuit la police en conduisant une voiture à toute vitesse avec les deux enfants américains à son bord ou encore la scène de la nurse mexicaine cherchant les enfants dans le désert,on voit ses pieds, on voit des trous dans le sable, moi j'ai directement pensé à la morsure d'un crotale…). Mais le pire n'arrive pas, on ressent alors comme une légère sensation de Happy end qui, quand on y réfléchit bien, est complètement erronée. Je crois d'ailleurs que ce genre de procédé est utilisé dans 21 grammes, il est peut-être encore plus subtil dans Babel.

Inarritu filme beaucoup les visages en gros plan, ce coté collant de la caméra a un effet frustrant car il est en contraste avec les distances, différences et incompatibilité communicative que peuvent ressentir les personnages avec autrui et les cultures étrangères. Les rares contacts charnels entre les personnages deviennent alors plus chaleureux et émouvants. Cette distance et ce malaise dans la communication est accentué par la désinformation des médias jouant avec les clichés et interprétant l'acte des enfants comme un acte terroriste accentuant la terreur des touristes et la colère du spectateur.

L'interprétation est impeccable, très posée car le film ne necessite aucun cabotinage, Brad Pitt qui commençait à m'agacer avec son jeu répétitif du gars qui parle avec ses doigts et ses mimiques (n'en déplaise à ses admirateurs), joue de manière sobre avec maturité et vieillit de dix ans. Tous les autres s'en tire à merveille.

Bref, injustement critiqué de manière négative à sa sortie par des soi disant professionnels qui s'attardent à rechercher les défauts du décalage horaire (ce qui est complètement faux étant donnée la structure narrative du film) où encore à médire sur le style d'Inarritu qui à leur goût serait prétentieux, je me permet de leur signaler que le film Babel n'a coûté que 25 millions de dollars comparé à les bronzés 3 qui a coûté 35 millions d'euros (!)

j'encourage donc tous ceux qui aiment le cinéma dépaysant à aller voir ce très bon film… A bon entendeur…


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De PM Jarriq, le 24 février 2007 à 12:54
Note du film : 4/6

Babel parle de quoi, exactement ? De l'effet papillon ? Du péril des armes à feu ? De la difficulté à élever des enfants dans le monde actuel ? Du danger à oser mettre un pied en dehors des U.S.A. (que ce soit au Maroc ou au Mexique) ? Le message n'est pas des plus clairs, même si le film se laisse regarder avec plaisir et curiosité. La nécessité du vieillissement au latex de Pitt ne m'apparaît pas comme une évidence, et finit par être distractif. Brillant dans la forme, comme l'était 21 grammes, Babel est plus confus. A revoir, sûrement…


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De droudrou, le 24 février 2007 à 17:05

Je me suis fait la même réflexion quand les médias ont commencé à évoquer ce film et que j'ai jeté un oeil (!…) sur les extraits qui m'étaient proposés sur le Net. De fait, il figure parmi mes intentions d'achat.

La question qui ressort c'est le choix du titre, "Babel" dans la bible étant une valeur symbole. "Est-ce que, justement, au sortir du film, on a l'impression d'une valeur symbole ?" ou : "est-ce que l'aspect narratif utilisé par le metteur en scène amène une confusion et que différents récits se mêlant les uns les autres ne créent et renforcent cette même confusion ?".

Je ne cache pas que je suis actuellement surpris par la prolifération de films qui susciteraient l'envie d'être vus…


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De Gaulhenrix, le 22 juillet 2007 à 12:02
Note du film : 5/6

Je viens – enfin ! – de voir Babel en Dvd. Et j'ajoute mon grain de sel (ou mon miel) aux vôtres…

On peut déjà noter que le point de départ du film et le lien entre les trois récits ont pour objet un « fusil ». Le symbole est limpide. Si, d'autre part, on se réfère au titre « Babel », qui évoque la tour biblique éponyme, représentant le châtiment divin de l'arrogance humaine, l'incommunicabilité et, donc, la discorde, le film prend tout son sens : le monde va mal !

Et la raison en est notre égoïsme qui nous interdit de nous intéresser à autrui et notre incapacité à aimer notre prochain, qu'il soit différent par sa culture et ses traditions (Maroc, Mexique / Etats-Unis), sa classe sociale (touriste / autochtone, maître / domestique), sa fonction (citoyen/policier) ou son sexe (femme gibier soumis / homme chasseur dominateur). Le personnage de la jeune japonaise – sourde, muette, et malade de solitude – est suffisamment révélateur (se mettant, au sens propre, à nu, elle ne suscite que la gêne et une vague compassion).

Un propos, certes peu original (mais ô combien juste !) porté par un film qui multiplie les scènes fortes pour dénoncer toute l'absurdité de notre monde.

"Est-ce ainsi que les hommes vivent ?", s'interrogeait déjà Aragon


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De paul_mtl, le 22 juillet 2007 à 13:27

le monde va mal.

