Forum - Salo, ou les 120 journées de Sodome - Une oeuvre extrêmement controversée
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Forum : Salo, ou les 120 journées de Sodome

Sujet : Une oeuvre extrêmement controversée


De lych666, le 17 février 2006 à 19:51
Note du film : 5/6

Il est clair que si des gens ont été choqués par "La grande bouffe", il ne faut pas qu'ils tombent sur ce film que vous avez décrit très pertinemment. Il est d'ailleurs interressant de constater que Pasolini a réalisé "L'évangile selon Saint-Matthieu", sans doute le meilleur film sur l'histoire de Jésus, et qu'il réalise un film aussi choquant que "Salo", inspiré de Sade dont les idéologies basées sur l'immoralité allaient totalement contre la religion et Dieu qu'il qualifiait de Chimère.


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De doa2, le 25 février 2006 à 22:16
Note du film : 5/6

Je ne pense pas que cet œuvre soit un simple film. C'est avant tout une expérience à vivre qui permet aux spectateurs de ce retrouver face à face avec la partie la plus inavoué de l'homme : sa cruauté et son sadisme. Je dois prévenir que ce film est sans aucun doute l'un des films les plus choquants de l'histoire du cinéma. Que ce soit les scènes de scatologies, de viols ou de tortures tout est insupportable. Vous l'aurez compris ce film n'est pas à mettre entre toute les mains.

En adaptant le livre du marquis de Sade et en transposant l'histoire au temps de la république fasciste de Salo, le film prend une dimension historique et politique non négligeable. Je ne sais pas ce que Pasolini éprouvait sur ce sujet mais il est clair que grâce à ce film il a réveillé l'opinion publique sur un point des plus sensible : les exactions commises durant la deuxième guerre mondiale. Mais ne vous y trompez pas le thème est plus large que ça. Il traite des plus bas instincts de l'homme. A travers ces 4 hommes d'influences Italiens de l'époque ; il met en scène l'égocentrisme et la cruauté qu'amène le pouvoir.

Si nous devons analyser le film en tant que tel, Pasolini s'est vraiment surpassé. Le réalisateur a crée une ambiance des plus glauque, pour renforcer le sentiment de malaise que ressent le spectateur durant toute la durée du film. La mise en scène froide et distante permet de le tenir en haleine jusqu'à la prochaine scène choquante. Ainsi le spectateur est pris en otage, il devient en quelque sorte un des jeunes Italiens séquestrés dans ce château. Grâce à une méthode aussi radicale il arrive à nous faire prendre conscience de l'existence de la bête qui est en chacun de nous et nous met en garde.

Le seul reproche que je pourrai faire au réalisateur c'est d'avoir découpé le film en 3 épisodes bien distincts (le cercle du sexe, le cercle de la merde et le cercle du sang … tout un programme). Je pense que le film y perd en fluidité.

Il faut voir ce film une fois dans sa vie mais lorsqu'on se sent prêt.


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De odeyaeaar, le 4 mai 2006 à 22:13

Ce film met-il vraiment en scène de jeunes personnages ? (par jeunes j'entends 15/16/17 ans) Si c'est le cas alors ce serait vraiment choquant …


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De Impétueux, le 22 mai 2006 à 08:15
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Qu'est ce que ce serait, alors, s'ils subissaient des sévices !

Ce serait encore pire, non ?


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De doa2, le 28 mai 2006 à 16:22
Note du film : 5/6

Eh oui, les personnes qui subissent des sévices (si on peut encore appeler ça sévices à ce stade de cruauté) sont des personnes entre 15 et 17 ans. Mais c'est là que réside tout l'intérêt du film. Pasolini voulait faire un film choc afin de réveiller l'opinion publique sur un point encore tabou à l'époque. Je dois dire que j'ai eu beaucoup de mal à regarder certaines scènes et pourtant je suis habitué à la violence extrême. Mais attention ne vas pas croire que le film n'est qu'une suite de scènes ultra violentes où le sang coule à flot. Ce n'est pas ce genre de violence. C'est bien plus vicieux que ça. Les scènes les plus choquantes (tortures et scatologie pour ma part) te donnent un profond sentiment de dégoût. Chaque scène accentue ce sentiment. Pour être plus clair, ça te remue les tripes.

Voilà, maintenant à toi de voir si tu veux ou pas voir ce film. Mais malgré tout, je te le conseille vivement.


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De fretyl, le 21 mars 2007 à 16:03
Note du film : 0/6

Salo est un film à vomir, voir des jeunes qui ont à peu prés mon age faire des trucs comme ça, même si c'est pour le cinéma intellectuel, ça ne peut que ragouter .

Mais à ce genre de films on met 6/6 ou 0/6.


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De Impétueux, le 14 juillet 2008 à 01:01
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Je rejoins Frétyl dans son jugement déterminé et absolument négatif sur ce Salo qui est un film immonde et dégradant.

Dégradant pour ceux qui l'ont conçu et réalisé, dégradant pour les adolescents qui l'ont tourné (imagine-t-on qu'il y a des parents qui ont accepté que leurs fils et leurs filles puissent s'abîmer à tourner ça pour une poignée de lires ?), dégradant pour le spectateur qui n'en sort pas indemne.

J'ai eu la sale faiblesse, profitant d'un tout petit prix et de la nécessité de compléter une commande, d'inclure dans mon achat cette saleté que je m'étais toujours refusé à voir et que je tenais – à juste titre – comme le vomi humain d'un Pasolini, malade dont la mort crapoteuse et crapuleuse et sans doute recherchée, le 2 novembre 1975, sur une plage d'Ostie, par une bande de petites gouapes vicieuses, à qui, tel le Cyril Collard des Nuits fauves il demandait vraisemblablement de lui pisser dessus intervint curieusement juste avant la sortie du film.

Film qu'il ne faudrait toucher qu'avec des gants d'égoutier pour ne pas se salir si l'on y était contraint, comme le souhaiteraient les bons esprits rencontrés dans les suppléments du DVD, qui verraient bien projeté Salo aux enfants des écoles ! Film d'un étrange et talentueux cinglé, un pourrisseur fasciné par sa propre sanie qui, transposant les plus immondes de ses envies secrètes. Car ça se voit, le Pasolini, qu'il a envie d'enfiler à n'en plus finir culs de filles et culs de garçons, qu'il a envie de manger leurs merdes et d'enduire tout le château de purin humain dans une sorte de sanie universelle, dans un chaudron d'immondices, qu'il a envie enfin, de ne plus contenir les codes sociaux les plus extrêmes, qu'il a envie de découper des sexes vivants, de brûler des pointes de seins, de couper des langues, d'étriper, d'essoriller, de dévorer peut-être ces chairs souillées !

