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Forum : Opération peur

Sujet : Un des plus beaux films gothiques Italiens


De Siman, le 24 décembre 2005 à 10:39

A découvrir absolument quand on aime ce genre de cinéma, de très grands cinéastes comme Martin Scorsese ou Fellini ont même reconnus s'être inspirés de ce bijou pourtant méconnu. Donc ne pas passer à côté !


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De verdun, le 3 février 2021 à 22:44
Note du film : 6/6

Fin du XIXème siècle. Dans le village perdu de Karmingen se déroulent d'étranges événements. Une jeune femme se suicide en s'empalant sur une grille. Le commissaire Krogen (Piero Lulli) vient enquêter sur cette affaire et demande au docteur Eswai (Giacomo Rossi-Stuart) de pratiquer l'autopsie. Mais les habitants restent murés dans leur silence. Quelle est la terrible malédiction qui semble peser sur le petit village ?

Opération Peur fait partie des grands films gothiques réalisés par Mario Bava dans les années 1960. Il reste cependant moins connu que des titres tels que Le masque du démon, Les trois visages de la peur ou encore Le corps et le fouet. Il faut dire que le public français a dû attendre le début des années 1990 pour le découvrir réellement, à l'occasion d'une diffusion sur Canal Plus.

Opération Peur est une parfaite illustration du talent de son réalisateur. Car ni l'interprétation, ni les dialogues, ni la psychologie de la plupart des personnages ne se départissent d'une certaine médiocrité. Par ailleurs, comme sur presque tous ses films, le réalisateur a dû composer avec un budget famélique. Et pourtant la magie Bava opère.

Le film s'impose par la qualité de sa mise en scène, qui joue sur l'alternance entre mouvements de caméra (travellings, panoramiques) savamment étudiés et zooms agressifs. Et la photo est -évidemment- somptueuse. Elle repose ici sur le contraste entre les teintes mordorées et les couleurs nocturnes, surtout le bleu. Dès l'ouverture, étonnamment cruelle pour l'époque, le réalisateur parvient à instiller une atmosphère insolite voire cauchemardesque.

A partir d'un scénario qui recycle, du moins dans les premières scènes, les clichés de la Hammer, Bava réussit à faire une œuvre personnelle. Ce n'est pas l'efficacité narrative qui fait de Opération Peur un film mémorable. Ce sont certaines images, qui ne s'oublient pas de sitôt : des plans pris d'une balançoire, un personnage principal qui poursuit son double dans une pièce labyrinthique, des hommes qui portent un cercueil d'une drôle de façon. Et surtout une étrange petite fille avec son ballon qui sera reprise telle quelle par Fellini pour son sketch de Histoires extraordinaires, Tobby Damnit.

Opération Peur est un film à la fois méconnu et très influent qui montre parfaitement les passerelles entre cinéma de genre et cinéma d'auteur.


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De Impétueux, le 4 février 2021 à 12:27
Note du film : 4/6

De fait, ça donne envie…. Vous semblez avoir entrepris, Verdun, une exploration approfondie du cinéma du grand Mario Bava : merci de nous faire profiter de vos découvertes de pépites !


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De verdun, le 6 février 2021 à 11:30
Note du film : 6/6

Eh oui Impétueux, la parution récente dans de belles copies restaurées de certains titres du maestro m'ont donné envie d'explorer son œuvre. Par ailleurs, certains de ses films n'avaient pas fait l'objet de critiques sur notre cher site; j'en profite donc pour déblayer le terrain…


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De vincentp, le 30 juillet 2022 à 22:26
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Il s'agit effectivement d'un des meilleurs films de Mario Bava, avec Le masque du démon, La baie sanglante, Six femmes pour l'assassin, et un des grands films du cinéma fantastique. Le récit est positionné entre deux images de soleil levant orangé, sur une terre hostile. Le ton, le rythme, le soin apporté aux décors, aux lumières, et aux couleurs, peuvent être considérés comme des références. Ton sérieux et contrarié pour les enquêteurs, colérique pour les êtres qui portent le désordre. Contraste de couleurs vives, décors lugubres, rythme soutenu avec des accélérations au cours desquelles s'enchainent des images imprévisibles. Importance de la bande sonore, des notes sourdes qui installent une ambiance. Et une inventivité forte à chaque seconde du récit, un sens aigu du spectacle.


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De Impétueux, le 29 août 2022 à 15:01
Note du film : 4/6

Ne se fier en aucun cas au titre allemand (!) du film de Mario Bava qui est Die toten Augen des Dr. Dracula (Les yeux fermés du Docteur Dracula), qui est complétement stupide et fallacieux, mais déplorer que les titres italien et français, Opération peur soient si ternes. Déplorer que Bava ait eu aussi peu de moyens et de temps pour réaliser le film mais se féliciter que son talent ait su transcender ces handicaps en le poussant à de nombreuses innovations ingénieuses. Surtout apprécier l'originalité réelle du scénario et goûter retrouver là le cinéaste que l'on aime, ce créateur d'atmosphères angoissantes et d'ambiances troubles.

Certes il n'y a ni Christopher Lee, ni Barbara Steele, ni Michèle Mercier au générique, impossibles à rémunérer correctement, mais la distribution tout italienne tient tout à fait le choc ; on déplore avec un peu d'ironie que l'abondante chevelure permanentée du héros, le docteur Paul Eswai (Giacomo Rossi Stuart) ne soit pas dérangée le moins du monde par les épouvantes qu'il affronte et les courses qu'il effectue, mais cela fait aussi partie du jeu du cinéma. Karl, le bourgmestre, qui détient – évidemment ! – de lourds secrets est interprété par Luciano Catenacci qui n'était pas acteur mais un des producteurs du film et présente la physionomie inquiétante qui sied… Monica, la tendre héroïne (Erika Blanc), Ruth, la bonne sorcière (Fabienne Dali), l'inquiétante baronne Graps (Giovanna Galletti) ont tout à fait le visage de leurs emplois respectifs.

Et puis le coup de génie : Melissa, la petite fille maléfique de 7 ans est, en fait, un garçon : Valerio Valeri le fils de la concierge d'un studio, dont la mine sévère et les yeux étranges correspondent tout à fait au personnage… lorsque le gamin est affublé d'une perruque blonde, d'une robe à smocks et d'une paire de Charles IX à lanière et bouton. Glaciale, étrangère, cruelle, sadique, cette petite fille, jadis heurtée et blessée par un cheval qui divaguait, malgré ses appels à l'aide, n'a reçu aucun secours de la population du village, trop occupée à s'enivrer.

Remarquable aussi le choix de l'environnement et du village où se situe la totalité de l'intrigue ; sans doute un des bienfaits de la pénurie financière qui n'a pas permis l'utilisation de décors de studios. Mario Bava a contourné le problème et a choisi le site sombre, tortueux, puissamment inquiétant de villages de la campagne romaine, Calcata et Faleria. Des ruines, des maisons troglodytes ancrées dans le rocher, des ruelles voûtées, des recoins furtifs et, même en plein jour, une lumière biaisée, malade… On sait bien que dans le genre particulier du film d'épouvante (et de ses succédanés), l'atmosphère perçue est déterminante. C'est-à-dire qu'on est tout à fait prêt à admettre des scénarios alambiqués, des retournements de situations invraisemblables, des balourdises et des coquecigrues si l'on est entré dans le monde impressionnant de l'angoisse. Il y a ceux qui savent vous y conduire et ceux qui n'y parviendront jamais.

Donc si vous rassemblez histoire originale et (relativement) pleine de rebondissements, distribution convenable et atmosphères lugubres, si vous ornez tout cela (misère oblige !) grâce à des emprunts mélodiques faits à des films de vos camarades faiseurs d'épouvante (que vous n'aurez naturellement pas rémunérés, ni même, d'ailleurs, consultés), voilà que vous présentez un film construit de bric et de broc mais parce que vous avez du talent (et même quelquefois du génie), vous montrez un film bien intéressant et faites conserver en tête des images : celles, par exemple, du docteur Eswai/Giacomo Rossi Stuart ne cessant de parcourir en courant la même pièce et finissant par atteindre son propre double.

Même si le film manque au début un peu de rythme, cela bien qu'il soit bref (1h20), il y a là, pour les amateurs du genre, quelque chose de moins connu, de moins éclatant que Le masque du démon ou La baie sanglante, mais très bien fichu.


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