Voila Gaulhenrix qui philosophe. Le monde ne va pas si mal que les medias de masse le disent pour attirer notre attention et notre argent.

Et la raison en est notre égoïsme qui nous interdit de nous intéresser à autrui et notre incapacité à aimer notre prochain, qu'il soit différent …

Rien de pire qu'un égoiste qui veut pas s'assumer comme tel et veux partager sa 'culpabilité' avec les autres. hahaha (Depuis que je suis au Canada, j'apprend petit à petit à devenir plus égoiste et libre.) Ce message me fait penser a un preche de chretien (qui rime bien avec cretin tu remarqueras au passage). As tu déja vu bcp de kamikaze (ou un soldat) 'tres égoiste' se sacrifier pour une cause (l'amour de sa communauté ou sa religion) qui dépasserait l'amour de soi ? Quoi ? Ceux qui sont les donneurs d'ordre le sont. Mouais parfois mais ils s'exposent eux-même à des risques sérieux pour leur liberté (prison).

L'égoisme seul n'explique pas par exemple l'attitude du chretien Bush Junior (interet financier privé dans le pétrole). Il faut ajouter la bétise humaine quand elle dirige (démocratiquement ou pas) de grande population. Des qu'un politicien au pouvoir (ou un auteur a succes) est idiot c'a des impacts négatifs sur ceux qui lui obéissent (ou lisent/écoutent) et d'autres indirectement de cette action.

Reste que l'homme n'a pas d'autre predateur que lui-même. Soit 1. nous controlons mieux notre natalité en fonction de nos ressources naturelles, nous développons mieux l'art de la diplomatie, du dialogue et notre tolérance à la difference soit 2. nous regardons les actes violents, guerres et actes terroristes aux JT comme au cinema.

Ouf, j'ai bouclé la boucle.


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De Gaulhenrix, le 22 juillet 2007 à 17:52
Note du film : 5/6

Mon texte ne visait à rien d'autre qu'à rendre compte du propos d'Innaritu dans son film Babel – du moins tel que je l'ai compris.

Tes commentaires, Paul_mtl, seraient peut-être à adresser au réalisateur…


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De vincentp, le 12 août 2009 à 23:20
Note du film : 2/6

La mise en scène est brillante, les prises de vue magnifiques. Il y a un langage original, d'auteur véritable, qui a été décrypté en partie par Lych666, un peu plus haut. On peut ajouter que Inarritu "mitraille" de plans fixes, sous divers angles, les décors dans lesquels se nouent les intrigues (par exemple, le village marocain, à l'arrivée du car). Ceci tend à confèrer un caractère d'authenticité au sujet. Le quotidien "le monde" dit au sujet de Babel logiquement ceci : "cette quadruple intrigue permet à Inarritu de mettre en valeur sa virtuosité narrative et sa maitrise de la direction d'acteurs".

Moi, j'ai trouvé ce film surtout insupportable, pour les raisons suivantes.

1) Les personnages sont tous plus cons les uns que les autres (excepté quelques marocains) et ils enfilent les conneries invraisemblables comme des perles. On a l'impression que la vérité est détenue par l'équipe de tournage, qui délivre les bons et mauvais points. Et que les erreurs des personnages servent surtout à bâtir des effets mélodramatiques. L'histoire sordide de la baby-sitter mexicaine ne mérite pas de s'y attarder et d'y consacrer 45 minutes.

2) L'effet papillon, dont parle Lych666, est mal illustré : les enchainements sont mécaniques, exagérés, et répétitifs. on s'étonne à un moment que la baby-sitter n'ai pas provoqué une panne d'électricité pour l'ensemble du territoire des États-Unis en faisant des crêpes.

3) Ce récit pratique une surenchère nauséabonde d'effets mélodramatiques. Par exemple, Kate Blanchett emmenée à l'hôpital : elle risque la gangrène, d'après le chirurgien qui va l'opérer (bonne idée que d'affoler son mari pour rien).

4) Des invraisemblances, comme cette histoire mal gérée de décalage horaire, qui va à l'encontre de l'ambition de réalisme à l'origine de ce film.

5) Le sens du film n'est pas clair. On comprend que Inarritu cherche à montrer la dimension affective qui sommeille dans chacun, et prône la tolérance et l'humanité, au-delà des procédures. Or, trop d'effets larmoyants affadissent son propos. Son style fait penser à celui de CNN, source institutionnalisée d'exagérations, et d'absence de hiérarchisation des faits diffusés.

Ce film montre que l'on ne peut pas raconter n'importe quoi, avec de mauvais arguments, en faisant preuve de démagogie, voire de populisme, et que le fond, au cinéma, a autant d'importance que la forme.

Sur la vie en Afrique, le choc des cultures, mieux vaut redécouvrir la captive du désert de Raymond Depardon, plus réfléchi, plus sobre, et plus mature.