Parvenus au point de la haine de soi dans laquelle ces intellectuels à cerveaux brillants et totalement déstructurés, prêts à tout pour franchir toujours un pas plus loin vers le dégoût d'eux-mêmes qui leur permet seul de s'autoriser à se détruire, il n'y a rien d'autre qu'à organiser une sorte de Crépuscule et de Suicide collectif pour obtenir de nouvelles sensations, pour faire un pas de plus dans la dégradation….

Me font, à ce propos, doucement me gausser ceux qui font de ce film atterrant une métaphore, une représentation mythifiée de ce qui fut la Seconde guerre mondiale et plus encore la brève république fasciste de Salo (qui devait ressembler beaucoup plus, dans sa dissociation finale, au bar que tient M. Tonin, à Moissac, dans Lacombe Lucien : un grand désordre partiellement corrigé par une anarchie plus grande encore !). Le récit crapuleux et crapoteux contre qui s'adosse Pasolini, c'est une des cingleries énumératives, calembredaines de l'horreur collationnées par Sade tout au long de sa vie de détraqué. Qu'on ait pu donner de l'importance à cette polygraphie répétitive et répugnante me donne de curieux éclairages sur le goût de nombre de mes contemporains… En tout cas, si métaphore il y a, c'est celle de la cruauté intrinsèque de l'Homme, lorsque le pouvoir sur quoi il est appuyé est indifférent ou complice ; tortures de grands seigneurs méchants hommes (l'histoire de Salo, en plus doucereux, en plus érotique, en plus magique, l'histoire de la Comtesse Erzébet Bathory, narrée notamment par Walerian Borowczyk dans ses Contes immoraux, torture des Bleus sur les Vendéens, tortures contre les paysans révoltés de la Russie, tortures, désormais des khmers rouges, des tueries de Macias Nguemo, d'Idi Amin Dada, de Menguistu, des Hutus et des Tutsis et de tant de milliers d'autres…

Toujours est-il qu'à l'heure où j'ai écrit cela, je ne suis pas persuadé que le DVD arrivé hier par la poste ne repartira pas demain soir par la poubelle ; déjà, ça dégagera ma responsabilité lorsque la police des mœurs viendra enquêter sur les corps fragiles, de 14 à 17 ans qui, torturés, dénudés, humiliés, massacrés, avaient donné à Pasolini une de ces dernières occasions d'orgasme, occasions qui l'ont tant émoustillé qu'allant draguer sur la plage d'Ostie, il ne lui arrivera guère que ce qui devait lui arriver et qu'il recherchait depuis quelques temps déjà avec une fascination étrange…


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De Arca1943, le 14 juillet 2008 à 03:37
Note du film : 0/6

Fort véhémente et polémique (j'ai des réserves sur tout le passage psychobiographique et le lien avec le meurtre de Pasolini) cette opinion d'Impétueux résume pourtant fort bien ce que je pense de ce film. Elle a en tout cas le mérite de mettre à jour une évidence que beaucoup se refusent à voir et à entendre : à savoir que ce film utilise cyniquement un alibi "dénonciateur" du fascismo en phase terminale pour étaler avec complaisance un catalogue de fantasmes sado-maso. C'est ça, Salo, et rien d'autre. D'autant que le fascisme qu'on voit dans ce film ne colle guère à la réalité – pourtant bien cauchemardesque et importante à connaître – du fascisme italien dans sa dernière mouture. Le syndrome bien connu des habits de l'empereur (qu'on devrait peut-être rebaptiser la signature de l'empereur) a rarement été aussi parfaitement illustré que par l'intelligentsia cinématographique du temps, qui s'est pâmée là-dessus à n'en plus finir. Primo Levi a déjà écrit tout le mal qu'il pensait de cet étrange sous-sous-genre qui se développe dans les années 70: le porno-concentrationnaire cheapo du genre Bordel SS ou Ilsa la tigresse de Siberie. Il voyait là un signe peu rassurant. Pour moi Salò n'est qu'une version pour intellectuels de ce genre de films.


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De droudrou, le 14 juillet 2008 à 07:11

Là, il n'y a pas de doute : Impétueux a passé une mauvaise soirée et très certainement une mauvaise nuit.

En ce qui me concerne, par nature je n'aime pas Pasolini. Et la lecture des divers avis ne me donne nulle envie d'aller m'emmerder avec une telle oeuvre. Néanmoins, j'éprouve une grande difficulté à comprendre qu'au nom de l'art, de telles oeuvres puissent voir le jour ! Et quand je dis "voir le jour" ça veut dire que toute une chaîne s'est prêtée complaisamment à ce qu'elles puissent être réalisées… C'est inquiétant !


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De fretyl, le 14 juillet 2008 à 10:07
Note du film : 0/6

Salo, ou les 120 journées de Sodome est à ranger sur une étagère entre deux merdes du même acabit ; L'empire des sens et Cannibal Holocaust.
Mais c'est vrai, sur un film pareil la censure aurait du faire son boulot !


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De Sophie75, le 14 juillet 2008 à 11:01

Comparer L'Empire des sens à un résidu fécal prouve l'étroitesse d'esprit de certains qui feraient mieux de surveiller leur orthographe et leurs propos plutôt que de vomir des œuvres esthétiques et ambitieuses.


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De Arca1943, le 14 juillet 2008 à 11:55
Note du film : 0/6

« Là, il n'y a pas de doute : Impétueux a passé une mauvaise soirée et très certainement une mauvaise nuit. En ce qui me concerne, par nature je n'aime pas Pasolini. »

Dans mon cas, je ne peux même pas dire ça. De Pasolini, j'ai bien aimé Accattone et Mamma Roma, je pense que Il vangelo secondo Matteo est un grand film et mon préféré est Uccellacci e uccellini (dont je beugle le générique chanté sous la douche). En revanche j'ai toujours eu une dent contre l'hermétique et le cryptique en art (*), aussi quand on arrive à Porcile, je décroche tout à fait, même si j'ai assez bien toléré Théorème. Mais ça ne change rien, ni dans un sens ni dans l'autre, à ce que je pense de Salò.

(*) Et à ce sujet je recommande un bel article de Primo Levi, dans Le Métier des autres : « De l'écriture obscure ». Il traite de littérature, mais le même principe est applicable au cinéma.


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De fretyl, le 14 juillet 2008 à 12:41
Note du film : 0/6

C'est le mot merde qui vous choque, c'est pourtant une réalité, L'empire des sens en est une !!! J'aimerais bien savoir ou est ce que mes propos sont gênants ?


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De Freddie D., le 14 juillet 2008 à 13:43

"Mais c'est vrai, sur un film pareil la censure aurait du faire son boulot !"

