Je vote aussi, car si l'oeuvre de Resnais me laisse froid, ce film-là m'avait énormément marqué. D'ailleurs, quand il m'arrive d'y penser, je ne l'associe jamais à Resnais. C'est injuste…
Ô pervers Arca, qui citez, comme par hasard, le cas pendable d'un qui aimerait à la fois Duvivier et Autant-Lara et La maman et la putain, comment le cinéphile incohérent que je suis pourrait-il résister à ce genre d'arguments biaisés et scholastiques, mais parfaitement bien venus ?
Je vous promets que, dès que je verrai Providence passer à la télévision, je regarderai (de à à l'acheter en DVD, c'est autre chose !)
Un peu comme d'aucuns peuvent être des admirateurs de, disons, Autant-Lara et Julien Duvivier et pourtant aimer La Maman et la putain, j'imagine que je peux être un fan de, disons, Yves Robert et Philippe de Broca et néanmoins apprécier quelques films d'Alain Resnais. Nouvelle vague? Oh que oui. Pire encore : Nouvelle Vague ET Nouveau Roman à la fois! Mon premier réflexe est de fuir à toutes jambes : c'est l'apogée de la mortelle confusion entre artiste et intellectuel qui greve la vie culturelle française des années soixante (et qui sait, jusqu'à nos jours, peut-être?). Et de fait, je me suis emmerdé royalement devant L'Année dernière à Marienbad, que certains me pressaient de voir depuis des années. Par contre, j'ai bien peur de m'être laissé prendre au charme de Hiroshima mon amour, sans doute aussi littéraire, mais moins scolaire. S'il y a de la place pour l'essai poétique au cinéma, alors ce dernier film vaut sûrement quelque chose. Par contre les jeux intellectuels d'Alain Robbe-Grillet, plantés dans les sables stériles de l'abstraction, m'indiffèrent avec une rare intensité !
Je n'ai jamais vu Muriel et je soupçonne que je n'aimerai pas ça non plus. Par contre, j'ai la faiblesse de trouver que La Guerre est finie est un film captivant (merci au scénariste Jorge Semprun et, bien entendu, à l'ardente Geneviève Bujold ! ). Enfin, il était captivant quand je l'ai vu, ça fait longtemps, longtemps… Qui sait ce qu'il en serait aujourd'hui…
Mais Providence, que j'ai vu sous toutes ses coutures lors de ses nombreux passages à Télé-Québec, il fut un temps… Ah, Providence est un film magnifique ! L'écrivain incarné par Sir John Gielgud, dont l'imagination commence à faire des siennes au long d'une nuit d'agonie, à la veille de son quatre-vingtième anniversaire, est une création magistrale. Et j'ai suivi, j'ai embarqué dans ce film, en sorte que je ne comprends pas ceux qui le disent « difficile ». Il y a, simplement, deux niveaux de fiction dans le film : la vie finissante de l'écrivain qui meurt ou se croit mourant, et la fiction qu'il imagine pour son dernier roman et que Resnais met aussi en scène. Sauf que dans sa fiction, l'écrivain s'amuse à projeter des personnes de son entourage, de sa famille, en leur attribuant des traits de personnalité. Mais surprise : quand on rencontre ses enfants et ses beaux-enfants "en vrai", ils sont tout différents de ce que ce vieux bonhomme misanthrope et mesquin avait imaginé… Merveilleuse scène du déjeuner, dont la lumineuse poésie reste gravée dans ma mémoire.
Et c'est à peu près tout. Je suis un défenseur de Stavisky (1974). Mais après Providence (1976) cela se gâte drôlement, selon moi. Je suis bien d'accord avec Impétueux pour Smoking/Non-Smoking (voir le fil L'Aîné des Ferchaux) : lassantes afféteries… Mais bien avant ça, déjà, Mon oncle d'Amérique m'a laissé une impression désagréable. Il faut dire que le déterminisme biologique et moi, ça fait deux (pub : lisez plutôt « La Sédition humaine », par Vercors). Je crois même qu'après celui-là, il a fallu des années avant que je revoie un film d'Alain Resnais…
Cela étant, je vote pour Providence. Je vote pour qu'on trouve au moins ce Resnais-là sur DVD.