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De Laurent Ermont, le 4 avril 2017 à 23:41

Scénario habile mais roublard (prévisible),plus c'est long plus c'est bon dit le dicton(n'est-ce pas Dessablons…) Mais quand vient la fin de ce film,quelle soulagement…


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De Impétueux, le 9 avril 2019 à 21:44
Note du film : 4/6

Qu'est-ce que c'est que la virtuosité, qualité essentielle, mais non suffisante qui échoit en partage à certains artistes, qui appelle à en admirer l'éclat, le brio et le brillant, mais qui porte en elle-même ses limites ? L'histoire de la musique a retenu le nom de Niccolo Paganini comme un violoniste dont on n'hésitait pas à qualifier le jeu de diabolique, paraissant surmonter les pires difficultés avec une grande facilité, mais il n'occupe pas, dans l'histoire de la musique, une autre place que celle d'un instrumentiste souverainement doué. Et, par conséquence, d'un interprète aux capacités un peu vaines, réservées à l'éclat, mais nullement à la profondeur.

Après avoir regardé Babel, je suis allé regarder si j'avais déjà vu quelque chose de son réalisateur, Alejandro González Inárritu. Et je me suis aperçu avec un certain effarement que j'avais donné à un de ses films, qui s'appelle 21 grammes, une bonne note et une appréciation sympathique. Mais le mauvais côté, c'est que je ne me souviens absolument pas du film que j'ai vu pourtant il y a trois ans à peine. J'admets bien volontiers que mes facultés mémorielles disparaissent à grande allure et que mon cerveau est de plus en plus transpercé par les vermisseaux du bon docteur Alzheimer, mais tout de même je m'étonne de cet oubli.

Et, en fait, je ne m'en étonne pas : en réfléchissant à la structure complexe et subtile de Babel, je me dis qu'il est évident que cette construction sophistiquée l'est trop, précisément, pour laisser des traces profondes dans une mémoire d'un spectateur qui a vu, tout de même une palanquée de films de toutes époques, nationalités, genres et qualités. C'est tout à fait impeccable et séduisant, on prend du plaisir à suivre le réalisateur dans les méandres les plus compliqués de son histoire, on repère ici et là les finesses et les exploits, mais ça ne laisse pas davantage de traces qu'un de ces gros romans de plage que certains dévorent, l'été venu, en en tournant fébrilement les pages.

Trois histoires montrées en parallèle, dans des environnements absolument différents, liées par des fils solides pour deux d'entre elles, plus ténus pour la troisième. Richard et Susan Jones (Brad Pitt et Cate Blanchett) sont partis dans le Sud marocain essayer de rebâtir en voyage organisé leur couple qui bat de l'aile. Ils ont laissé leurs jeunes enfants, Debbie (Elle Fanning) et Mike (Nathan Gamble) aux États-Unis à la garde de leur nourrice mexicaine Amelia (Adriana Barraza). Voilà qui fonctionne simplement. Mais à l'autre bout du monde, au Japon, voilà que la caméra se braque sur un groupe de jeunes filles sourdes et muettes, d'où émerge vite la figure révoltée et presque agressive de Chieko (Rinko Kikuchi), dont la mère s'est suicidée peu de temps auparavant. Chieko, isolée par son infirmité et dont les désirs sexuels sont aussi intenses qu'inassouvis. On ne saura qu'à l'extrême fin du film quel rapport, à la fois ténu et considérable rassemble cette histoire-là et les deux autres.

J'y reviens : tout cela est très ben fait, filmé avec autant de moyens que de talent par Inarritu : on suit avec anxiété les mésaventures marocaines du couple Jones lorsque Susan est accidentellement gravement blessée par Yussef (Boubker Ait El Caid), un gamin qui a voulu tester la portée de la carabine que vient d'acheter son père pour abattre les chacals qui menacent son troupeau de chèvres. Les séquences filmées autour de la cabane misérable où vit la famille, d'une tonalité presque documentaire, sont d'ailleurs sans doute les meilleures de Babel. À peu près en même temps, la nourrice Amelia, qui n'a pu trouver personne pour la remplacer pendant une journée, en un coup de folie, emmène les deux jeunes gringos de l'autre côté de la frontière, dans le redoutable Mexique, au pétaradant mariage de son fils. Le retour du bon côté du Rio Grande frôlera le tragique. Pendant ce temps là, au Japon, Chieko fait tout ce qu'elle peut pour perdre son pucelage.

Tout cela s'emboîte parfaitement, même si, au bout du compte, on s'aperçoit des trucs que le magicien empile, ne cessant. de faire monter la tension dramatique que pour la faire immédiatement redescendre. En fait, on se demande un peu ce que le réalisateur a voulu dire ; le côté battement d'aile du papillon souvent mis en exergue, est bien fragile. Alors, le titre ? Sans doute, mais qu'est-ce que Babel, cette fois que l’Homme a voulu faire le malin, comme disait Charles Péguy ? Dimension topologique ou confusion des genres ?

On ne voit pas trop. Je suppose que j'oublierai aussi vite Babel, qui m'a diverti, que j'ai oublié 21 grammes, mêmement apprécié..


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