Le problème avec la censure, c'est que quand elle commence à "faire son boulot", on ne sait jamais où elle s'arrête.


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De Arca1943, le 14 juillet 2008 à 13:55
Note du film : 0/6

« Mais c'est vrai, sur un film pareil la censure aurait du faire son boulot ! »

Quel boulot ? Comment ça, son boulot ? J'ai détesté ce film, mais qu'il numérote ses abattis le crétin qui tentera de m'empêcher de le voir !


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De fretyl, le 14 juillet 2008 à 16:02
Note du film : 0/6

Si vous aimez les films de cul…


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De Impétueux, le 14 juillet 2008 à 20:17
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Salo vaut tout de même mieux – ou pire ! – que cette suite de messages abscons ; Frétyl l'a – sans doute inconsciemment – pollué en mettant sur la même étagère le film de Pasolini et L'empire des sens et Cannibal holocaust et s'est englué ensuite en parlant de films de cul, là où le sexe, précisément, le sexe bon enfant et souriant du type des Galettes de Pont-Aven n'a pas grand chose à voir…

Mon indifférence mêlée de méfiance pour tout ce qui est japonais ne me permet pas d'évoquer L'empire des sens, que je n'ai jamais vu et ne verrai jamais, mais je suis un trop grand amateur de Cannibal holocaust pour laisser Frétyl comparer ce film roublard, complice et distant tout à la fois à la vraie saleté qu'est Salo ; car dans Salo, il y a un véritable engagement, un véritable halètement extatique d'un type qui réalise enfin ce que toute une partie de lui-même rêve d'accomplir.

Un des suppléments du DVD montre un réalisateur pénétré de lui-même et de son importance artistique, employant un langage précieux pour tenir un propos boursouflé (Le film veut démontrer l'inexistence de l'Histoire) et rejoint là-dessus par une camarilla de thuriféraires (il y avait longtemps que je ne l'avais pas placée, celle-là !) qui s'imaginent livrer un combat de titans contre la bête immonde. La palme à Hélène Surgère, excellente actrice et véritable idiote qui évoque – sans rire – les dangers fascistes, parce qu'elle a vu en 1975, défiler quelques militants du M.S.I. et qu'elle a vécu la grande peur (!) du 21 avril 2002. Mais Jean-Claude Biette n'est pas mal non plus dans le genre grande conscience vigilante. Et tout à l'avenant.

Ces braves gens et quelques autres étaient moins circonspects quand, pour les besoins du film, on faisait marcher à quatre pattes et japper comme des chiens toute une meute d'adolescents nus, qu'on leur servait de grands baquets de merde (je sais ! de la merde de cinéma ; mais ces gamins et gamines avaient de 14 à 17 ans ; quel joli début dans la vie !) et tous de s'émerveiller sur l'atmosphère charmante et gaie – une vraie déconnade – qui régnait sur le tournage ; heureusement il y avait une vraie vigilance antifasciste !

Putain ! si l'on veut voir ce qu'a été la Résistance, on regarde L'armée des ombres, on ne se crée pas de fausses peurs avec de vraies perversions !

je donne volontiers acte à Arca que, hier soir, dans le dégoût qui me submergeait, j'ai sans doute été excessif dans mon aversion de Pasolini et que l'assassinat d'Ostie est plus complexe que je ne l'ai dit ; cela étant, il est évoqué, dans le supplément que je mentionne presque comme une des conséquences du film par les intervenants. Comment ne pas se rappeler que Pasolini a réalisé une Évangile selon Saint Mathieu qui est une merveille de pureté… Complexité des êtres et fulgurance des vices…

Ce qui est terrible, c'est que Salo est magnifiquement tourné, que sa composition est d'une logique impeccable, que la musique (Ennio Morricone !) est magnifique… Mais 0, 0 vraiment !


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De Arca1943, le 15 juillet 2008 à 04:00
Note du film : 0/6

« Mon indifférence mêlée de méfiance pour tout ce qui est japonais ne me permet pas d'évoquer L'empire des sens. »

C'est bien dommage. Or donc, si je vous comprends bien, Impétueux, vous ne verrez jamais Godzilla, ni L'Ange ivre, ni Harakiri, ni Tampopo, ni Ringu ? Bon. Mais sachez que Sophie 75 a tout à fait raison de dénoncer l'amalgame que fait Fretyl entre Salo et L'Empire des sens. C'est un film érotique – d'aucuns à l'époque de sa sortie disaient : pornographique – où le couple protagoniste est dévoré par une sensualité de plus en plus incontrôlée et sauvage. Peut-être que ce film est atteint d'érotomanie, comme ses fiévreux personnages; et sans doute, on peut le détester, notamment pour son finale basculant dans l'atroce. C'est assez éprouvant, comme film. Il n'empêche, le thème bien connu de la passion intime autodestructrice est une chose, et le sadisme redondant justifié par un trucage idéologique densément fumigène en est vraiment une autre.

Quant à Cannibal Holocaust, si je ne l'ai jamais vu, c'est que j'éprouve pour ce genre de film une indifférence mêlée de méfiance, allez savoir pourquoi…


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De DelaNuit, le 15 juillet 2008 à 10:50

Le film de Pasolini Salo ou les 120 journées de Sodome m'a effectivement paru monstrueux, souvent insupportable, et pourtant, j'apprécie en général l'oeuvre de ce cinéaste.

J'avais notamment été très touché par le film Théorème montrant un ange (ou un dieu ?) faisant irruption au sein d'une famille bourgeoise et apportant à chacun de ses membres une révélation par l'amour et le sexe… J'ai récemment fait découvrir ce film à mes condisciples apprenant comme moi l'italien, et ils ont tous été intéressés et fascinés par ce type de cinéma à la fois provocateur et généreux auquel ils n'étaient pas habitués.

Dans le cas de "Salo", on retrouve le côté provocateur à son paroxysme, et on cherche en vain la générosité. Alors on peut exprimer son malaise en maudissant ce film, on peut aussi en profiter pour maudire la façon de vivre de Pasolini. Pour ma part, le film m'est pénible, mais je ne hurlerai pas avec les loups.

La liberté de moeurs de Pasolini ne l'a pas empêché de réaliser de très beaux films, et cette liberté – notamment sexuelle – il l'a héritée de ses ancêtres les Romains, qui furent tout de même maîtres du monde pendant un certain nombre de siècles et donnèrent à notre culture des chef d'oeuvres (en littérature, sculpture, peinture, philosophie, mythologie) qui depuis 2000 ans demeurent des références incontournables… Certains méprisent Jules César pour sa bisexualité (attestée par des témoignages d'époque puisque ses soldats le surnommaient "l'amant de ses maîtresses et la maîtresse de ses amants"), mais s'il n'avait pas conquis la Gaule, nous vivrions peut-être toujours dans des huttes de torchis… ?

