De retour de guerre, Hercule (Reg Park) trouve sa bien aimée, Déjanire (Leonora Ruffo)
, inconsciente. D'après l'oracle Sybille, la seule façon pour Hercule de la ramener à la vie est de trouver une pierre sacrée enfouie au plus profond de la Terre, dans le royaume de Pluton. Il part donc à sa recherche, accompagné de Télémaque (Franco Giacobini) et de Thésion (George Ardisson), après avoir confié Déjanire au roi Lycos (Christopher Lee).
Mais il ignore que c'est ce même Lycos qui a empoisonné sa promise, et projette de la garder pour lui.
La première réalisation officielle de Mario Bava,
Le masque du démon,
fit sensation lors de sa sortie sur ses écrans français au printemps 1961, révélant aux cinéphiles un réalisateur de grand talent ainsi qu'une icône du fantastique, Barbara Steele.
Les amateurs du genre firent en revanche la fine bouche lors de la parution de Hercule contre les vampires
un an plus tard. Sans doute la différence entre les deux oeuvres était-elle trop prononcée: alors qu'un nouveau film d'épouvante en noir et blanc était attendu, Mario Bava,
proposa au public un péplum, genre à la mode en Italie depuis le triomphe des Travaux d'Hercule
et de Hercule et la reine de Lydie
de Pietro Francisci.
Le temps a donné raison à ce
Hercule contre les vampires,

qui apparaît de nos jours comme l'un des films les plus regardables d'un genre, le péplum, que de nombreux cinéphiles jugent démodés en 2021 à cause de ses naïvetés, de ses péripéties attendues, de ses décors en carton-pâte et de ses acteurs-bodybuildeurs souvent limités.
Car Mario Bava,
déjà directeur de la photographie des deux Hercule -encore sages- de Pietro Francisci, arrive à ajouter sa patte au péplum attendu. La descente aux enfers de Hercule et de ses compagnons vire au film fantastique. La poésie macabre est au rendez-vous : les marais du Styx sont emplis de lave, la forêt est vivante et les lianes saignent lorsqu'on les coupe. L'ambiance nocturne domine et c'est tant mieux car les rares séquences diurnes apparaissent bien ternes. L'enfer se pare de couleurs vives, le mauve, le vert, le bleu et le rouge. Ce spectre de couleurs et l'utilisation de fumigènes à ras le sol font penser à la future planète des vampires
du même réalisateur. Une fois de plus Bava
réussit à donner une allure folle à un film pour lequel on lui a octroyé un budget famélique grâce à son génie des effets spéciaux et de la photographie.
Certaines images frappent par leur fulgurance, ainsi les apparitions de la Sybille et, surtout, ce gros plan du visage de Lycos dans une flaque de sang qui anticipe d'une quinzaine d'années Les frissons de l'angoisse
de Dario Argento.

Le titre français
Hercule contre les vampires,

a pu être une source de malentendus car la présence des suceurs de sangs est des plus allusives. On trouve bien des cercueils, dont l'un d'où se lève Déjanire, mais pas de canines ni de gousse d'ails. Hercule est attaqué par des monstres qui ressemblent davantage à des goules qu'à des vampires. Et
Christopher Lee,

coiffé comme
Eric Charden du temps où il chantait en duo avec Stone, campe un prince des ténèbres revendiqué mais qui s'apparente davantage à un sorcier qu'à un cousin du comte Dracula. Quoiqu'il en soit, le mélange de péplum et de gothique fonctionne parfaitement. Le scénario, qui se base sur les deux derniers
Travaux d'Hercule,

reste conventionnel mais réserve suffisamment de péripéties pour donner à l'ensemble un rythme soutenu.
Les allergiques au péplum et à la série B auront tout même de quoi faire la fine bouche devant
Hercule contre les vampires
car les conventions du genre n'ont pas été totalement évacuées. Le demi-dieu est un culturiste qui terrasse ses adversaires en soulevant des rochers en plastique. Certains effets restent rudimentaires, malgré le talent du cinéaste, notamment le monstre de pierre Procuste, plus rigolo que menaçant. Les interprètes ne font guère d'étincelles hormis,
Christopher Lee,

même si
Reg Park, futur mentor de
Arnold Schwarzenegger
ne me semble pas plus mal que le surestimé
Steve Reeves.

Les dialogues sont pompeux et la psychologie reste stéreotypée malgré l'humour voulu par les auteurs.
En somme, Hercule contre les vampires
reste un péplum italien de série B mais un péplum atypique transcendé par le talent de coloriste de Bava.
L'imagination y est au pouvoir.