Sans doute l'une des oeuvres les plus abouties de Welles, réalisant avec brio un film sur la noirceur humaine, et la folie en général, il faut garder de tout cela la sublime musique de Mancini,
la photographie superbement entretenue de Russell Metty
et le scenario tiré d'un roman tout droit sortie de l'univers hamletien, bref que du bonheur qui je l'espère sortira le plus vite possible en DVD zone 2.
Que dire sur Welles, si ce n'est que son homonyme britannique lui ressemble en plusieurs points, le génie tout d'abord car comme la guerre des mondes, Welles l'a adapté et fait de l'Amérique en quelques heures l'un des pays les plus abrutis du monde, entendez par là la stupidité de la société moderne otage de l'information bible et du tout puissant big brother, ensuite l'inventivité et la sensibilté car, comme chez Dickens, Welles réinvente d'une certaine manière l'univers de personnages en quête de destinée et qui la plupart du temps sont perdus dans ce monde fou, le petit Kane et son traineau, Arkadin et son appétit d'amis, Joseph K. et la quête d'une justice à double vitesse, il faudra dire qu'en définitive le monde de Welles est tel que son homonyme le décrivait chez l'explorateur du temps, un homme d'aujourd'hui à la recherche de ce qu'il est dans le futur sans pour autant renier son passé.
Je viens de revoir ce film et de me rendre compte du chef-d'oeuvre qu'il est. La réalisation de Welles atteind dans La Soif Du Mal un niveau d'aboutissement parfait et dégage une grande puissance à mes yeux. Il y a bien sûr cette longue séquence d'ouverture, mais surtout de nombreuses scènes d'une grande complexité et d'une audace impressionnante (les scènes de violence par exemple). Tout réside dans l'harmonie qui s'opère entre la complexité des plans et l'utilisation presque expérimentale du son; cela crée un spectacle visuel délirant et flamboyant.
L'ambiance dans laquelle baigne le film est on ne peut plus noire et poisseuse. Welles incarne l'un des grands psychopathes du film noir (ripou, alcoolique, il est assez terrifiant) et en face de lui Heston, flic incorruptible, résiste plutôt bien à sa présence.
Cormega ! le seul personnage de "La soif du mal" qui me dérange est Janet Leigh (je ne sais plus s'il y a un "t") – Elle m'emmerde : je retrouve des équivalences avec "Psychose" tout en sachant que "Psychose" a été tourné bien après "La soif du mal". Par contre, c'est vrai que c'est l'horreur et qu'il est une paire de moments qui demeurent de vrais morceaux d'anthologie (anthologie ou enthologie ?) – c'est la vieillesse qui se fait sentir – par contre, si le film doit beaucoup à Welles, il doit aussi beaucoup à Charlton Heston qui, il me semble, était à la base du projet et avait plebicité Welles. Il est aussi dommage que nous ayons dû attendre aussi longtemps pour qu'il refasse un cycle par le biais du DVD.
Ce que je trouve dommage, par contre, c'est que l'image noir et blanc passe aussi mal de nos jours. A l'époque de la sortie du film, elle était dans la ligne des films de Welles, conforme à l'idée de Welles par rapport à l'image de cinéma. Aujourd'hui, j'aurai la nette impression qu'elle dessert le film dans la mesure où elle me rend impatient.
C'est un avis. C'est aussi un avis de photographe. J'attends les réponses des uns et des autres.
En attendant, je suis d'accord : il faut avoir "La soif du mal" dans sa DVD-thèque.
La soif du mal est un film que j'ai toujours admiré sans réellement l'aimer. Il y a là-dedans une forme de prétention à refuser le récit linéaire, à accumuler les sous-entendus et "bons mots", à privilégier la forme au fond, qui empêche qu'on se passionne pour le film. Bien sûr, c'est admirablement maîtrisé au niveau de la photo et du cadre, bien sûr Welles
est étonnant, mais n'est-ce pas au détriment de l'histoire ? Il relègue Heston
au rang de spectateur, l'enterre sous un maquillage grotesque, et s'accapare la vedette, déséquilibrant le récit. Je sais bien que c'est un film adulé, sanctifié, un phare pour beaucoup, mais… Nobody's perfect.
Non, je ne crois pas que Heston soit relegué au rang de spectateur (il l'est juste dans le sens où il est dépassé par les événements pendant la majeur partie du film avant de redresser la situation), son jeu assez subtil lui permet justement de ne pas se faire écraser par Welles.
Quant à la photo, je ne suis pas du tout photographe, mais simplement je dirais que je la touve magnifique. il me semble qu'elle ait fait l'objet d'un travail scrupuleux avec l'utilisation de nombreuses variations dans les teintes (densité et couleurs) pour obtenir certains effets.
Possible au niveau de la photo mais à un certain moment elle finit par m'épuiser. Même si on sait qu'Orson Welles est un ripou, l'action manque par trop de rythme pour qu'on accepte de suivre autre chose… Du coup, je revois ma note de 5 à 3 !
Une production soutenue par le regretté Charlton Heston, me suis-je laissé dire. Et (refrain) il y a Akim Tamiroff
!
Au fait – voici une parfaite digression – vous ne trouvez pas que Janet Leigh n'a vraiment pas de chance avec les motels ? Après avoir été séquestrée, envahie, terrorisée, droguée au peroxyde d'azote dans La soif du mal
en 1958, elle sera deux ans plus tard assassinée au rasoir dans sa douche par Norman Bates (Anthony Perkins)
dans Psychose,
le meilleur film d'Alfred Hitchcock
; il y a, comme ça, des rôles et des destins qui marquent un personnage, n'est-ce pas ?
Reste l'atmosphère étouffante de la petite bourgade de Los Robles, ville-frontière entre États-Unis et Mexique, cette sensation poisseuse, malsaine de crasse et de corruption que l'on ressent presque physiquement. Et l'image bizarre de Marlène Dietrich, costumée en Tanya, gitane très brune, un peu pute, un peu diseuse de bonne aventure, que Quinlan fascine et qu'elle ne peut pas sauver de lui-même.
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