Arca1943
bravo a arca pour avoir choisi "providence" comme l'un de ses films preferes.je dois dire que je partage totalement son gout pour ce film exceptionnel d'intelligence, de creativité,et d'une mise en scene elegante.dommage que ce film ne soit jamais paru en dvd.alors que tant de niaiseries sont editees actuellement.
Fantastique… moi qui croyais être le seul Mohican à m'extasier devant ce film!?
L'un de ceux de Resnais à n'avoir jamais été réédité en DVD à ce jour!! Pourquoi cet ostracisme??
Ce que le film a de très intellectuel, de très formel (les différents niveaux de narration voire de réalité) est totalement (pour moi) justifié, motivé par le personnage poignant de Clive Langham. On comprend qu'il ne s'agit pas ici d'un jeu de l'esprit pour le cinéaste, mais du drame personnel d'un homme au génie créatif exceptionnel. Avec un acteur comme J. Gielgud, nous assistons presque à la vieillesse et l'agonie d'un Shakespeare – eût-il vécu jusqu'en 1973…
J'attends avec une impatience non dissimulée le DVD qui manque encore dans ma vidéothèque.
Je m'associe à ce souhait de réédition.
Mais il faudrait peut-être faire figurer sur la jaquette du film : interdit aux QI de moins de 130.
Car c'est une oeuvre austère, cérébrale, et il faut s'accrocher pendant un long moment, lors du long cauchemar de Gieguld, pour ne pas quitter la salle (ce qu'on fait les spectateurs qui n'avaient pas lu préalablement les explications de notre Arca national).
Heureusement, Resnais a l'excellente idée de finir le film sur une tonalité classique, offrant une belle conclusion au récit, et récompensant le spectateur de sa ténacité.
Sur un plan formel, un film magnifique.
Nb : merci à Arca1943 pour ses explications lues à posteriori : je n'avais pas tout compris.
C'est vrai que le début est… très spécial et que les expériences de spectateurs quittant la salle ou changeant de chaîne sont fréquentes…si l'on refuse de se laisser prendre au jeu. Mais voilà une qualité immense: solliciter l'intelligence du spectateur.
Je ne sais pas s'il s'agit de mon Resnais préféré mais c'est assurément un film original. Et Resnais y a réussi quelque chose de rare car peu cinégénique, c'est-à-dire nous montrer le processus de création chez un ECRIVAIN et non chez un peintre par exemple.
Ce film multi-césarisé se mérite, et comme l'a souligné Vincentp, le film a une grande beauté plastique contrairement à d'autres films des années 1970.
L'interprétation de tout premier ordre ne fait que rajouter au plaisir de même que la funèbre partition de Miklos Rosza.
Si Providence est un film qui ne laissera pas indifférent. Mais son absence en dvd est une bêtise -que fait donc Opening ?- de même que ses rares diffusions télé.
Je ne pense pas que le film soit "austère et cérébral". Il est à l'inverse didactique. On y vulgarise les travaux de Laborit et l'intention pédagogique est parfois trop marquée (rappelez-vous la scène où les personnages sont afflublés d'une tête de rat). C'est, à mon sens, ce qui fait de ce beau film une oeuvre datée.
Vous confondez avec MON ONCLE D'AMERIQUE, très chère. Pas de didactisme à l'horizon dans PROVIDENCE…
A PROPOS DE PROVIDENCE d'Alain Resnais-
Je confondais allégrement auparavant, les deux cinéastes eric rohmer et alain resnais. Je les aime beaucoup avec j Demy voilà pourquoi.` Par contre c'(est de l'ordre du merveilleux : providence, du splendide et de l'excellence creative. Stolat disait ma pauvre maman…
Des films de Resnais étant annoncés pour juin en DVD, espérons que Providence y figure, car son absence est vraiment injustifiée.
D'autant plus que Providence, au risque de me répéter, même ceux – dont je suis – qui font d'ordinaire grise mine à Alain Resnais ont des chances de l'aimer. Sur un sujet qui pouvait fait craindre le pire – la création littéraire ! – il a réussi un film très attachant, et aussi moins "cérébral" que ne l'affirme VincentP.
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