Forum - Baby Cart : le sabre de la vengeance - Avis
Accueil
Forum : Baby Cart : le sabre de la vengeance

Sujet : Avis


De sartorius, le 13 décembre 2003 à 13:38
Note du film : 5/6

J'ai découvert ce film pour la première fois grace à une projection de Canal + à ses débuts sous le titre "Shogun Assassin". Ce film qui date de 1980 et qui a surtout circulé dans les vidéo clubs n'était en fait qu'un remontage du second film et s'est servi du premier opus pour son prologue, le tout avec une voix off additionnelle (celle du petit Daigoro qui sert de fil conducteur en nous racontant l'histoire) et une musique électronique qui ne date sûrement pas de 1972. Le film était sans doute merveilleux mais personne ne nous avait dit à l'époque : ce n'est pas tout à fait le vrai film mais un remontage à l'américaine !

"Baby Cart" est une série composé de 6 films tournés entre 1972 et 1973.

Malgré le fait qu'ils soient tous assez inégaux ils n'en sont pas moins tous formidables avec des ambiances

qui ne sont pas sans rappeler les western spaghettis. Les films sont tous très beaux esthétiquement que renforce un beau format scope, le ton est sobre, quelque chose d'expérimental malgré une structure très classique, souvent très violents (combats, tortures, scènes de viol) et gores mais sans jamais tomber dans le sordide ou le malsain. Le sang gicle souvent à grands flots de manière assez burlesque.

Cependant, les films sont tous extrêmement captivants et on est chaque fois étonné de voir le mot "FIN" apparaître à l'écran tellement le temps s'écoule vite en dépit de la courte durée de chaque opus (entre 80 et 85 minutes environ).

Les inconditionnels de films de sabre ne pourront que savourer cette série qui est devenue culte et a connu de très nombreux remake au Japon.

Un mot d'ordre : Foncez acheter les coffets !! il n'y en aura pas pour tout le monde !


Répondre

De doa2, le 26 mars 2006 à 20:29
Note du film : 5/6

Je suis tout à fait d'accord, sartorius. Cette série est sans aucun doute la série la plus représentative du style Chambara (combat aux sabres). Elle prouve que combat sanglant peut rimer avec film intelligent. En effet, la profusion de scène violente n'a que pour unique but de souligner la dureté et la violence du monde. Bien sûr, l'idée peut sembler assez simpliste au premier abord mais la maîtrise du réalisateur Kenji Misumi (attention il n'a réalisé que 4 opus de Baby Cart = Le sabre de la vengeance/ L'enfant massacre/ Dans la terre de l'ombre/ Le territoire des démons) et le talent de Wakayama Tomisaburo qui incarne Ogami Itto dans les 6 films (anecdote : c'est le frère de Shintarô Katsu qui incarne Zatôichi, le sabreur manchot;certains opus de cette œuvre ont été réalisé par Kenji Misumi) permet de transformer un film qui pourrait être manichéen au possible en oeuvre mature et pleine de sens. L'association de ces deux grands personnages du cinéma asiatique donne des merveilles.

Baby Cart est avant tout une série très nihiliste. Misumi et les deux réalisateurs (Buichi Saitô et Yoshiyuki Kuroda) ont une vision très pessimiste de notre monde. Ils nous décrivent un monde sans repères où la violence et la déviance règnent (d'ailleurs le viol est un thème récurrent). Les personnages que nous croisons tout au long de cette série sont tourmentés, violents, rongés par la haine et le remord … Tout les sentiments humains les plus intenses sont mis à jour.

A travers cette noirceur, les différents réalisateurs arrivent a crée des personnages avec un charisme et une prestance inoubliable. Le premier personnage qui nous vient en tête est Ogami Itto. Le personnage principal est l'archétype du héros blessé au plus profond de son être et perdu dans un monde qui ne l'accepte pas.

Enfin, n'oublions pas, les scènes de combat qui sont sublimes. Elles sont rapides, efficaces et sanglantes.

Je dois vous avertir que cette série n'a pas de fin.


Répondre

De Arca 1943, le 27 juillet 2007 à 07:31

« Bien sûr, l'idée peut sembler assez simpliste au premier abord. »

Au deuxième abord aussi.


Répondre

De doa2, le 18 novembre 2007 à 20:38
Note du film : 5/6

Oui c'est vrai que ma phrase est assez ridicule. Mais bon, c'est ce que je pense alors j'assume. Pour en revenir à Baby Cart, pour moi c'est avant tout un divertissement de qualité qui dresse une assez bonne représentation de ce qu'était le japon féodal. D'autres considèrerons Baby Cart comme une saga poussive avec des pseudos héros charismatiques où les différents réalisateurs se vautrent dans la violence gratuite. Chacun ses goûts.


