C'est très difficile de représenter à l'écran des histoires de saints. À dire vrai, je ne connais qu'une réussite absolument parfaite, l'admirable Thérèse d'Alain Cavalier ; on peut trouver aussi de l'intérêt aux Onze Fioretti de François d'Assise de Roberto Rossellini à Monsieur Vincent (de Paul) de Maurice Cloche à plusieurs films sur l'extraordinaire personnalité de l'Abbé Pierre (qui n'est d'ailleurs pas canonisé), Les chiffonniers d'Emmaüs de Robert Darène (1955), Hiver 54, l'abbé Pierre de Denis Amar et même tout récemment L'Abbé Pierre de Frédéric Tellier. Je dois faire l'impasse sur beaucoup : Alfred le Grand met en scène un guerrier plutôt qu'un saint (ce qu'il fut, l'un et l'autre)…
Et voilà qu'Edward Dmytryk réalise en 1962 une bizarre hagiographie plutôt niaise ; on se dit que des sociétés bien-pensantes ont dû mettre des sous sur la table pour demander à un réalisateur d'une certaine notoriété un film sur un personnage du 17ème siècle dont l'aura et la réputation n'ont tout de même pas atteint d'extraordinaires sommets. Joseph de Cupertino, canonisé le 16 juin 1767 par le Pape Clément XIII apparaît dans le film comme un brave bougre balourd, maladroit, rêveur, d'esprit faible, d'une grande douceur et d'une gentillesse constante envers tous. Fils d'un père léger, Felixa (Arnoldo Foà) et d'une mère déterminée, belle et subtile (Léa Padovani), Giuseppe entre difficilement au couvent franciscain de Materna, dans les Pouilles (le talon de la botte). Le garçon n'a aucune capacité intellectuelle mais il est continuellement plongé dans l'extase spirituelle ; c'est sans doute là que dans son film très scolaire, le réalisateur manque de talent : la sainteté n'exige pas l'intelligence, la subtilité, l'incandescence ; mais au moins faut-il la représenter, ou essayer de le faire, dans un empyrée stupéfiant. Joseph lévite, certes ; c’est tout ?La grande médiocrité de Miracle à Cupertino est de faire de cette drôle de chose qu'est l'appel à la sainteté une sorte de hasard opportunément distribué, un peu comme un gain démesuré à l'Euromillions. On ne sauisit pas bien pourquoi et comment le brave crétin Giuseppe, favorisé ici et là par beaucoup d'opportunités, parvient à devenir prêtre, de petit convers qu'il était et comment il acquiert auprès de ses frères franciscains et de la population de la contrée le relief qu'il dispensera.
La sainteté, ce mystère invraisemblable et insaisissable, méritait tout de même bien mieux que ce devoir appliqué, souvent ennuyeux.
Hum, étant un peu mange-curé sur les bords, je crois que je vais éviter celui-là. Quoique… De mon point de vue de complétiste de Cinecittà, on peut dire qu'au moins, on y retrouve Lea Padovani, dont je me languis toujours pour au moins deux films introuvables, Le soleil se lèvera encore et Onze heures sonnaient. Son dernier rôle à ma connaissance fut dans La putain du roi en 1990.
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