Il est une question que je préfère me poser, c'est : pourquoi le besoin d'une telle provocation ? L'esprit fermé et l'intolérance à la fois religieuse et sociale de l'Italie d'alors – et de nombreux pays encore aujourd'hui – est sans doute cause d'un besoin de donner un coup de pied dans la fourmilière par une telle provocation…

Pour citer un exemple : le film Sodome et Gomorrhe de Sergio Leone et Robert Aldrich est un peplum épique, co-production franco-italo-américaine retraçant les derniers jours des deux cités perverses de la Bible, détruites par la colère de Dieu.

Il existe trois versions différentes de ce film voulu comme "tout public", selon le pays où il a été projeté. Dans la version française, une scène de torture d'une des favorites de la reine a été raccourcie pour ne pas choquer. En revanche, dans la version italienne, cette scène de torture est complète, mais on s'aperçoit qu'une scène assez courte faisant allusion à la bisexualité de la reine (Anouk Aimée) et à son désir pour sa nouvelle favorite (Anna Maria Pierangeli) est présente dans la version française mais a été coupée dans la version italienne…

Constatation : dans l'Italie du début des années 60, une allusion au saphisme dans un peplum épique est considérée comme intolérable alors qu'une scène de torture ne dérange pas ! Encore aujourd'hui, pour beaucoup de gens, l'amour différent dérange, alors que la violence, non ! Quelle hypocrisie… Pas étonnant qu'un tel mode de fonctionnement engendre chez certains un besoin de provocation…


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De fretyl, le 15 juillet 2008 à 19:40
Note du film : 0/6

Aussi ignoble que le fascisme a pu être, je me pose quand même des questions.
Le cinéma à déja montré l'horreur du nazisme de façon brillante avec La liste de Schindler ou Shoah, des œuvres qui bien entendu n'ont rien à voir avec le cinéma de Pasolini ; mais j'ai du mal à croire que même les fascistes les plus ignobles de la deuxième guerre mondiale aient pu concevoir une telle débauche de sadisme gratuit en dehors de l'antisémitisme et des camps de concentration .
Est-ce que l'histoire est vraie ?


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De Freddie D., le 15 juillet 2008 à 19:51

"J'ai du mal à croire que même les fascistes les plus ignobles de la deuxième guerre mondiale aient pu concevoir une telle débauche de sadisme gratuit en dehors de l'antisémitisme et des camps de concentration"

Revois donc Nuit et brouillard, et tu verras, tu n'auras plus aucun mal à croire quoi que ce soit…


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De droudrou, le 15 juillet 2008 à 19:54

Question horrible que tu nous poses là, Simon !

Tu as donc vu La liste de Schindler – Tu as vu Shoa – Que peut-on te dire en t'ajoutant des titres de films ou des titres de livres à lire ? – Rien n'est inventé – Tout est réel – Mais parallèlement, il faut savoir que parmi ces gens, certains allaient à la messe le dimanche et respectaient les fêtes religieuses ! – Il y avait une vie intellectuelle très riche qui était capable d'aborder tous les sujets ! – Essaye de comprendre à quel point ce régime (et bien d'autres d'ailleurs) ne nous apparaissent pas homogènes face à notre éducation mais que, nous-mêmes, confrontés à d'autres situations, nous n'avons pas fait mieux en 2000 ans d'Histoire et que rien n'est fini ! – Et j'oubliais la qualité de la vie de famille ! – Je me suis fait incendier quand j'ai dit cela à ma belle-fille !


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De Impétueux, le 15 juillet 2008 à 20:02
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Je me permets de citer Arca qui a, comme de coutume, fort bien exprimé les choses : Ce film utilise cyniquement un alibi "dénonciateur" du fascisme en phase terminale pour étaler avec complaisance un catalogue de fantasmes sado-maso. C'est ça, Salo, et rien d'autre.

Imaginer que le film de Pasolini est une enième dénonciation de ce que fut le nazisme, c'est tomber dans le panneau de la bonne conscience : Oyez, oyez les aberrations, les monstruosités, les épouvantes que peut susciter un régime inhumain !

Et, sous-entendu : Si moi, Pasolini je peux me rincer l'œil et m'exciter le bulbe avec ces images de culs offerts – quelque genre ils aient – et de merde dévorée, c'est grâce au très bienvenu nazisme qui, du fait de son caractère diabolique, dédouane mes épouvantables pulsions…


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De fretyl, le 15 juillet 2008 à 20:21
Note du film : 0/6

Freddie d et Droudrou.
Je ne met pas en doute quoi que ce soit, je sais très bien que l'occupation allemande, les camps de la mort et le fascisme en Italie ont été meurtrier, mais je me demande juste si l'histoire de Salo s'inspire de -faits réel- !! Car je dois le dire, j'imagine mal même le système dictatorial le plus dégueulasse autorisé ses représentants à commettre de telle pratique sur des adolescents innocents.


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De droudrou, le 15 juillet 2008 à 20:41

Simon : il était un petit navire, il était un petit navire, qui n'avait ja… ja… jamais navigué, qui… et on arrive à ce que n'ayant plus de vivre, il fallait savoir qui serait mangé ! Et "le sort tomba sur le plus jeune… etc…" – il n'y avait pas de femmes à bord des navires mais il y avait des mousses très jeunes… tu vois ce que je veux dire ? – Je vais plus loin : la Rome telle qu'exposée dans le film "Caligula" si je ne dis pas de connerie en matière de titre – Les lupanars, poil aux nanars, ça servait à quoi ? – Et encore, je me place là par rapport à des civilisations dites "évoluées"… – Dans toute sa connerie, l'homme est capable des pires perversions au nom de rien et de tout ! –


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De fretyl, le 15 juillet 2008 à 20:50
Note du film : 0/6

Mais je sais Droudrou je sais !!! La question que je pose est quand même claire, nette, précise et sans bavure : le film s'inspire t'il de faits réel ?


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De Freddie D., le 15 juillet 2008 à 21:03

Je n'en sais rien. Mais vu ce qui s'est passé dans les camps, dans les ghettos, je ne vois pas pourquoi les nazis ne se seraient pas aussi essayés à la coprophagie et aux mutilations d'ados. Donc, d'une manière ou d'une autre, c'est inspiré de faits réels. De près ou de loin.