Répondre

De Arca1943, le 18 novembre 2007 à 20:44
Note du film : 2/6

J'ignore absolument tout du Japon, contemporain ou féodal, sauf quelques films de samouraïs que j'ai vus, ma foi, presque tous cette année. Aveu embarrassant ? Certes ! Ma seule excuse, c'est que le glorieux soleil de la Toho apparaît bien lointain vu d'ici et que la distribution du cinéma japonais au Canada a toujours été anémique, voire inexistante (petite population, grand territoire…). Et pourtant, après voir tâté de la série Baby cart, je soupçonne, je subodore que la représentation du Japon féodal qu'on y trouve est passablement fantaisiste, simplifiée et peu fiable, j'ai l'intuition – certes invérifiée – que je peux m'en faire une bien meilleure idée avec les Seppuku, Sanjuro, Samouraï et autre Goyokin… en attendant Le Mont Fuji et la lance ensanglantée, qui doit m'arriver ces jours-ci; ou encore, bien sûr, avec l'inestimable et toute récente "trilogie du pauvre samouraï" de monsieur Yamada : Le Samouraï du crépuscule, La Servante et le samouraï et le troisième que je n'ai pas encore vu. De façon générale, j'ai beaucoup de difficulté à me passionner pour les chambaras des années 70, où les sabres sortent du fourreau pour un oui ou pour un non et où les personnages me semblent souvent aussi minces qu'une feuille de papier de riz. Les combats peuvent bien être spectaculaires et répandre l'hémoglobine comme au bon vieux temps du Déluge, les enjeux et la trame dramatique "sonnent" trop souvent comme de simples prétextes à tueries pour ados en mal de gore. Cependant, de cette même époque (et du même réalisateur) j'attend beaucoup des Derniers samouraïs (1974). Enfin, nous verrons…


Répondre

De doa2, le 20 novembre 2007 à 00:43
Note du film : 5/6

Je suis admiratif, en un an vous avez déjà vu les chefs d'œuvre du chambara. Soyons clair, on ne peut pas comparer Baby Cart avec Seppuku, Sanjuro ou Yojimbo. Comme je l'ai dit dans mon message précédent Baby Cart s'inscrit dans la pure tradition des films de divertissement. Un film comme Seppuku s'appuie avant tout sur une mise en scène et une réalisation sans faille afin de dénoncer un régime arbitraire et dictatorial, c'est une oeuvre beaucoup plus mature puisque sa construction n'a nullement besoin de scènes de combats pour illustrer la violence de ce régime (même si elles sont présentes); Kobayashi utilise d'autres procédés bien plus subtils. Néanmoins, je ne pense pas que l'on peut résumer la saga Baby Cart à ses scènes de combats sanglants. Vous me dites que la représentation du japon féodal dans Baby Cart est fantaisiste. Je vous réponds oui et non. Non, car les scénarios de chacun des films de cette saga sont des illustrations de différents faits historiques. Baby Cart, c'est la mise en exergue :

  • de l'influence du shogun sur tous les habitants japonais que ce soit le petit paysan, le samouraï servant le suzerain ou le suzerain lui-même.
  • de la place de la femme dans le japon féodal (asservissement totale, d'où la présence plus que fréquente de scènes de viols).
  • d'un environnement totalement corrompu.
  • d'un système hiérarchique étouffant.

Oui, car Baby Cart est une série nihiliste dans l'âme. Donc, ce qui veut dire que les réalisateurs de la série ont un certain partie pris : le japon féodal est un monde de chaos. Ce qui nous amène parfois à des histoires profondément acadabrantesques qui leur permettent de souligner leur vision du japon féodal (d'où les geysers de sangs afin de renforcer le côté malsain). On peut trouver ça ingénieux ou ridicule. Mais globalement je pense comme vous, si on veut découvrir le japon féodal il vaut mieux voir des films de Kurosawa ou Kobayashi. Néanmoins, je pense que Baby Cart est essentiel car elle a marqué la mouvance du chambara. Après tout je suis peut être un ados en mal de gore.


