Réalisé en 1973, soit 3 ans avant "L"alpagueur", Philippe Labro mit déjà en scène Belmondo, dans ce polar haletant de bout-en-bout, où chaque scène se succède subtilement, sans la moindre longueur. Connu pour son éclectisme, le réalisateur – qui frise ici la perfection – dénonce jusqu'où peuvent mener les abus des grands groupes financiers, à une époque où l'on commençait tout doucement à parler de l'Europe… Belmondo est bien entouré, puisqu'on retrouve le regretté Charles Denner, Jean Rochefort ou Jean Desailly. Dommage peut-être ce trop grand nombre de personnages dans ce film, qui incite toutefois à réfléchir et dont on sort marqué.
En position de repli – vu que Jarriq et Impétueux n'ont guère été impressionnés par Stavisky (voir l'échange sur L'Aîné des Ferchaux)
– je propose ce film comme le dernier grand rôle de Jean-Paul Belmondo.
On ne vous chipotera pas là-dessus, bien que je croie que L'incorrigible est postérieur, qu'il n'y a pas que du mauvais dans Le professionnel
(malgré les contraintes et les tics du genre) et que j'ai, bizarrement une tendresse particulière, dont je ne suis pas plus fier que ça pour Itinéraire d'un enfant gâté,
malgré mon habituelle indifférence pour Lelouch
….
Il n'y a pas que du mauvais dans Le professionnel
On peut savoir quoi ?
Clairement le meilleur Labro à mon sens, et le film est également remarquable parce qu'il marque les débuts de sa collaboration (hélas trop courte) avec le regretté Michel Colombier qui signe ici l'un de ses scores les plus époustouflants entre impressionnisme diffus et jazzrock énergique…
Bande originale à écouter dès que possible…
Tout à fait d'accord avec la critique de David Hainaut ! Ce film est vraiment excellent d'un bout à l'autre ! Labro a su remarquablement diriger un Belmondo
très appliqué. C'est quand même autre chose que le mièvre L'alpagueur
qu'il nous fera subir trois ans plus tard, avec un Bébel en roue libre. L'action ne faiblit jamais respectant un scénario en béton accompagné d'une bande sonore méticuleusement choisie. Tous les acteurs et actrices sont impeccablement à leurs places et donnent le meilleur. La très belle Maureen Kerwin et l'énigmatique Carla Gravina
sont de bien beaux joujoux entre les mains de cet Héritier
qui joue avec elles de façon sournoise et virile. La scène des paires de gifles échangées avec Carla Gravina
est un petit bijou. Le film voit grand, très grand. Le play-boy contre les requins des affaires, Labro
nous la joue à l'américaine, son grand dada. Et tout ça est tiré au cordeau, sans fausses notes. Peut-être une seule : beaucoup de gens, beaucoup de pistes et la solution… dans la tige d'une rose très, trop hasardeusement trouvée par Belmondo
. C'est peut-être dommage.
Mais ne chipotons pas. Les affres de la presse, de l'industrie, de la banque qui s'immiscent entre deux putes et la mafia new-yorkaise, ça le fait bien ! Les laquais qui poussent à l'ombre des grands arbres où rien ne fleurit sont magnifiques dans leurs courbettes richement récompensées. Denner et Rochefort
sont très grands, très à leurs places dans l'abject. Rien n'est oublié dans la stratégie des grands patrons : la démagogie à donfe et à faire vomir envers les ouvriers, le goût de ces messieurs en matière de bagnoles (pas une deudeuche dans le paysage) et les manigances pour que les moments délicats passent pour imprévus de dernière minute. Un must ! Quelques scènes d'action sont bienvenues pour donner du peps à une histoire lourde mais toujours prenante. Fosco Giachetti fait froid dans le dos en ancien nazi taiseux reconverti dans les affaires et Jean Desailly
fait enfin oublier l'impuissant qu'il fût, rôle qui lui collera à la peau longtemps dans le très excellent Maigret tend un piège.
On le trouve mièvre, en général, et peut-être aimait-il à se cantonner dans ce style là. Je prétends, moi, qu'il est un très grand acteur et que son rôle dans la peau douce
l'a porté au firmament. Mais c'est au théâtre qu'il était vraiment chez lui.
Du bon, du beau, du solide cinéma. Re-David Hainaut, ça frise la perfection. Exact !
Ps : Pour l'anecdote, j'ai rencontré un jour le sieur Labro . Pompeux, pédant, prétentieux, hautain … Très mauvais souvenir… Ca sert à rien, j'en conviens, mais ça fait du bien de le dire !