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De lagardère, le 15 juillet 2008 à 21:05

Et moi je me pose une autre question :

Pourquoi vous obstinez vous à croire que Salo, que je n'ai pas vu – mais au vu de vos écrits….- est un relent de fascisme , une métaphore , etc….? Que voulez vous donc "analyser" ? Salo est une chronique de ce qui se passe , en 2008 , dans des milieux "trés bien" , qui ne choque plus personne depuis longtemps , qui est monnaie courante , sans pour autant s'afficher au grand jour…Sans critiquer une seconde vos paragraphes , voilà bien des mots pour définir la fiente morale du monde dans lequel nous surnageons désespérément ! Je ne voudrais pas vous casser le moral , jeune Frétyl , mais…


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De fretyl, le 15 juillet 2008 à 21:32
Note du film : 0/6

Comme le dit Impetueux un peu plus haut, Salo n'est à mes yeux que l'étalage des perversions de Pasolini, l'accusation pourrait-être la même que celle qui a pesé sur Mel Gibson avec La passion du Christ Pasolini se contrefout du schéma historique de quoi que ce soit, l'enrobage du film n'est prétexte qu'a un catalogue des pulsions de Pasolini.


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De DelaNuit, le 15 juillet 2008 à 22:30

Sadisme, cruauté, monstruosité, et malsaine complaisance sous un alibi historique… Sans doute. Mais provocation avant tout. Et qui est le plus monstrueux, du monstre, ou de celui qui le crée ? De la créature de Frankenstein ou du docteur Frankenstein lui même ?

On ne m'enlèvera pas de l'idée qu'une société bien-pensante et hypocrite, justifiant bien des cruautés, violences, guerres, croisades, inquisitions, intolérances, haines au nom de valeurs idéologiques, politiques ou religieuses, et empêchant les individus différents de s'épanouir au nom de ces mêmes valeurs est responsable des réactions provocantes et malsaines qu'elle suscite, responsable des monstres qu'elle crée.

Le Pasolini de Théorème était poète et généreux, celui de "Salo" est monstrueux. Mais sa monstruosité est indissociable du contexte social, politique, idéologique, religieux dans lequel elle s'est développée…


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De droudrou, le 15 juillet 2008 à 23:00

Sadisme, cruauté, monstruosité, et malsaine complaisance sous un alibi historique… Sans doute. Mais provocation avant tout. Et qui est le plus monstrueux, du monstre, ou de celui qui le crée ? De la créature de Frankenstein ou du docteur Frankenstein lui même ?

Celui qui a pensé l'histoire avant qu'elle ne devienne un film ! Ensuite, celui qui a pensé qu'on pouvait en faire un film et que ça pouvait engendrer des dollars ou des deutsche marks !


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De fretyl, le 15 juillet 2008 à 23:59
Note du film : 0/6

Le problème avec Salo c'est que l'idée de départ est bonne, mais en filmant la même chose d'une manière moins voyeuriste, plus saine, on aurait pu tiré un film "regardable". Salo est inregardable dans tous les sens du terme.


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De Impétueux, le 16 juillet 2008 à 00:14
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Ce débat (?) part dans tous les sens, et de façon absolument ridicule. Où voit-on que Pasolini ait un seul instant suggéré qu'il s'inspirait de faits réels ? Nulle part ! Les questionnements en ce sens sont absurdes et même inconvenants ! Si l'on veut voir le système concentrationnaire, il y a Nuit et brouillard, il y a Shoah, il doit y avoir une tripotée d'autres films !

Mais il faut tout de même revenir aux fondamentaux ! Qu'est ce que Les 120 journées de Sodome ? Une des multiples et obsessionnelles recensions par Sade des monstruosités de l'âme humaine ! Je rappelle que Donatien Alphonse François de Sade a vécu de 1740 à 1814 et qu'il n'a absolument, absolument aucun lien de parenté avec les regrettés Adolf Hitler et Benito Mussolini ; que ses pulsions monstrueuses sont celles qui animent les Hommes, certains hommes, riches et pauvres, puissants et misérables, petits et grands confondus depuis l'aube des temps.

Et il faut rappeler que dans le film de Pasolini, les quatre monstres organisateurs sont – comme dans le récit du Marquis – le Duc, l'Évêque, le Président et le Juge et que cette dénomination parabolique indique assez nettement qu'il ne s'agit pas d'un récit historique fondé sur des faits réels, mais qu'elle est une métaphore de ce qui fascine le réalisateur : le Pouvoir, et ce qu'il peut infliger aux misérables humains dès qu'il est sans limites (et c'est pour cela qu'il choisit l'épisode historique et fantasmé de Salo : un moment où plus rien n'existe que l'Arbitraire (le Duc le dit : Nous les fascistes, nous sommes les plus grands des anarchistes…du moment que nous avons le Pouvoir).

Ce que je trouve néanmoins répugnant dans Salo n'est pas la constatation de cette évidence, mais la complaisance de l'auteur à l'illustrer de ses propres fantasmes.

Maintenant, s'il plaît à certains d'entre vous d'imaginer que des hiérarques pansus ont pu – à Salo, à Moscou, à Auschwitz, à Pékin, à Buenos-Aires ou – pourquoi pas ? – à Paris – réaliser cette fantasmatique, libre à eux ! Mais ça n'aura pas de rapport avec un film terrible et répugnant ! Et ça ressemblera seulement à une réalité assez banale, finalement, comme celle de toutes les folies du monde, celles de Marc Dutroux, du Pasteur Pandy, de John et Rosemary West, du sympathique Joseph Fritzl qui séquestrait sa fille en Basse-Autriche et lui faisait des enfants… et celle de bien d'autres… Au concours des monstres, il y a chaque années de nouveaux inscrits !

Avant de tenir des propos du niveau du Café du Commerce sur le nazisme, le système concentrationnaire et tutti quanti, j'invite chacun à regarder le film.

Ou, si l'on en est dégoûté d'avance et si l'on se refuse à le voir, à n'en pas parler.


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De RdT, le 16 juillet 2008 à 08:56


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De Impétueux, le 16 juillet 2008 à 12:26
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Un peu d'élitisme ne fait jamais de mal, n'est-ce pas RdeT ? Mais je ne vous chercherai pas querelle là-dessus et si vous pensez que la lecture d'un traité philosophique peut vous permettre de calmement regarder des monstruosités, grand bien vous fasse…

Je vous chipoterai un peu davantage sur votre désolation que la barbarie et la cruauté aient pu apparaître en Allemagne (…) et en Italie, pays que vous notez justement comme hautement civilisés… Là encore, comme beaucoup de nos petits camarades, personnalisation du mal chez les séides de MM. Hitler et Mussolini. Comme si c'était si simple ! Comme si ce Mal n'a pas existé de tout temps et partout, sous tous les régimes, les plus libéraux et les plus autoritaires, les plus progressistes et les plus conservateurs ! J'imagine que certains hiérarques de la Cour du Président Mao, certains pervers de la côterie du bienveillant Joseph Staline, certains maboules de l'entourage du Président Fallières (ou du Président Loubet, ou du Président Doumergue) se donnaient les mêmes facilités écœurantes !

