Non non, un très grand film de George Stevens, pas infantile une seule seconde, entre réalisme et légende. Grandiose. Content qu'il sorte en DVD
Ce western est à regarder plutôt deux fois qu'une,car il dégage beaucoup d'émotion, et ce
quatuor d'une famille plus <<l'étranger>> chante comme un ruisseeau mélancolique…
Shane est un beau western, dont le seul vrai défaut est d'avoir donné le rôle-titre au pauvret Alan Ladd,
acteur médiocre et sans charisme, qui ne rend pas justice à ce personnage qu'aurait pu incarner Eastwood
vingt ans plus tard, ou même John Wayne
(qui en donnera en quelque sorte sa version dans Hondo).
Les paysages sont splendides, la photo hors du commun, et la complexité des personnages (Van Heflin
en particulier, ainsi que l'excellent Ben Johnson
en brute repentie) intrigante. La scène où Palance
abat Elisha Cook
de sang-froid est restée inégalée, malgré sa sobriété, et malgré son court temps de présence à l'image, Palance
crée le méchant le plus inoubliable du genre. Bien sûr, le petit Joey peut sembler un peu trop présent, Jean Arthur
pas idéale pour son rôle, mais il y a dans Shane,
une magie, un lyrisme qui a souvent été imité (Pale rider,
pratiquement calqué sur Shane)
, mais jamais surpassé.
"Shane" est un superbe western, plutôt sous-estimé au contraire si j'en lis vos messages, ainsi que d'autres articles ici et là. On y retrouve des éléments classiques, la famille de colons harcelée par le grand propriétaire terrien des environs, l'opposition est très manichéenne. Pourtant le film est quant à lui très atypique, les décors sont uniques. Seuls les colons semblent vivrent pleinement, ils travaillent durs toutes la journée et sont entourés d'un paysage magnifique. Leurs ennemis (les citadins) vivent dans une ville fantôme avec un bar qu'ils ne quittent jamais et sont entourés d'un environnement quasi désertique.
La mise en scène est parfois mélancolique et enfantine (la petite fille qui regarde Joey, en craigant qu'il se fasse mordre par un âne) et parfois angoissante (l'arrivée de Shane au saloon pour le gunfight final est un moment hautement pressurisé).
Mais le point fort du fil, c'est Alan Laad. Il incarne "Shane", sûrement l'un des plus grands personnages de cow-boy de l'histoire du cinéma avec un charisme phénoménal. Je ne vois pas qui d'autre aurait pu tenir ce rôle, tant il est habité littéralement par le personnage. Les relations qu'il entretient avec les trois personnages sont très ambiguës, Joey semble le considérer comme un second père voire comme un être surnaturel au-dessus du père, la femme de Starret semble être amoureuse de lui éperdument, Starret lui est plus mesuré et c'est surtout Shane qui est admiratif devant l'acharnement de Starret. Malgré la puissance de ces sentiments, Shane s'efface et sacrifie sa propre personne pour le bonheur de cette famille qui l'a accueilli auparavant.
Bref, c'est un western doté d'un fort lyrisme; moi je n'ai besoin que des trentes premières secondes du générique pour être complétement submergé par l'émotion qu'il dégage.
Je ne suis guère connaisseur ni amateur de westerns, FreddieD, mais celui-là est de ceux que j'aime, dans sa simplicité et sa hauteur de vues… Même si je ne sais pas si on peut partager tout à fait votre point de vue sur Alan Ladd, je vous rejoins dans bien des aspects de votre message…
Ah ! Une remarque : le titre français est magnifique, et bien supérieur au pauvret Shane de la version anglaise. Une des réussites de la traduction (comme – c'est un exemple connu – Les Hauts de Hurlevent
qui l'emporte de loin sur Wuthering Heights).
Un grand western, à l'image sublime, un peu desservie par le format carré. Je n'adore pas Ladd non plus, mais c'est là le rôle de sa vie, et il en tire le maximum. Palance
est splendide, dans un pourtant petit rôle d'exécuteur squelettique. Un beau film simple, épuré, visuellement incomparable.
Un film qui contient un nombre très important de plans, beaucoup plus que la norme de l'époque, comme le fait remarquer… un livre récemment paru sur le cinéma japonais. Alan Ladd, avec son jeu hors norme, est l'incarnation parfaite du justicier mi-réaliste mi-onirique. C'est un chef d'œuvre, mais il est vrai très particulier, notamment à cause de son aspect lent et – faussement – naïf. On comprend qu'il puisse rebuter des spectateurs.
Les traductions de l'anglais en français des titres de westerns ont été, on le sait bien, complètement catastrophiques : citons la charge fantastique (they died with their boots on), la chevauchée fantastique (stagecoach), la poursuite infernale (my darling Clementine), le massacre de fort apache (Fort apache), la charge héroïque(she wore a yellow ribbon), la charge des tuniques bleues (last frontier), la charge de la huitième brigade (a distant trumpet), sans oublier la poursuite impitoyable -western urbain- (The chase)…
La cavalerie a beaucoup chargé sans faire de quartier pour les traducteurs ! C'est John Ford qui devait être content !
Il y a des traductions vraiment bizarres aussi telles que "Invitation to a Gunfighter" devenu "le mercenaire de minuit"…
Et que dire de "Breakheart Pass", devenu Le solitaire de Fort Humboldt ? "Paint your wagon" La kermesse de l'Ouest
?
A l'inverse, il vaut mieux que "Eh, l'ami, c'est Sabbath… Je ferme", ait été traduit par Sabata !
D'humeur paresseuse et dans la perspective de voir de grands espaces, de fraîches solitudes peuplées d'hommes rudes et univoques, j'ai revu tout à l'heure L'homme des vallées perdues, dont j'ai (trop) dit ici et là combien le titre français qui fait tant rêver par son ample sonorité avait fasciné mon enfance.
Et je me suis un peu ennuyé, dans un patchwork de sympathie pour une histoire trop lentement déroulée, mais assez fortement écrite (la guerre inexpiable entre les pionniers – l'élevage extensif – et les colons – les agriculteurs intensifs -), des personnages qui ne sont pas simplistes, avec des relations intéressantes et nuancées, et quelques séquences anthologiques, en premier lieu, comme l'a noté Freddie D, le meurtre de "Stonnewal" Torrey (Elisha Cook Jr, moins gluant et couard que d'habitude, mais tout aussi perdu) par le vipérin Jack Wilson (Jack Palance)
, meurtre accompagné de l'humiliation par la boue et de la haine qui oppose le Nordiste Wilson au Sudiste Torrey, mais aussi la fête du 4 juillet qui montre sans doute assez bien ce que pouvait être la vie d'une communauté villageoise dans l'immense et vide Wyoming.
Le Wyoming, donc, et, au contraire de beaucoup d'auteurs de messages de ce fil, je trouve la région bien laide, à tout le moins la vallée siège de l'intrigue, qui est certes encerclée de belles montagnes enneigées, mais qui est plate comme la main, presque dépourvue de tout arbre et pleine d'une gadoue qui n'est pas très agréable à regarder ; les bagarres, pour spectaculaires qu'elles sont (c'est la loi du genre et de l'époque) sont dépourvues de toute vraisemblance, les coups donnés, s'ils étaient réels, suffisant à fracturer phalanges et maxillaires ; l'actrice principale, Jean Arthur, dépourvue de toute séduction (mais il est vrai qu'une paysanne de ces années rudes et de ces terres désolées ne devait pas en avoir beaucoup, et que l'actrice avait 13 ans de plus qu'Alan Ladd,
ce qui se voit tout de même un peu.
C'est assez lent, ça porte une belle histoire d'amour inexprimé et la fascination d'un gosse (trop présent, toutefois) pour son héros, ça dispose d'une musique westernienne classique et agréable. Mais, au lieu de glisser ça dans mon lecteur, j'aurais mieux faire de revoir Lost highway, avec quoi j'ai hésité. C'est tout de même d'une autre dimension…
Réalisé en 1953 par George Stevens, en Technicolor, scénarisé par A.B. Guthrie Jr. à partir du roman de Jack Schaefer,
produit par Paramount, Shane
est un classique des années 1950. L'édition blu-ray permet de cerner ses points forts et ses aspects perfectibles. La photographie de Loyal Griggs (oscarisée en 1954) intègre à la perfection la plaine du "Grand Teton National Park" (The Big Sky,
The Big Trail,
…). Rivière glacée et à fort débit, terrain boueux, venté et arrosé, animaux à peine domestiqués, soit un cadre rude au sein duquel les fermiers doivent lutter avec esprit de corps pour subsister, et construire un avenir commun. Les passions y sont exacerbées en raison de l'obstination de Emile Meyer,
accroché à une vision conservatrice du monde, refusant les lois de l'évolution naturelle de la société. Nombre de scènes diurnes (dans le cimetière) ou nocturnes (l'approche finale de la ville) sont magnifiques, jouant sur les contrastes entre zones éclairées et sombres du cadre.
Vingt minutes de trop alors que l'affrontement armé s'impose comme inévitable, une choix de casting discutable pour Jean Arthur même si l'Ouest n'a pas été fréquenté que par des jeunes filles en fleur. La mise en scène de George Stevens
est sobre et classique : absence d'effets appuyés, présence de dialogues rudimentaires, lyrisme contenu (le départ du héros s'opère de nuit, discrètement). C'est la vision du monde d'un enfant découvrant le monde des adultes et de leurs confrontations coutumières, avec des flambées de violence. La musique de Victor Young
participe de façon efficace à la construction dramatique : admirables effets sonores sourds lors du final, introduction en douceur avec le thème principal. Nombre de séquences de Shane
sont anthologiques, autour des personnages incarnés par Jack Palance
et Alan Ladd.
Par ses caractéristiques de fond et de forme, Shane
est susceptible d’imprégner la conscience du spectateur bien après la fin de sa projection.
Directed in 1953 by George Stevens, in Technicolor, scripted by AB Guthrie Jr. from the Jack Schaefer
novel, produced by Paramount, Shane is a classic of the 1950s. The blu-ray edition allows you to identify its strengths and areas for improvement. Loyal Griggs' photography (Oscar winner in 1954) perfectly integrates the plain of "Grand Teton National Park" (The Big Sky,
The Big Trail,
…). An icy, fast-flowing river, muddy, windy and watered terrain, barely domesticated animals, a harsh environment in which farmers must fight with esprit de corps to subsist and build a common future. The passions are heightened there because of the obstinacy of Emile Meyer,
clinging to a conservative vision of the world, refusing the laws of the natural evolution of society. Many daytime scenes (in the cemetery) or nighttime scenes (the final approach to the city) are magnificent, playing on the contrasts between lighted and dark areas of the frame.
Twenty minutes too long while the armed confrontation becomes inevitable, a questionable casting choice for Jean Arthur even if the West has not been frequented only by young girls in flower. The staging of George Stevens
is sober and classic: absence of strong effects, presence of rudimentary dialogues, contained lyricism (the hero's departure takes place discreetly at night). It is the vision of the world of a child discovering the world of adults and their customary confrontations, with outbreaks of violence. The music of Victor Young
participates in an effective way in the dramatic construction: admirable sound effects deaf during the finale, gentle introduction with the main theme. Many of the sequences in Shane
are anthological, around the characters played by Jack Palance
and Alan Ladd.
By its substance and form, Shane
is likely to permeate the consciousness of the viewer long after his screening has ended.
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