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Forum : La Soif du mal

Sujet : Noir


De powell, le 12 décembre 2003 à 18:52

Sans doute l'une des oeuvres les plus abouties de Welles, réalisant avec brio un film sur la noirceur humaine, et la folie en général, il faut garder de tout cela la sublime musique de Mancini, la photographie superbement entretenue de Russell Metty et le scenario tiré d'un roman tout droit sortie de l'univers hamletien, bref que du bonheur qui je l'espère sortira le plus vite possible en DVD zone 2.

Que dire sur Welles, si ce n'est que son homonyme britannique lui ressemble en plusieurs points, le génie tout d'abord car comme la guerre des mondes, Welles l'a adapté et fait de l'Amérique en quelques heures l'un des pays les plus abrutis du monde, entendez par là la stupidité de la société moderne otage de l'information bible et du tout puissant big brother, ensuite l'inventivité et la sensibilté car, comme chez Dickens, Welles réinvente d'une certaine manière l'univers de personnages en quête de destinée et qui la plupart du temps sont perdus dans ce monde fou, le petit Kane et son traineau, Arkadin et son appétit d'amis, Joseph K. et la quête d'une justice à double vitesse, il faudra dire qu'en définitive le monde de Welles est tel que son homonyme le décrivait chez l'explorateur du temps, un homme d'aujourd'hui à la recherche de ce qu'il est dans le futur sans pour autant renier son passé.


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De cormega, le 22 octobre 2006 à 17:26
Note du film : 6/6

Je viens de revoir ce film et de me rendre compte du chef-d'oeuvre qu'il est. La réalisation de Welles atteind dans La Soif Du Mal un niveau d'aboutissement parfait et dégage une grande puissance à mes yeux. Il y a bien sûr cette longue séquence d'ouverture, mais surtout de nombreuses scènes d'une grande complexité et d'une audace impressionnante (les scènes de violence par exemple). Tout réside dans l'harmonie qui s'opère entre la complexité des plans et l'utilisation presque expérimentale du son; cela crée un spectacle visuel délirant et flamboyant.

L'ambiance dans laquelle baigne le film est on ne peut plus noire et poisseuse. Welles incarne l'un des grands psychopathes du film noir (ripou, alcoolique, il est assez terrifiant) et en face de lui Heston, flic incorruptible, résiste plutôt bien à sa présence.


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De droudrou, le 22 octobre 2006 à 21:42
Note du film : 3/6

Cormega ! le seul personnage de "La soif du mal" qui me dérange est Janet Leigh (je ne sais plus s'il y a un "t") – Elle m'emmerde : je retrouve des équivalences avec "Psychose" tout en sachant que "Psychose" a été tourné bien après "La soif du mal". Par contre, c'est vrai que c'est l'horreur et qu'il est une paire de moments qui demeurent de vrais morceaux d'anthologie (anthologie ou enthologie ?) – c'est la vieillesse qui se fait sentir – par contre, si le film doit beaucoup à Welles, il doit aussi beaucoup à Charlton Heston qui, il me semble, était à la base du projet et avait plebicité Welles. Il est aussi dommage que nous ayons dû attendre aussi longtemps pour qu'il refasse un cycle par le biais du DVD.

Ce que je trouve dommage, par contre, c'est que l'image noir et blanc passe aussi mal de nos jours. A l'époque de la sortie du film, elle était dans la ligne des films de Welles, conforme à l'idée de Welles par rapport à l'image de cinéma. Aujourd'hui, j'aurai la nette impression qu'elle dessert le film dans la mesure où elle me rend impatient.

C'est un avis. C'est aussi un avis de photographe. J'attends les réponses des uns et des autres.

En attendant, je suis d'accord : il faut avoir "La soif du mal" dans sa DVD-thèque.


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De PM Jarriq, le 23 octobre 2006 à 09:08
Note du film : 3/6

La soif du mal est un film que j'ai toujours admiré sans réellement l'aimer. Il y a là-dedans une forme de prétention à refuser le récit linéaire, à accumuler les sous-entendus et "bons mots", à privilégier la forme au fond, qui empêche qu'on se passionne pour le film. Bien sûr, c'est admirablement maîtrisé au niveau de la photo et du cadre, bien sûr Welles est étonnant, mais n'est-ce pas au détriment de l'histoire ? Il relègue Heston au rang de spectateur, l'enterre sous un maquillage grotesque, et s'accapare la vedette, déséquilibrant le récit. Je sais bien que c'est un film adulé, sanctifié, un phare pour beaucoup, mais… Nobody's perfect.


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De cormega, le 23 octobre 2006 à 09:38
Note du film : 6/6

Non, je ne crois pas que Heston soit relegué au rang de spectateur (il l'est juste dans le sens où il est dépassé par les événements pendant la majeur partie du film avant de redresser la situation), son jeu assez subtil lui permet justement de ne pas se faire écraser par Welles.

Quant à la photo, je ne suis pas du tout photographe, mais simplement je dirais que je la touve magnifique. il me semble qu'elle ait fait l'objet d'un travail scrupuleux avec l'utilisation de nombreuses variations dans les teintes (densité et couleurs) pour obtenir certains effets.


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De droudrou, le 23 octobre 2006 à 11:35
Note du film : 3/6

Possible au niveau de la photo mais à un certain moment elle finit par m'épuiser. Même si on sait qu'Orson Welles est un ripou, l'action manque par trop de rythme pour qu'on accepte de suivre autre chose… Du coup, je revois ma note de 5 à 3 !


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De Arca1943, le 30 mai 2008 à 14:17
Note du film : 6/6

Une production soutenue par le regretté Charlton Heston, me suis-je laissé dire. Et (refrain) il y a Akim Tamiroff !


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De Impétueux, le 25 septembre 2020 à 21:40
Note du film : 3/6

C'est à peu près toujours la même affaire avec Orson Welles : on s'enthousiasme, s'émerveille, s'ébahit sur sa capacité à faire surgir des images surprenantes, magnifiques, angoissantes, attachantes et on se retrouve, en même temps, plongé dans une sorte de capharnaüm narratif où le récit semble se compliquer à l'envi lorsqu'il veut bien ne pas se disperser dans une sorte de fouillis. C'est sans doute pourquoi, en ayant beaucoup admiré et guère apprécié Citizen Kane, La splendeur des Amberson et Dossier secret, j'ai tranché que les deux films de Welles que je préfère sont ses adaptations des pièces de Shakespeare, c'est-à-dire Othello et plus encore Macbeth. Tenu, enserré, corseté par les textes, Welles pouvait donner libre cours à son génie de la mise en scène.

Et ce n'est pas La soif du mal qui va me faire revenir sur ce point de vue : je dirais même que le film, au titre excessif et grandiloquent, illustre et entérine absolument mon jugement : scénario à la fois touffu, mal fichu et mal conté, à peu près incompréhensible durant la première heure, à peu près sans intérêt jusqu'à sa conclusion (où, il est vrai, il prend une dimension forte) mais ensemble de séquences superbement tournées et surgissement au plus profond de la nuit de caractères, de trognes, de personnalités séduisantes et vénéneuses. En d'autres termes, coexistence d'un récit filmé plutôt ennuyeux (et qui paraît même ennuyer ceux qui l'interprètent) et d'une virtuosité technique, imaginative, esthétique absolument exceptionnelle. Toute la question est de savoir si ça suffit à contenter l'honnête amateur.

Toute la question, donc. Est-ce bien la peine de filmer un plan-séquence d'une qualité, habileté, élégance magnifiques, ce plan qui ouvre le film et où des tueurs placent dans le coffre arrière de la voiture du potentat local une charge de dynamite pour en tirer si peu ? Pour, en tout cas, s'installer immédiatement ensuite dans une assez banale histoire de trafic de drogue, de guérilla entre la police et les potentats locaux et, in fine de la paranoïa qui anime le capitaine Hank Quinlan (Orson Welles himself), réputé policier exceptionnel, capable de tous les exploits, capable d'apporter aux tribunaux, dans toutes les affaires les plus compliquées, les preuves les plus irréfragables. Et d'un conflit larvé entre Quinlan et Miguel Vargas (Charlton Heston), policier mexicain de haut niveau et de grande importance, qui vient juste d'épouser la charmante Susan (Janet Leigh) (et aura bien du mal à célébrer sa nuit de noces).

Au fait  – voici une parfaite digression – vous ne trouvez pas que Janet Leigh n'a vraiment pas de chance avec les motels ? Après avoir été séquestrée, envahie, terrorisée, droguée au peroxyde d'azote dans La soif du mal en 1958, elle sera deux ans plus tard assassinée au rasoir dans sa douche par Norman Bates (Anthony Perkins) dans Psychose, le meilleur film d'Alfred Hitchcock ; il y a, comme ça, des rôles et des destins qui marquent un personnage, n'est-ce pas ?

Je sais bien que La soif du mal a été charcutée, découpée, abîmée par les producteurs et reconstituée tant bien que mal par Orson Welles ; c'est le sort de tant et tant de productions aux États-Unis, pays du fric-roi où les créateurs artistiques sont vus de haut par les financiers que l'on comprend aisément que Stanley Kubrick ait fui dès qu'il l'a pu ce panier de crabes. Welles ne l'a pas souhaité ou ne l'a pas pu, l'affaire est entendue. C'est bien pour cela qu'on doit avoir une grande indulgence pour un film dont le scénario part à peu près dans tous les sens et où, ce qui est plus grave encore, les personnages n'ont strictement aucune épaisseur psychologique. On apprend ici et là, par raccroc, quelques éléments sur les personnages, mais qui ne suffisent pas à éclairer leurs physionomies. Et les mystères (quand la femme de Quinlan/Welles a-t-elle été étranglée ? par qui ? pourquoi ?) sont posés, simplement posés, sans servir de rebond au scénario… Voilà qui est décevant.

Reste l'atmosphère étouffante de la petite bourgade de Los Robles, ville-frontière entre États-Unis et Mexique, cette sensation poisseuse, malsaine de crasse et de corruption que l'on ressent presque physiquement. Et l'image bizarre de Marlène Dietrich, costumée en Tanya, gitane très brune, un peu pute, un peu diseuse de bonne aventure, que Quinlan fascine et qu'elle ne peut pas sauver de lui-même.


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