Et ce n'est pas même – pas du tout ! – une question de Pouvoir politique, mais une question de Pouvoir tout court ! Lorsque dans les familles du lumpen-prolétariat français (à Outreau, à Angers, à Boulogne) des pères et des mères prostituent, violent, profanent leurs enfants, c'est aussi une démonstration démoniaque de la domination de certains êtres sur d'autres…

A DelaNuit : je relis plus à fond votre message du 15 juillet à 10h30, où, à moins que j'aie mal compris, vous faites mine d'évoquer une homophobie latente chez certains contributeurs ; et je me doute que vous me tenez dans votre ligne de mire, puisque j'ai évoqué les mœurs et la mort crapuleuse de Pasolini. Ce débat a déjà eu lieu à propos d'un autre homosexuel notoire, Patrice Chéreau, sur le fil de La Reine Margot et il serait absurde de recourir au copier/coller ; je ne suis pas homophobe, je ne suis pas homophile… mais je n'aime pas beaucoup qu'on s'exhibe…


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De Arca1943, le 16 juillet 2008 à 12:39
Note du film : 0/6

C'est drôle, RdT, moi je l'ai lue, La Dialectique de la raison, tout comme j'ai lu aussi (de peine et de misère, mais je l'ai lue) La Dialectique négative du seul Adorno. Et alors ? Mon opinion de Salò n'en est pas changée. Je trouve la référence incongrue ici. Et comme j'ai lu aussi Hannah Arendt, et en particulier le Tome 2 des Origines du totalitarisme, de même que Levinas, Réflexions sur la philosophie de l'hitlérisme de même qu'un article de Benedetto Croce Formations naturelles et formations historiques, et quelques autres de cette sorte, je sais surtout que la filiation idéologique du nazisme passe par Sade, notamment parce que Sade entretenait une théorie naturelle-biologique (i.e. fondée sur le "sang") de l'aristocratie : rien ne pouvait le faire déchoir moralement ou autrement et tout lui était donc permis car il était de sang noble : une chose fixée selon lui par la nature. Gobineau va passer par là à son tour, et tirer de cette croyance artistocratique des effets collectifs (la soi-disant race) et même Edmund Burke quand il introduit dans la pensée anglaise la notion d'heritage, qui fait de la nationalité britannique un fait de naissance. Burke est pourtant un démocrate; il s'agissait pour lui d'étendre à l'ensemble du peuple anglais – conçu par lui comme une "noblesse des nations" – ce qui jusque-là n'avait été l'apanage que de quelques-uns. Seulement voilà : cet apanage étant celui de l'hérédité, du sang, on se retrouve quelques années plus tard avec la notion de race anglaise et de doctes revues qui titrent (en 1880, pour être exact) a biological view of our foreign policy et autres joyeusetés. C'est dans ce contexte idéologique que fleurissait le naturalisme, que les pseudo-sciences comme le polygénisme, l'eugénisme, l'anthropologie physique ont pu fleurir avec un tel succès. L'histoire du déterminisme biologique, une chimère qui a la vie dure, est essentielle pour comprendre les pires aberrations de la pensée nazie. La pensée de Sade a en effet un rapport avec la vulgate nazie parce qu'elle est porteuse de cette dérive naturelle-biologique de l'humanité.

J'aurais autre chose à ajouter, notamment sur le méchant "grand public" auquel soi-disant il ne faut pas tout montrer, mais le temps file : je dois foncer au bureau !


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De fretyl, le 16 juillet 2008 à 16:38
Note du film : 0/6

En fait je me demande s'il n-y'a pas deux façons de voir Salo, le titre complet est Salo, ou les 120 journées de Sodome, dans le titre le ou est peut-être important, on peut réagir au film de manière basique en y voyant un pamphlet sur la république illusoire de Salo "ou" comme une vision de Pasolini de l'œuvre de Sade Les 120 journées de Sodome. On m'arrêtera si je dit une connerie mais ça me semble une hypothèse assez crédible, Pasolini semble avoir tenu à faire réfléchir son spectateur sur son film, une vision apocalyptique, la décadence dans l'éclat le plus sale.
Si j'ai comparé Salo à Cannibal Holocaust c'est parce-que celui-ci me parait être le plus véhément dans la violence et la crasse tel que dans Salo, mais en allant plus loin on pourrait surtout mettre les fascistes de Pasolini en comparaison avec les quatre bourgeois de La grande bouffe. Dans Salo la destruction physique est donnée sur l'innocence, dans La grande bouffe la même décadence par moment scatologique permet aux protagonistes de se salir par eux mêmes dans des élans philosophiques masqués derrière la bouffe et le cul. D'ailleurs j'ai toujours vu Ferreri comme un petit frère à Pasolini. Revoyez La dernière femme

Même si Salo mérite bien sa note de 0/6, on pourra dire qu'il reste un film qui interpelle et fait réfléchir longtemps après l'avoir vu.


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De Impétueux, le 16 juillet 2008 à 17:24
Note du film : Chef-d'Oeuvre

La comparaison que fait Frétyl de Salo avec La grande bouffe me paraît extraordinairement pertinente et bienvenue ! Dans l'un et l'autre cas, il y a le dégoût de soi et du monde… (mais, évidemment, dans le film de Ferreri, les quatre cinglés ne font de mal qu'à eux-mêmes, ce qui constitue une différence évidente !).

Ce n'est pas parce que il y a aussi dans Cannibal holocaust de la crasse et de l'horreur qu'il y a un rapport, en revanche…

Et la dénonciation (vachement courageuse, trente ans après !!!) de la République de Salo par Pasolini ne doit abuser personne : hors de donner quelques (belles) images tournées au bord d'un lac du nord de l'Italie, de munir les gardes-chiourme de chemises noires, et quelques assassins d'uniformes allemands, tout ce fatras d'horreur aurait pu se dispenser de prétendre s'insérer dans une réalité historique ; il me semble même que le film aurait gagné en horreur et en percussion s'il avait été intemporel…

Mais – comme je l'ai écrit plusieurs fois depuis trois jours – si Pasolini n'avait pas fait mine de dénoncer la Bête immonde, il aurait peut-être été plus embêté par la censure qu'il l'a été ; au nom de l'anti-fascisme, on n'a pas trop osé lui chercher des poux…

Et j'y reviens encore et le confirme : c'est un très bon film, aux images obsédantes, que j'aimerais finalement bien ne pas avoir vu… (Nos actes nous suivent ! dit L'Ecclésiaste).


