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Sujet : Marylin, grande comédienne


De dumbledore

Niagara ne fait pas partie des films les plus connus de Marilyn Monroe et pourtant, il mérite d'être découvert car il confirme une chose : Marilyn Monroe était une grande comédienne, capable de jouer autre chose que les sottes naïves. A cet égard, Niagara rejoint Les Désaxés car tous deux montrent une facette rarement connue (et exploitée) de Marilyn Monroe, celle d'une actrice capable de susciter toute une gamme d'émotions, capable de passer d'un sentiment à un autre dans un regard ou une attitude.

Si l'histoire du film est assez classique, Hathaway transcende le film grâce à une mise en scène tout en finesse, avec un découpage très classique alternant avec des choix d'axes époustouflants (le plan en plongée sous les cloches), à tel point qu'on a souvent l'impression d'être dans un film d'Hitchcock, ce qui est le plus beau des compliments qu'on puisse lui faire.

Le scénario, et les personnages présentés, ne sont d'ailleurs pas loin d'Hitchcock non plus. Le film repose en effet sur deux couples. Le premier est présenté comme négatif, constitué d'une vamp et d'un névrosé, violents tous les deux, traîtres, se tirant dans les pattes. Le second représente le petit couple gentillet et parfait, très middle-class. Bien évidemment, le couple gentil s'en sort et « gagne à la fin ». Seulement, l'ironie du film réside dans le fait que le vrai couple, celui qui a traversé des choses, qui a vécu la vie à fond, ce n'est pas celui-ci, c'est l'autre qui est mort. Ce couple de gentils ne sera jamais rien d'autre qu'un couple triste et pathétique, avec notamment ce mari, le plouc par excellence, lourd, insupportable qui ne comprend rien à rien, et cette femme qui n'a pas le courage de vivre sa vie et qui préfère rester dans le cadre bien rassurant des bien-pensants et de ce mariage pathétique…

L'autre grande idée du film, ce sont les chutes du Niagara, personnage à lui tout seul, sur lequel on commence et on finit le film. Sa grandeur, son immensité, son intemporalité offrent quasiment un regard sur ce drame de couple(s) qui face à lui paraît bien ridicule et pathétique.


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De vincentp, le 1er septembre 2010 à 23:42
Note du film : Chef-d'Oeuvre

La grande idée (pour reprendre l'expression de Dumbledore) est de montrer deux couples mal assortis, par les conventions sociales. Et comment ils auraient pu exister autrement…

Le couple formé par Polly et Ray représente le couple américain modèle : belle voiture, look épanoui… Mais le mari ne comprend pas les visions de sa femme… Le couple formé par Rose et George est également bancal : les deux époux ne se comprennent pas non plus.

A la 1h16'26'', en deux secondes, un mouvement du corps parallèle et un regard identique de Polly et George mettent en évidence la concorde de caractère, de comportement, de psychologie entre ces deux personnages, alors que le parcours criminel de George est démontré. L'american way of life vole en éclats, avec ironie.

J'ai trouvé ce film, en apparence modeste (la mise en scène de Hathaway est très sobre, mais en fin de compte sacrément bien pensée) totalement génial. A noter également un très beau travail sur la couleur : un décor extérieur et intérieur vert et marron, avec des personnages habillés en bleu, trouant ce décor.


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De Impétueux, le 17 janvier 2019 à 22:13
Note du film : 4/6

Franchement, est-ce que quelqu'un se souviendrait de ce film, au scénario rebattu, tourné par un artisan sans génie du cinéma étasunien, s'il n'était illuminé par la séduction vénéneuse de Marilyn Monroe (qui disparaît malheureusement vingt minutes avant la fin et dès lors c'est un peu ennuyeux) ? Et aussi, sûrement peut-être davantage par le cadre qui donne son nom au film, les chutes du Niagara, qui ne sont ni les plus hautes, ni les plus spectaculaires du monde, celles du Zambèze, entre la Zambie et la Rhodésie (Victoria falls) et celles d'Iguazu, au Brésil étant, paraît-il, plus grandioses. Mais les chutes du Niagara ont l'avantage d'être admirablement situées, à la frontière du Canada et des États-Unis et d'avoir de longue date été aménagées pour la séduction des touristes et la prospérité du commerce local.

Le film d'Henry Hathaway est d'ailleurs, dans une certaine mesure, un prospectus documentaire, tel qu'on pouvait en éditer en 1953 pour attirer le chaland : balade en canot automobile, transit jusqu'à proximité des cataractes – tout cela avec des cirés et des bottes congrûment revêtus – et même, au soir venu, illumination polychrome des chutes, à peu près aussi laide que lorsque Mme Hidalgo décide de sacrifier la Tour Eiffel à une des vertueuses causes qu'elle affectionne au plus haut point.

