En effet, nombreuses sont les différences entre le classique de la littérature gothique anglaise et ce téléfilm. Ainsi, le scénario de Christopher Isherwood et Don Bachardy imagine que Victor Frankenstein ne fait que reprendre ici les travaux de son ami Clerval, véritable concepteur de la créature; ici la dite créature possède initialement un bel aspect avant de se dégrader; le savant et le monstre créent une relation fraternelle voire filiale; le personnage de Polidori, absent du roman, devient quasiment le protagoniste principal dans la deuxième partie, etc, etc…
Mais c'est justement cette vision totalement originale de la fameuse histoire du "Prométhée moderne" qui fait l'intérêt de ce téléfilm bien singulier. Un titre moins racoleur, Une autre histoire de Frankenstein par exemple, eût simplement été préférable.
Pour le reste, il est intéressant de revoir, grâce à l'éditeur movinside, ce téléfilm qui a laissé un souvenir fort aux spectateurs qui l'ont vu jadis sur la chaîne de télé FR3, laquelle le diffusa à plusieurs reprises entre la fin des années 1970 et le début des années 1990.Frankenstein, la véritable histoire bénéficie, grâce à Universal, d'un budget et d'une photographie supérieurs à la moyenne des téléfilms et séries réalisés dans les années 1970. La direction artistique, assez proche de ce que faisait la Hammer à la même époque, est soignée. Et, surtout, la distribution est splendide puisque nous retrouvons certains des meilleurs acteurs anglais de l'époque comme James Mason, David McCallum, John Gielgud, Ralph Richardson, Tom Baker, Margaret Leighton ou encore Jane Seymour. Les deux rôles principaux, Frankenstein et sa créature, sont tenus par deux acteurs prometteurs qui n'ont pas eu la carrière escomptée, respectivement Leonard Whiting, célèbre pour avoir été Roméo pour Franco Zeffirelli et Casanova pour Luigi Comencini, et Michael Sarrazin qui a marqué les esprits pour sa prestation dans On achève bien les chevaux mais n'a jamais confirmé par la suite.
La mise en scène, fort correcte, est due à Jack Smight, réalisateur issu de la télévision, qui avait enthousiasmé les cinéphiles du milieu des années 1960 avec Détective privé, résurrection inattendue du film noir à l'ancienne. Hélas Smight n'a jamais réussi à réitérer ce coup d'éclat, enchaînant des films de plus en plus médiocres au fil du temps, tels que 747 en péril, La bataille de Midway ou Damnation Alley. Il a toutefois eu un peu plus de réussite sur le petit écran, excepté son remake aberrant de Double indemnity, avec Columbo: Dead Weight et ce Frankenstein atypique.Frankenstein, la véritable histoire est un téléfilm soigné voire consciencieux, qui gagne en intensité voire en folie dans sa deuxième partie. Pour son casting, quelques images "choc" et sa vision peu académique du mythe créé par Mary Shelley, il mérite largement le coup d'oeil.
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