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De Torgnole, le 1er septembre 2008 à 16:42
Note du film : 6/6

Je n'ai jamais vu un truc qui m'ait donné envie de vomir avec autant de classe, c'est bien filmé, les images s'impriment, le rythme est efficace. Quand je vais voir un film d'épouvante, c'est pour flipper, un film comique, pour me marrer, un romantique pour pleurer. Alors franchement, à quoi vous attendiez vous avant de voir ce film "Salo ou les 120 journées de sodome", avec un titre pareil, au moins, cela va aussi loin que les écrits du divin marquis. Je n'ai pas l'impression que Salo veuille s'insérer dans une réalité historique, ni n'importe quelle réalité d'ailleurs, le ton employé est trop étrange. On dirait plutôt un conte pervers, une fable infernale et décadente, une exploration cruelle fascinante qui appuie sur les boutons déclencheurs des émotions les plus refoulées, celles auxquelles on n'a pas envie d'être confronté. Parler des "fantasmes sado-maso de Pasolini" c'est avouer qu'il existe une forme de fantasme à toutes ces horreurs, alors pourquoi ne pas les exposer dans un film. Pasolini ne dénonce ni le fascisme, ni le nazisme mais l'être humain dans tout ce qu'il a de plus malsain et enfoui.


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De Impétueux, le 1er septembre 2008 à 18:16
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Je ne crois pas avoir écrit autre chose…


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De Torgnole, le 1er septembre 2008 à 23:15
Note du film : 6/6

Je ne crois pas avoir dit le contraire… Votre envie d'en parler, de le brûler sur la place publique, indique juste que Salo vous a souillé l'âme peut-être incurablement, c'était à prévoir et c'est bien fait pour vous! Il ne faut jamais sous estimer l'impact de certaines oeuvres sur sa sensibilité, qu'elles soient d'une beauté pure, ou d'une horreur sans nom.


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De Lagardère, le 1er septembre 2008 à 23:42

je pense que l'ami impétueux vous répondra, cher torgnole, mais je ne vois pas ce que notre âme vient faire en ces lieux… Peut-être voulez vous évoquer notre nature intrinsèque qui peut en être ébranlée. Mais notre âme….


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De Impétueux, le 2 septembre 2008 à 10:10
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Disons que Salo m'est cicatrice, avec toute la charge de souvenirs, de blessures, mais aussi de sentiments d'être rescapé qu'une cicatrice peut comporter… Cicatrice qui s'effacera ou non…

Sous les réserves que j'ai (trop) amplement développées (de protection sous l'alibi commode de l'antifascisme), Pasolini grattouille – ou plutôt scarifie – non pas là où ça fait mal (nous ne sommes pas TOUS fascinés par ce qui le fascine), mais d'évidence en plein cœur de réalités et de désirs existants. Et, contrairement à ce que j'ai écrit précédemment, on ne peut pas lui en donner tort : Celui qui n'ose pas, de temps en temps, penser avec calme une chose affreuse ne sera jamais à tu et à toi avec la nature humaine, écrit Jules Romains, humaniste s'il en fut dans Comparutions, vingt-quatrième volume des Hommes de bonne volonté.


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De fastivon, le 2 septembre 2008 à 19:40
Note du film : 0/6

Rarement vu un film aussi merdique.

C'est la troisième fois qu'il m'a été donné de voir cinq ou six personnes se lever de leurs trônes au bout d'une petite demi-heure, les deux autres étant au cours de la projection de L'amour braque/Zulawski et Subway/Besson. Même sans dévorer le film des yeux, il faut convenir de la difficulté à bouger son derrière du siège. Le prix de la place fait cale.


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De jubowski, le 31 mai 2009 à 19:20

Il y a un certain nombre de choses que je ne comprends pas à propos cette discussion…:

1) face aux injures pour Pasolini et d'autres films, réalisateurs,… que fait le modérateur du site???

2) Pourquoi être choqué par l'âge des acteurs? Justement, cette oeuvre est une fiction, qui n'a rien de commun avec le "cinéma pornographique" proprement dit, car elle met toute la mécanique du désir à distance par le cadre, la caméra… Les actes n'y sont que simulés. Toute pénétration n'est qu'évoquée. Je m'inquiète sérieusement pour la santé de ceux qui prennent l'action du film comme une réalité vécue par les acteurs! Doit-on rappeler l'âge de Jodie Foster sur le tournage de Taxi Driver, film pourtant solidement corseté par l'industrie hollywoodienne?

3) Ces réactions montrent la force du film. D'ailleurs, comment peut-on noter 0/6 un film qui fait réfléchir??? Que le film provoque, certes, mais dans un sens justement HAUTEMENT ANTI-VOYEURISTE! La mise à distance de la caméra interdit tout désir au spectateur, qui ne peut qu'analyser froidement, à travers la parabole, les mécanismes de la destruction totalitaire. Ce qui est soutenu par le film de Pasolini, c'est la part effrayante de la sexualité frustrée, de la volonté compulsive d'accéder à la "scène originaire", dans le processus totalitaire. En effet, les quatre tyrans sont incapables de comprendre le sentiment amoureux, alors, ils le dissèquent rationnellement (références littéraires, philosophiques, commme "caches-sexe" de leur misère sexuelle), le déconstruisent, jusqu'à son explicite démembrement charnel! Voués à la frustration du trou de la serrure, les personnages de Salo, et tout régime fasciste, tentent d'annihiler la possibilité de l'espace intime pour que rien ne leur échappe plus: "Big Brother is watching you". Le "cercle du sang" représentant la punition qu'implique toute velléité de reformation d'une sphère privée. (toute ressemblance avec des faits se déroulant hic et nunc ne serait que purement coïncidente…)

4) Salo est le seul film de Pasolini que je connaisse, mon avis est donc tout relatif et ne se confronte pas au reste de la filmographie du ciinéaste. Cempendant, Salo est une oeuvre qui révulse, mais telle est l'intention de Pasolini. Si les intentions de l'auteur atteignent à ce point leur but, que peut-on dire sinon que le film est une réussite? 6/6, donc.


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De jubowski, le 31 mai 2009 à 19:54

5) Quant à la comparaison Salo/Cannibal Holocaust, ça me fait doucement rire. Entre un film simplement abject (animaux réellement massacrés, là par contre!, devant nos yeux de spectateur pour la mince cause théorique du film qui est de nous asséner que "l'homme est vraiment trop cruel, je vous en offre la preuve par l'exemple") et une épure scandaleuse, éprouvante, mais uniquement du ressort de la représentation fictionnelle, il n'y a pas de comparaison possible!!!