Pousserai-je la goujaterie jusqu'à écrire qu'une autre chute peut largement autant fasciner le spectateur, celle des reins de Mlle Monroe, qui est mise en valeur avec une complaisance et une roublardise certaines par Henry Hathaway ? Pourquoi pas, même si Jean Peters, à la brève carrière cinématographique, qui lui donne la réplique en épouse sage et résignée à l'extrême médiocrité de son niais mari (Casey Adams) ne manque ni de charme, ni de piquant. Mais enfin, c'est tout de même l'extraordinaire sensualité de Marilyn qui frappe d'emblée et qui entraîne tout le film. Un abord absolument significatif, au demeurant. Le mari de Marilyn, George Loomis (Joseph Cotten) est allé, dès 5 heures du matin, attiser son aigreur, ses regrets, son masochisme, dans le brouillard d'eau des chutes. Il revient au motel où il réside. Dans un des lits jumeaux de son bungalow (des lits jumeaux ! admirable, détestable Code Hayes !) il y a sa femme, Rose, nue, belle, fardée, qui fait mine de dormir, puis ne joue plus la comédie de son ennui.

À peu près en même temps arrive donc, en voyage de noces tardif, un jeune couple dont le mari, Ray Cutler (Casey Adams, donc) a gagné une sorte de concours de meilleur vendeur de flocons d'avoine. Ce n'est pas mal du tout, d'ailleurs, ce contraste entre le couple Cotten/Monroe, qu'on sent déchiré, fatigué, hérissé, haineux et le couple Adams/Peters, parfaite illustration de l'optimisme niais de l'époque, mais où on voit assez vite que la femme vaut mieux que le mari.

Rencontre. Un peu de sympathie, mais qui ne va pas loin ; des échanges comme on en peut avoir dans un hôtel ou un club de vacances. D'autant que les orages sont fréquents et vifs entre les époux Loomis et que Rose ne peut pas dissimuler qu'elle est davantage faite pour séduire les mecs qui la regardent onduler dans ses robes glamour que pour être une ménagère modèle.

J'aurais aimé qu'on restât sur la confrontation de ces deux aspects si antagoniques, mais le film tourne vite dans une dimension criminelle assez banale, vingt fois vue à l'écran. Un amant, Ted Patrick (Richard Allan) est chargé de zigouiller le mari gênant ; il rate son coup et c'est lui qui trépasse. Qu'est devenu le mari ? Que va-t-il faire ? Comment le malheureux sympathique couple Cuttler se sortira-t-il de cette mouise ? Tout cela a été vu vingt fois. Cela étant donnons acte et crédit à Hathaway d'avoir introduit un agréable élément de suspense en lançant sur la rivière Niagara un esquif vite en panne de carburant et promis à une belle catastrophe…

On peut aussi créditer le réalisateur de plusieurs très beaux plans, moins sur les chutes que sur l'assassinat de la malheureuse méchante Rose dont le cadavre sanglant est filmé en plongée au travers du carillon du beffroi où elle s'est réfugiée ; dans un film qui serait aujourd'hui une simple histoire télévisée, cette recherche esthétique est très bienvenue, même si elle ne suffit pas à hausser Niagara au rang de chef-d'œuvre, ni même d'excellent film..


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De vincentp, le 13 juillet 2019 à 23:35
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Revu en dvd. La mise en scène de Hathaway est superbe (plans, direction des acteurs), Niagara est une des réussites majeures de ce cinéaste talentueux. L'histoire est énigmatique, et on peut se demander quel est le sens du récit. Celui-ci est dévoilé in fine lors de la scène ou Jean Peters et Joseph Cotten se déplacent parallèlement… Une à deux secondes, tout au plus, qui donnent visuellement toute la signification de l'oeuvre (une mise en question de l'american way of life) ! Le couple du film est celui constitué par deux personnages, qui se découvrent des points de complémentarité, en dehors d'un cadre social formaté. Sécheresse de ton, pas de sentimentalisme, dans la ligne de l'oeuvre de Hathaway. La gestion des déplacements physiques, l'utilisation de la couleur et des décors, sont admirables. Une équipe talentueuse (Joseph MacDonald,…) derrière tout cela. La vedette côté acteurs est Jean Peters qui apporte une touche de spontanéité bienvenue. Grand et beau film, à redécouvrir, en étant très attentif aux détails …


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De Frydman Charles, le 10 avril 2021 à 14:10
Note du film : 5/6