Répondre

De Arca1943, le 20 novembre 2007 à 01:25
Note du film : 2/6

Eh bien, bravo pour votre opinion articulée. En me balladant (ou baladant, je ne sais jamais lequel est lequel) parmi les sources disponibles, je me rends compte que mon point de vue n'a rien de très original : c'est celui qui veut que dans le domaine des films de sabre, les années 70 marquent une décadence comparées aux années 60. En même temps, je ne suis pas assez connaisseur pour l'instant pour me lancer dans ce genre d'exercice comparatif assez périlleux. Toutefois, si la série Baby cart m'a vraiment déçu, c'est que les deux films que j'avais vu précédemment du même Kenji Misumi, Tuer et La Lame diabolique, m'ont carrément hypnotisé; et là, ça ne m'a pas fait le même effet du tout. Là, je suis encore, c'est vrai, dans le registre du "J'aime / J'aime pas". Cela dit, je tiens à revendiquer mon originalité sur un point : c'est que tous ces films, jusqu'à et y compris Seppuku, je les aime d'abord et avant tout justement parce que je les trouve très, très divertissants. Sinon je ne les regarderais pas. Yojimbo, c'est d'abord un film d'aventure et d'action, comme son remake Pour une poignée de dollars. Seppuku, c'est d'abord une super histoire, aussi diaboliquement twistée que L'Arnaque ou un roman de John Le Carré, une troupe d'acteurs en état de grâce et le plus beau combat au sabre que j'ai jamais vu : Nakadai contre Tamba avec le vent qui souffle en tempête ! Mais il est vrai que ce duel ne serait jamais aussi prenant sans les profondes résonances historiques, politiques qui en trament l'enjeu. L'enjeu d'un combat, c'est la clé. C'est pour ça qu'on se retrouve littéralement suspendu au sabre de ce coriace rônin. Il y a là un principe retors : « Les meilleures lames se gardent au fourreau », dit Mifune à la fin de Sanjuro. Dans un monde idéal, peut-être; mais d'un autre côté, si elles ne sortaient pas du tout, ces lames, il n'y aurait pas de film (ou alors il serait drôlement ennuyeux !) Pourtant, la multiplication des scènes de combat dans les séries des années 70 que je me suis (en partie) tapées, comme Baby cart ou Trail of Blood, m'ennuie : d'abord, c'est plutôt invraisemblable; ensuite, ça devient pour ainsi dire banal, voire mécanique. Shlak, flork; shlak, flork; shlak, flork… Au bout de quinze minutes, je dois m'accrocher pour ne pas bâiller… et je ne trouve pas ça divertissant du tout.


Répondre

De doa2, le 21 novembre 2007 à 23:21
Note du film : 5/6

La décadence des films des années 70 dont vous parlez a une explication des plus rationnels. Les années 60 sont la période faste pour les films de chambara. Mais deux phénomènes vont perturber cette allégresse :

  • le développement de la télévision et de la vidéo
  • l'augmentation des films américains diffusés au Japon

Peu à peu les films de genre sont marginalisés et deviennent de plus en plus difficile à vendre aux producteurs. En parallèle depuis les années 60, les réalisateurs vont faire évoluer l'image du samouraï qui était jusqu'alors montré comme un homme droit et suivant des principes digne de louanges (les codes du Bushidô). En effet, ils vont émettre de plus en plus de critique sur ces hommes qui répondent à une doctrine dépassée et qui sont finalement devenus des automates. Pour cela, beaucoup de réalisateurs vont prendre comme fond historique la fin de l'ère Edo (1600-1868). Cette ère, qui est dominée par le shogunat des Tokugawa, est une période de paix mais se caractérise également par une fermeture du pays sur lui-même (disons le clairement, le shogunat des Tokugawa est une dictature). Etant donné, qu'aucunes guerres n'éclatent les samouraïs sont condamnés à dépérir. Beaucoup de samouraïs deviennent des rônins (des samouraïs sans maître). Ainsi, cette période de trouble pour la caste des samouraïs est propice pour créer un héros nihiliste (le meilleur exemple est sans aucun doute le personnage de Ryunosuke dans le sabre du mal). Donc, la marginalisation du film de chambara et son évolution profonde expliquent cette décadence. Je dois préciser que tous ce que je viens de dire et expliquer dans le livre écrit par Nicolas Rousseau inclus dans le coffret DVD Baby Cart sorti l'année dernière. Donc je n'ai aucun mérite.

En ce qui concerne ce que vous appelez le registre du j'aime / j'aime pas, je ne pense pas que l'on puisse juger un film dans un autre registre que celui-ci. En effet, même si un film a toutes les qualités requises pour vous satisfaire, si vous ne l'aimez pas (peu importe les raisons), personne ne pourra vous faire changer d'avis. « L'amour » que l'on peut porter à un film provient de raisons totalement subjectives. La critique d'un film peut se résumer ainsi : j'aime ce film car je passe un agréable moment en le regardant. Nous pouvons étayer, mais finalement la seule chose qui importe c'est d'aimer ou de ne pas aimer le film. C'est aussi trivial que ça. J'aime Baby Cart et c'est tout ce qui compte.


