Moins célèbre, bien que peut-être considérée comme la plus fidèle adaptation de Docteur Jekyll et Mister Hide signé Steveneson, Le testament du Docteur Cordelier n'est pas l'œuvre la plus marquante dans la carrière de Jean Renoir.
Or, le film détient bien le venin nécessaire à captiver le spectateur durant toute sa longueur. Le très théâtral Jean-Louis Barrault
incarne un troublant double-rôle (Docteur Cordelier et 'Opal'), face à d'inquiétants personnages, campés par des acteurs surtout issus de la télévision. Une fiction qui marque en effet le début de l'ère des téléfilms – nous sommes en 1959 -, que Renoir incorpora presque par obligation, même si le film sortit finalement dans les salles en 1961. Car le réalisateur, parti émigrer aux States, n'attire plus vraiment les producteurs de cinéma, et doit se résoudre à utiliser les fonds mineurs et le matériel moins sophistiqué de la petite lucarne. Heureusement, Le Déjeuner sur L'herbe la même année, et Le Caporal Epinglé,
trois ans plus tard, donneront tort à ceux qui ne voulaient plus de lui. Quant à ce film-ci, on peut dire que sa teneur dramatique a plus que bien passé le cap du temps, et que tous les ingrédients sont réunis pour nous tenir en haleine. On en oublierait totatelement que le (télé)film ne fut tourné qu'en à peine dix jours. Très cocasse par ailleurs, la présentation du film par le réalisateur lui-même, ici (soi-disant) en direct de la défunte ORTF, tel qu'aurait pu l'imaginer un Hichcock par exemple…
Mais quelle mouche a piqué l'auteur de La grande illusion, de La bête humaine,
qui a osé nous pondre ce remake grotesque, accablant, ridicule du célèbre Dr. Jekyll et Mr. Hyde. C'est mauvais à souhait ! Les apparitions de Jean-Louis Barrault,
déjà bien horripilant en docteur Cordelier,
quand il devient Opale le monstre, sont d'un risible, d'une bouffonerie pitoyable ! Quelle deception ! C'est à hurler de rire et de rage ! Renoir
confond le fantastique avec Charlot boxeur
! Il n' y a qu'à voir la démarche impayable, inénarrable du "monstre" Opale ! Et tu parles d'un monstre : Il ferait hurler de rire les gosses les plus fragiles . Les joues rembourées par je ne sais quelle matière, les rouflaquettes déraisonnablement dessinnées et cette démarche accompagnée d'un bruit de clochette de vélo, non, c' est pas possible, Renoir
n'est pas l'auteur de cette mascarade ! C'est un sosie, un clone ou je ne sais qui mais on s'est fichu de nous. C'est gris, c'est terne, sans éclats aucuns. C'est tout sauf fantastique ! C'est la copie qu'un mauvais élève a remis parce qu'il avait la tête vide et qu'il s'en foutait, le jour de l'examen. C'est tout ce que l'on voudra, oui, mais c'est surement pas Renoir
!
C'est assurément ce que le cinéaste a fait de plus mauvais . Et c'est à se demander si il avait encore toute sa tête à ce moment là ! Déjà, son entrée en matière prétentieuse dans les studios de télévision, pour nous présenter le film témoigne d'une absence de bon sens de sa part. Et puis les décors sont moches ! Je lisais quelque part sur ce site que Renoir filmait merveilleusement bien les nuages. Nous en sommes fort loin. Ou sont'ils passés ? C'est une mauvaise plaisanterie que ce film là.
La règle du jeu ? A ce moment de sa vie, Renoir
ne l'a connait plus !
La vieillesse est un naufrage, et Renoir, adulé, encensé, célébré à son retour en France (bien qu'il eût conservé la fort pratique nationalité américaine) a eu souvent la main mauvaise… Si French Cancan
est un film admirable, Le déjeuner sur l'herbe
est une assez triste pantalonnade. Le caporal épinglé
n'est pas mal, parce que l'histoire de Jacques Perret est solide, et parce que retentit, de manière un peu plus sarcastique, l'écho de La grande illusion.
Mais Le testament du Docteur Cordelier est une vraie déchéance, une bouffissure désagréable. Il est vrai aussi que choisir le sinistre paltoquet Jean-Louis Barrault
pour (double !) acteur principal ne pouvait qu'aboutir à la catastrophe prétentieuse.
Par acquit de conscience, je n'évoque pas Elena et les Hommes, que je n'ai jamais vu, que je viens d'acheter et dont je parlerai dès visionnage…
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