Cela dit, Cannibal Holocaust est bien une réussite en son genre: au bout d'1h20 de tripailles, de meurtres et de viols, et cela surtout par la répétition consciente de sa violence, il nous prend petit à petit une tenace envie de dégobiller son déjeuner…


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De PM Jarriq, le 31 mai 2009 à 20:00

Longue discussion sur Salo ! Mais curieusement, aucun avis positif ou négatif ne m'a donné envie d'aller me faire une opinion par moi-même…

Ce que je trouve le plus troublant, c'est qu'après avoir causé des scandales partout dans le monde, soulevé le coeur des plus endurcis, suscité d'aussi vives émotions, le film de Pasolini est aujourd'hui en vente partout, il fait partie de "promos spéciales" à 9,99 euros dans les Fnac et Virgin, comme n'importe quelle comédie américaine ou vieux De Funès multi-réédité.

Et ça n'étonne personne…


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De Romuald, le 31 mai 2009 à 21:30

Ca n'étonne personne…..Pas moi, en tout cas. Parce que passé les "Hou-la ! la !", les "oh ben dis donc !", les "c'est un scandale !", le bizness reprend ses droits. Salo ou Les grandes vacances, même combat. A part quelques irréductibles, qui s'étonne de la non-édition de La belle équipe en DVD ? Personne. Et pourtant….

                                 pour \Lagardère

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De fretyl, le 31 mai 2009 à 22:07
Note du film : 0/6

Le public et en particulier les jeunes sont en recherche d'image choc et de violence.
On nous montre des milliers d'images tous les jours à la télé. Au bout du compte le public finit par trouver ça ennuyeux. Nous sommes dans une société ou on cherche toujours à augmenter les doses, il faut toujours plus d'action, toujours plus d'effets spéciaux, toujours plus de spectaculaire, toujours plus de sexe…

D'autant qu'il y'a dans ce film quelque chose d'extrêmement transgressif même trente cinq ans après, plus on dit aux gens n'y allez pas plus ils veulent voir. Salo un peu comme les spectacles de Dieudonné est une chose que l'on regarde en se cachant et qui contient indéniablement un pouvoir séducteur de par son "interdit".


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De Impétueux, le 1er juin 2009 à 10:00
Note du film : Chef-d'Oeuvre

''&&Comment peut-on noter 0/6 un film qui fait réfléchir ???&&, écrit Jubowski''…

Sans dissimuler ma fascination pour le talent stupéfiant de Pasolini et pour l'intelligence proprement diabolique de Salo, je suis de ceux qui ont mis ce 0 qui étonne… Mais que voulez-vous qu'on mette, Jubowski ? Il n' y a pas de mesure entre la note de chef-d'œuvre (7 sur 6) et le 0 qui, j'en conviens, n'est pas de la même nature que ceux qui marquent les pires nullités.

En fait, c'est à la fois profonde admiration et rejet complet ; ça n'entre pas dans les catégories habituelles…

Pour le reste de vos affirmations, je baisse les bras : il me semble que dans la kyrielle de messages – la plupart de bonne venue – qui s'étagent sur ce fil, il y a suffisamment de grain à moudre…


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De fretyl, le 1er juin 2009 à 11:09
Note du film : 0/6

Ou est-ce que j'ai dit ça ?? Je ne fais que constater que ce qui est plus ou moins interdit par la morale républicaine excite le public et fonctionne quasiment à tous les coups.

Dieudonné se vend bien et ses spectacles se trouvent aussi très facilement, Salo se vend bien malgré le scandale que le film continu de susciter.

Lorsqu'on regarde Salo on a un espèce de malaise, l'impression de faire quelque chose qui n'est pas conforme aux égides religieuses, spirituelles et morales, c'est tellement sale qu'on a l'impression de se salir sois même. Pour preuve juste après l'avoir vu Impétueux a dit :

Toujours est-il qu'à l'heure où j'ai écrit cela, je ne suis pas persuadé que le DVD arrivé hier par la poste ne repartira pas demain soir par la poubelle

Et c'est pour ça que ce film continu à être acheté en masse. Et pour les spectacles de Dieudonné il y a légèrement la même sensation, même si c'est nettement moins monstrueux. Se rendre au supermarché, prendre le dvd, arriver chez soi et le regarder tous seul donne presque une impression aux Français moyens de transgresser une loi, de faire en quelque sorte un doigt d'honneur à un système politiquement correct qui interdit philosophiquement d'écouter Dieudonné.

C'est le seul point commun que je trouverais. Non pas entre Pasolini et Dieudonné, mais beaucoup plus entre Salo et Mes excuses


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De Torgnole, le 1er juin 2009 à 11:11
Note du film : 6/6

Une chose qui me fascine et me répugne dans Salo, c'est le sens du détail pervers, ce raffinement de l'horreur propre au marquis de Sade. Ce long monologue, par exemple, faisant office de présentation du cercle de la merde, où cette femme noble raconte avec éloquence l'histoire de ce fin gourmet, grand amateur d'excréments, qui poussait le vice a chercher des merdes de femmes cancéreuses, car elles étaient plus puantes et relevées… Le met suprême étant apparament celui des condamnées à mort qui produisaient les meilleurs excréments la veille de leur exécution… Tout cela va vraiment très loin et l'alliance du précieux et de l'immondice est terriblement gênante car l'horreur qui d'habitude est mise sur le compte de l'ignorance et la barbarie humaine primitive est ici le produit d'une intelligence au service d'un plaisir pervers mais raffiné. C'est réellement démoniaque.


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De PM Jarriq, le 1er juin 2009 à 11:37

Merci en tout cas, de nous avoir fait partager ces instants exquis…


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De fretyl, le 1er juin 2009 à 12:07
Note du film : 0/6

On pourrait débattre et s'engueuler pendant longtemps avec les pour ou contre Dieudonné. Mais le problème c'est qu'on risque hélas de quitter le débat culturel pour aller sur celui de la politique.

Du moins, si ce débat doit avoir lieu je préférerais qu'il ait lieu sur un fil consacré à Dieudonné plutôt que sur l'œuvre de Pasolini.


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De droudrou, le 21 août 2009 à 10:28

Oyez ! Oyez ! Comme je trouverais que c'est très calme actuellement sur DVDToile le supplément télé-ciné du nouvel obs de cette semaine consacre un article à Salo !… la semaine dernière c'était sur Portier de nuit qu'on se le dise !


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De vincentp, le 13 septembre 2014 à 09:35
Note du film : 4/6

Le point fort de ce film, c'est sa mise en scène (gestion du temps et de l'espace, succession des plans) et sa photographie (couleurs et éclairage), oeuvre d'un grand professionnel : Tonino Delli Colli. Bref, plutôt sa partie formelle, de grande qualité. Le fond souffre de deux défauts : le propos n'est pas toujours très clair (curieux traitement du sujet, via un mélange d'une esthétique soignée et d'aspects sales et dégradants), et la thématique datée. Ajoutons que ce film est franchement insupportable à regarder. Une oeuvre au final mineure de Pasolini.


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