Ceux qui ne connaissent pas le lieu des chutes du Niagara, peuvent etre étonnés que le carillon du "Rainbow tower carillon" puisse jouer un air donné à une heure donnée. En fait le carillon joue des airs choisis à la demande en mettant sa demande dans une sorte de boîte aux lettres : Ciné club de Caen résumé du film, carillon. Lorsque l'amant de Rose Loomis lui dit que quand le carillon sonnera son air "Kiss me" , "ce sera fait", il aura tué son mari, on ne sait pas encore que le carillon joue des air à la demande. On voit là fente ou glisser ses demandes pour choisir les airs bien plus tard à 54 mn

.Le mari de Rose à disparu, Rose est en passe de rentrer chez elle accompagnée par le couple d'amis Polly et Ray Cutter. Mais lorsqu'elle entend le carillon à 38 mn, Elle demande alors de rentrer seule…En fait c'est le mari qui a tué l'amant ! Qui a fait jouer le carillon ? Ce serait étonnant que ce soit le mari qui ne devait pas être au courant de la convention entre les amants…En attendant de revoir le film, un forumeur a peut être l'explication ? Georges sait que Rose à connu son amant en entendant l’air "Kiss me". Aussi auparavent à 17 mn, lorqu’elle passe le disque en vinyle jouant la chanson, il casse le disque de colère. Le corps de Georges est découvert à 39 mn. Il est possible que Georges en inversant les rôles ait fait jouer cet air pour dire "j’ai tué ton amant". Il le fera jouer à 54 mn alors que Rose est hospitalisée, elle entendra l’air sur son lit d’hôpital.A 1 h 03 Georges rejoint Rose en haut de la tour au carillon, là où se trouvent les cloches et dit "C’est vraiment dommage que les cloches ne puissent pas jouer ta chanson pour toi maintenant, Rose" (Too bad.They can't play it for you now, Rose) script en Anglais avec traduction possible , puis il tue Rose. En fait le carillon Bell bell tower sonne trois fois par jour et il ne doit pas être possible de demander de jouer un air quant on veut ? A 1 h 04 mn , Apres que George ai tué Rose , la caméra balaye la tour de haut en bas, et on lit gravé au pied de la tour un texte de la bible : "L'arc-en-ciel comme alliance Genèse 9, 8-13 Dieu dit encore à Noé et à ses fils : « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous : les oiseaux, le bétail, toutes les bêtes de la terre, tout ce qui est sorti de l’arche. Oui, j’établis mon alliance avec vous : aucun être de chair ne sera plus détruit par les eaux du déluge, il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre. »Dieu dit encore : « Voici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à jamais : je mets mon arc au milieu des nuages, pour qu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre."
. L’inscription est vue au pied de la tour à l’extrémité du pont arc-en-ciel (Rainbow Bridge).(Marylin Monroe s'est convertie au judaïsme en 1956 avant d'épouser l'écrivain juif Arthur Miller : Histoire de sa conversion,certificat de conversion et Ketouba) . Puis George essaye de s’échapper, au pieds de la tour les portes sont fermées, et George doit remonter il tente de sortir par une fenêtre fermée, remonte, trouve le rouge à lèvres de Rose, et rejoint le corps de Rose étendu sous les cloches et dit "et pourtant je t’aimais Rose". Le film ne dit pas comment George sort ensuite de la tour.


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De vincentp, le 11 décembre 2022 à 08:27
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Revu hier soir sur grand-écran, à l'"heure des braves", loin des phénomènes d'hystérie collective. C'est une bonne occasion d'apprécier les qualités formelles de Niagara : sa photographie, plans et gestions de la lumière, aux alentours des chutes du Niagara. Visuellement splendide, des couleurs magnifiques. Mais on pourrait en dire tout autant de la partie sonore, qui capte le bruit fort de l'eau, du carillon des lieux, ou des numéros dansés et musicaux. La mise en scène de Hathaway est sèche, d'une efficacité redoutable. On peut mesurer les écarts avec celle d'Hitchcock, plus fluide dans sa réalisation et son enchainement des plans.

La grande idée du film est de confronter un couple à la dérive à un couple en devenir qui semble mal assorti. Le personnage de Jean Peters visiblement possède une psychologie qui s'accorderait plus à celle du personnage joué par Joseph Cotten, du moins elle le comprend et arrive à dialoguer avec lui. Sur le bateau à la dérive, elle fait corps avec lui et son attitude est très ambigüe. La particularité de Niagara réside dans sa difficulté à déchiffrer le sens du film, qui s'inscrit en filigrane sur la durée : une critique acerbe du modèle de vie des Etats-Unis de l'époque, et des conventions un peu artificielles liées à l'établissement des couples.


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De Johnstone, le 6 septembre 2023 à 05:24
Note du film : 5/6

un drame passionnel réussi dans ce film grandiose magnifié par la beauté des chutes et celle de Marilyn perverse et manipulatrice.


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