Répondre

De Arca1943, le 22 novembre 2007 à 01:58
Note du film : 2/6

Il est vrai qu'une nette majorité de films de samouraïs des années 60 que j'ai vus tourne autour de cette période crépusculaire, disons en gros de 1830 (Goyokin) à 1861-62-63 (Yojimbo, Samouraï et plusieurs autres). À noter que ceux de Kobayashi, Seppuku et Rébellion, se situent plus tôt, toujours à l'ère des Tokugawa mais autour de 1750-1760, si j'ai bien suivi. Et puis il y en a que je n'arrive pas à dater avec précision, car mon ignorance est considérable : 3 samouraïs hors-la-loi, ça se passe quand ? Aucune idée. En revanche, toujours si j'ai bien compris, d'autres sont délibérément intemporels; ça me semble au moins être le cas de La Lame diabolique, qui a une dimension de conte fantastique (le héros court à une vitesse phénoménale, il rattrape le cheval du Daymo !).

Pour ce qui est du "nihilisme", une étiquette que je trouve souvent utilisée en rapport avec ces films (surtout dans les commentaires en français), là je dois dire que je me tâte un peu, beaucoup. Je tiens le nihilisme pour une mentalité ou idéologie très dangereuse, pré-totalitaire, c'est pourquoi j'utilise le terme avec parcimonie. Ce n'est pas n'importe quoi. L'ignoble protagoniste du Sabre du mal, alors là oui : voilà un vrai nihiliste, au sens plein du terme, et je crois même que ce film aurait intéressé (ou a intéressé, qui sait? nous ne le saurons jamais) la philosophe Hannah Arendt dans le cadre de ses spéculations kantiennes sur le mal radical. Mais de façon plus générale, je note que ces "films de samouraïs" (je ne me risque toujours pas à la distinction entre jidai-geki et chambara !) sont en très grande majorité, en fait presque tous des "films de rônins". Déjà Les Sept samouraïs aurait pu s'appeler Les Sept rônins (ou pour être vraiment précis Les Six rônins et le paysan fort en gueule au faux arbre généalogique, mais c'est un peu long…).

Même dans Seppuku, où plus que jamais la condition de rônin apparaît comme celle de la misère la plus noire, il est pourtant fait allusion à la liberté que procure cette existence. Samouraï veut dire "celui qui sert", sauf que quand tu n'as plus de domaine à servir tu deviens ton propre maître. Tu n'as plus rien, mais voilà qu'au coeur de cette dépossession, tu fais aussi l'expérience de la liberté. Curieux; angoissant certes, mais curieux, intéressant, dans certains cas enivrant… En rayant d'un trait de plume des domaines entiers – pour des motifs politico-économiques qui m'échappent largement, mais passons – et en mettant donc au chômage, comme on dirait de nos jours, des centaines voire des milliers de samouraïs d'un seul coup, le Shogun – qui est en effet un dictateur militaire – fabriquait sinon des hommes libres, en tout cas des hommes qui avaient la liberté à portée de la main, et donc il commençait à scier la branche sur laquelle il était assis. Pour l'instant, c'est comme ça que je comprends les choses : plutôt que le thème quelque peu galvaudé du nihilisme, moi je vois poindre à travers le personnage du rônin, au coeur d'un système particulièrement despotique, une aurore de la liberté.

Position qui n'est certes pas incompatible avec celle du samouraï errant de Baby cart, même si ça ne change pas mon idée sur ce film…


Répondre

De vincentp, le 28 juin 2009 à 16:56
Note du film : 5/6

Tiens, tiens, Arca a descendu ce Baby Cart…., lequel m'a pourtant semblé être réussi dans toutes ses composantes : scénario, mise en scène, photographie, montage, interprétation. Le moyen-âge japonais, son chaos et son obscurantisme -le pays est alors sous la coupe de shoguns vicelards-, sont recréés de façon assez fidèle. Et Misumi montre ici toute l'étendue de son talent de cinéaste.


Répondre

De Arca1943, le 28 juin 2009 à 21:27
Note du film : 2/6

«  Le moyen-âge japonais, son chaos et son obscurantisme (…) sont recréés de façon assez fidèle. »

Ah bon ! Vous en savez des choses. Je dois avouer que du même réalisateur, je préfère de loin la Trilogie du sabre, en particulier l'étincelant Kiru.

Et en revanche, je vous recommande l'intéressant Kozure Ôkami: Sono chîsaki te ni, version dite "révisionniste" qui redonne à l'univers bédéesque d'origine la dimension prenante d'un roman.


Répondre

De vincentp, le 25 mai 2021 à 22:33
Note du film : 5/6

C'est un très bon film de Misumi (revu en dvd) sans être le meilleur. Le metteur en scène met en oeuvre son savoir-faire au service d'un récit un peu simpliste. La mise en scène est très efficace, et compense une impression de déjà-vu côté scénario. Effectivement, "la trilogie du sabre" composée de trois chefs d'oeuvre (Kiru, La lame diabolique, Le sabre) est d'une autre trempe.


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.010 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter