Long et lent comme au fil des saisons qui passent une à une. Mais un très beau film qu'on a beaucoup oublié. Un de ces sujets que les spectateurs n'aiment pas quand, de fait, ils peuvent littéralement vous passionner.
Peut-être moins oublié de ce côté-ci de l'Atlantique, où Télé-Québec l'a présenté au moins une fois l'an pendant des années… Juste pour la performance extraordinaire de Paul Scofield, ce film mérite de traverser le temps. La tradition du film historique à l'anglaise livre ici un de ses plus beaux fleurons, aux côtés de films comme The Lion in Winter
ou Anne of the Thousand Days.
Il paraît que le remake télé avec Charlton Heston et Vanessa Redgrave
était très réussi…
Une pluie d'oscars (dont meilleur film) pour cette très belle (mais sans surprise) méditation sur l'exercice du pouvoir absolu, de la justice, de la loi, et des principes à défendre dans une société qui se prétend moderne. Le gentil et courageux Thomas More face au méchant Cromwell. L'ouverture et la conclusion du film laissent place à quelques images oniriques du fleuve paisible, des chants d'oiseaux, et statues du passé. Face à l'éternité, la furia du quotidien, de la politique, de ses ravages. Un très beau film, typé sixties, servi par une belle distribution, de beaux costumes, et de beaux décors d'époque (sans oublier la musique somptueuse de Georges Delerue).
J'étais tellement hypnotisé par Scofield que j'ai oublié de souligner la pluie de bons acteurs qui l'entouraient : Wendy Hiller,
Robert Shaw,
Leo McKern,
Susannah York,
Orson Welles,
John Hurt,
Corin Redgrave… Ces classiques films historiques anglais de l'époque avaient souvent, comme ça, de belles brochettes. ( N'y aurait-il pas eu moyen de caser aussi John Gielgud
? Enfin, tant pis…)
J'ai revu le film hier. Par rapport à tout ce qui a été dit, il me paraît difficile de pouvoir effectuer un ajout.
Par contre, pour ceux que l'époque du film intéresse, je suis en train de finir la lecture d'un roman (à caractère policier et historique) de C.J. Sansom : "Sang Royal". C'est le troisième épisode d'une série dont le héros, un avocat nommé Shardlake, cottoye des gens comme Cromwell, Richard Rich (mon allusion dans un milliard dans un billard) et cette fois Henry VIII et Catherine Howard. C'est une lecture divertissante et qui donne une excellente image de cette époque particulièrement bizarre de l'Histoire d'Angleterre. Les deux premiers épisodes s'intitulent : "Dissolution" et "Les larmes du diable".
Il préférait le théâtre, mais fort heureusement il accepta de jouer dans quelques films, nous laissant sur pellicule le souvenir d'un immense acteur. Ce Thomas More est une création formidable. Dans mon souvenir, Paul Scofield parvenait même à sauver le King Lear de Peter Brook (1970), plombé selon moi par une mise en scène du type "théâtre de l'absurde" : le film valait la peine juste pour son interprétation saisissante.
Après avoir revu le film, sans hésitation, je hausse ma note à la mention supérieure de chef-d’œuvre sachant qu'après avoir découvert très récemment la série The Tudors je trouve nettement supérieure l'interprétation de Henry VIII par Robert Shaw
par rapport à celle de Jonathan Rhys Meyers
même si elle est intéressante…
Un autre film, dans un tout autre genre, dans un tout autre milieu, dans un tout autre style m'est venu à l'esprit alors que je regardais les refus de Thomas More de céder à la facilité du reniement : ce film, c'est Une vie cachée de Terrence Malick,
où un modeste paysan de Haute-Autriche, Franz Jägerstätter (August Diehl)
, se refuse à accepter, en 1938, le règne de la Bête. Parce qu'on ne peut pas lui demander de renier tout ce sur quoi est bâtie sa vie. C'est aussi simple que ça. C'est glaçant pour les finauds, pour ceux qui ne croient en rien et qui sont prêts à se faufiler partout.
Malgré son austérité, le film est d'une très grande beauté formelle, présentant de superbes paysages d'Angleterre. Mais ce qui émerveille le plus, c'est la qualité homogène de la distribution. Il n'y a guère de films où l'on ne constate pas ici et là une faiblesse, une médiocrité, un mauvais choix. Là, tout le monde est absolument magnifique, parfaitement choisi, parfaitement interprété ; on croirait que tout le monde, saisi par la hauteur du sujet et par la force des caractères, se hausse à ce niveau. Une mention spéciale pour Leo McKern qui interprète avec à la fois papelardise et violence l'abominable Thomas Cromwell.
Thomas More a été canonisé en 1935 et il est le saint patron catholique des hommes politiques et des hommes de gouvernement.
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