Ami Tamatoa, je vous suis pleinement pour L'héritier. Il y a longtemps que je l'ai vu et vous m'avez donné envie de le revoir. Notez que beaucoup de films avec Jean-Paul Belmondo sont accompagnés d'une très bonne BO (Le professionnel et Le marginal sur une musique d'Ennio Morricone)…. Je ne m'attarderai pas sur le talentueux Jean Rochefort qui là encore tient, comme vous le remarquez aussi, un rôle prépondérant. Il faut dire que le héros de l'histoire a été l'un des meilleurs acteurs français avec Alain Delon dans le genre films policiers. Il m'a toujours fait penser à une sorte de Clint Eastwood à la française. Un vrai cascadeur, toujours entouré de bien jolies nanas (James Bond en puissance)…. Voilà, ceci dit, je vais m'empresser de le regarder dès que possible, car mes souvenirs sont assez lointains.
Après avoir regardé L'héritier, ne l'ayant pas vu depuis longtemps, je ne peux qu'en rajouter à vos éloges. Jean-Paul Belmondo est à son apogée (pas que dans ce film) et il est vrai que la musique est un plaisir. Inutile de revenir sur Jean Rochefort, qui est comme toujours excellent, ni sur Charles Denner qui s'en sort aussi très bien. Oui, je revoyais bien ce film ainsi. Une espèce de James Bond à la française avec un Clint Eastwood à la française lui aussi. Les nanas sont affriolantes et notre héros en fait encore un maximum, mais avec lui on en a l'habitude….
On n'est pas si cohérent qu'on croit l'être. Il y a quelques années, j'avais jugé, avec beaucoup d'autres, que L'héritier était un film très honorable ; et après l'avoir revu l'autre soir, j'ai été effaré par ce tape-à-l’œil très années 70 et ses vertueuses indignations où un pur chevalier, dès l'abord menacé par séides et sicaires du grand patronat, avec la complicité passive du Vatican, s'efforce de démonter une vaste conspiration.
Comme on ne prête qu'aux riches, les méchants du film de Philippe Labro, romancier qui ne manque pas de talent, mais moins intéressant cinéaste, se trouvaient être un potentat italien chef d'un parti néo-fasciste (une sorte de figure monstrueuse mixant Giovanni Agnelli et Silvio Berlusconi) et un Vatican prétendument jadis compromis lors des déportations des Juifs italiens. (Il importait peu que les historiens aient fait litière des accusations montées par Rolf Hochhuth dans Le Vicaire et invraisemblablement reprises par Costa Gavras
dans Amen,
en 2002 pourtant !).
Qu'est-ce qui reste à celui qui, comme moi, n’apprécie pas tellement le charme hommasse de Carla Gravina ? Charles Denner,
qu'on a presque toujours trouvé parfait, Maureen Kerwin, qui était bien belle et un Jean-Paul Belmondo
encore très présentable. Présentable, mais qui avait délaissé depuis déjà quelques années déjà le cinéma grave au profit de ses rôles délicieux de Monsieur Boum-Boum dans lesquels il n'a fait que se confiner de plus en plus.
Plutôt d'accord avec votre avis négatif.
S'ils ont laissé un bon souvenir, les films de Philippe Labro apparaissent aujourd'hui maladroits, jonchés de scènes peu crédibles, naïfs, handicapés par une mise en scène raide. Et surtout très marqués par leur époque au niveau des photos, costumes, décors et coiffures comme au niveau de leur idéologie soucieuse (et c'est logique) de récupérer des thématiques à la mode. Ils ont donc pris un sacré coup de vieux. Et encore, L'héritier,
dans mon souvenir, tient mieux le coup que Sans mobile apparent
ou que le redoutable Le hasard et la violence.
Personnage par ailleurs charismatique et talentueux,Labro n'a jamais caché son amitié pour Jean-Pierre Melville
alors pourquoi son cinéma ressemble t-il autant à celui de Henri Verneuil
?
Reste la capacité du réalisateur à convoquer à l'exception de Delon, toutes les plus belles d'affiche de son époque: Belmondo
(ici bien contenu), Depardieu,
Trintignant
ou Yves Montand.
Et la bonne qualité des bandes originales de Michel Colombier.
Revu récemment Sans mobile apparent est absolument catastrophique par rapport au souvenir qu'il m'en avait laissé. Cependant je continu à bien aimer L’héritier
sans toutefois le considérer comme un chef-d’œuvre de Jean-Paul Belmondo
… Mais effectivement il y a des fautes de goûts, pleins de détails ridicules.
Je n’apprécie guère non plus l'attaque que semble vouloir porter Labro au MSI Italien des années 70 et semble-t-il à son leader de l'époque le regretté Giorgio Almirante. Pour le reste je trouve le film assez carré et parfois nerveux. Selon les mémoires de Rochefort
le tournage du film fut d'un ennui mortel pour tous les comédiens… Ça se ressent trop souvent.
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