Premier remake de Rio Bravo (1959), El Dorado
(1967) sera refait quelques années plus tard et deviendra Rio Lobo
en 1970. Opportunité unique (à ma connaissance) de voir trois fois le même film réalisé trois fois par le même réalisateur!
Pourquoi? Eh bien pourquoi pas! Le scénario de Leigh Brackett est sans aucun doute le canevas parfait du western le plus classique, le plus épuré qui soit. Il mêle action et suspense à des personnages forts et emblématiques. Ces personnages forment quatre variantes de l'Homme dignes ou presque du Sphynx: le trop jeune plein d'énergie d'un côté, le trop vieux de l'autre et entre les deux l'homme mûr, l'un cassé et l'autre en passe d'être cassé. Face à ces quatre hommes, un seul vrai "ennemi": la femme!! Comment faire face à elle ?
El Dorado n'a certes pas la fraicheur et la nouveauté de son grand frère, mais il reste le produit d'un des plus grands metteurs en scène hollywoodiens, Howard Hawks.
Le sens du cadre, de la narration, est remarquablement efficace. On ne s'ennuie jamais un instant, et on ne boude pas notre plaisir devant le casting: John Wayne
est toujours aussi imposant, avec un nouveau côté vieillissant qu'il saura assumer dans les films suivants. Robert Mitchum
en montagne de graisse abattue est drôle et touchant. Quant au jeune de service, James Caan,
il commence la carrière qu'on lui connaît…
Les étoiles de sheriff ont en général 5 ou 6 branches. Dans ce film le Sheriff et ses adjoints ont tous des étoile à 6 branches. Un personnage prénommé Saül (MacDonald) et on peut imaginer un clin d'œil au judaïsme .
Et les balles qui fusent de parts et d'autres, elles sont casher ? Excusez moi Frydman Charles, avec tout le respect que je vous dois, entendre parler de ""ça"" même ici, c'est flippant ! N'y voyez surtout pas une attaque personnelle, mais ça m'exaspère ! Où faut-il aller pour ne plus lire ces allusions au judaisme, à l'islam ou autres ? Si encore nous évoquions Les dix commandements, je comprendrais…
Evidemment , c'est une lapalissade que de constater qu'il y a des étoiles de shérif dans un western ! Serge Gainsbourg évoquait son "étoile de shérif" pendant la guerre. Celles d'El Dorado" sont couleur argent. Mais j'ai trouvé que beaucoup de cow-boy portent l'étoile à six branches dans ce film , six ! :Le shérif Jimmy Harah et son adjoint, le shérif Tod Draper et son adjoint. Puis Cole et Mississipi faits shérifs adjoints par Bugle. Dans Rio Bravo on voyait déjà de nombreuses étoiles a six branches, quatre souvent réunis : Le shérif John Grant ,ses adjoints Dude alcoolique et le vieux Stumpy, puis le jeune Colorado nommé shérif adjoint .La famille MacDonald est nombreuse dans El Dorado , avec des prénoms variés. Saül prend une certaine importance lorsqu'il est enlevé vers la fin du film. Les noms commençant par Mac ou Mc dans le film évoquent de vieilles familles d'origine irlandaises ou écossaises : MacDonald et McLeod .
N'empêche que lorsque je songerai à Hawks je retournerai bien davantage vers ses films d'Afrique, La terre des pharaons
et surtout Hatari !
: la vieille terre originelle me semble correspondre beaucoup mieux à son intelligente complexité.
El Dorado réalisé en 1966 par Howard Hawks
sur un scénario de Leigh Brackett développe les thèmes typiques du cinéaste, à commencer par un éloge appuyé du professionnalisme. Ce concept est incarné par les deux médecins (celui de famille, et le jeune spécialiste, mieux formé et plus compétent en matière de chirurgie, amené à remplacer en mieux le premier), le tueur (Christopher George)
et son alter ego (John Wayne).
Ces professionnels produisent un diagnostic rigoureusement exact de la situation du moment présent, et échafaudent des plans pour l'avenir. Ils connaissent leurs limites personnelles, ne s'exposent pas individuellement et inutilement. Face à la meute de mercenaires appuyant Edward Asner,
Wayne opère une prudente retraite en faisant reculer son cheval de façon spectaculaire. Ces professionnels s'appuient sur les compétences des anciens (incarnées par Arthur Hunnicutt) et produisent de nouvelles compétences (la formation aux armes de James Caan).
Moteurs du professionnalisme : l'amitié (Robert Mitchum), qui permet de bâtir un projet collectif. Les sentiments voués à des jeunes femmes aux formes généreuses qui permettent de franchir les obstacles. Selon Hawks, le professionnel doit être au service d'une cause juste, le respect de la propriété d'autrui dans des limites raisonnables, le respect de l'intégrité physique et morale des individus. Il doit s'appuyer sur les anonymes de la cité, telle la mexicaine guidant James Caan
et représentant le volet intégration des Etats-Unis. Tout ceci ne serait que vain discours sans une forme de qualité exceptionnelle, produisant un spectacle qui va crescendo. Peu de scènes spectaculaires, simplement une succession de séquences parfaitement construites, avec un suivi très précis de la transformation psychologique des individus, associée à leurs actions du quotidien (comme une simple patrouille en duo dans les ruelles de El Dorado).
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