Visionner à quelques heures d'intervalle deux films totalement différents mais tirés de la même source littéraire, voilà une expérience passionnante, surtout quand il s'agit de deux oeuvres de qualité !
Le puits et le pendule "astrucien" n'a pas grand chose à voir avec La chambre des tortures
"cormanienne".
Il s'agit d'un téléfilm produit en 1963 par la Radiodiffusion-Télévision-Française.
La fidélité à Poe est ici de mise: c'est le récit à la première personne d'un homme condamné à mort par l'inquisition. Enfermé dans une cellule, il s'évanouit. A son réveil, il se retrouve ligoté. Un pendule actionnant une immense lame se rapproche de lui…
La mise en scène est rigoureuse voire austère. Il n'y a pas de dialogues mais une voix-off omniprésente. Ici pas de cinémascope ni de couleurs flamboyantes mais un noir et blanc efficace. Malgré le peu de moyens, l'ensemble apparaît réaliste et crédible. La musique parfois liturgique de Antoine Duhamel est judicieusement utilisée.
C'est une vision cérébrale de Poe, qui peut sembler difficile d'accès: Astruc
voulait selon ses propres termes, "filmer une pensée en marche".
Néanmoins l'ensemble est convaincant grâce à la qualité de la mise en scène (et du texte !), à une durée réduite (40 minutes) et à la présence d'un acteur aussi talentueux que Maurice Ronet
dans le rôle principal. Passionné par Poe,
Ronet
adaptera d'ailleurs "Ligeia" et "le scarabée d'or" pour la télévision au début des années 80.
Le puits et le pendule prouve d'une part que l'oeuvre d'Alexandre Astruc,
assez oubliée de nos jours, mérite d'être redécouverte et d'autre part que la télévision française a produit dans les années 60-70-80 un nombre important de téléfilms fantastiques réussis et audacieux, comme je l'indiquais dans mon message concernant L'île aux trente cercueils.
Mais tout cela était bien avant "le temps de cerveau humain disponible"..
Je suis bien d'accord avec vous, Verdun, pour regretter l'absence d'éditions des films d'Alexandre Astruc ; à ma connaissance, aucun de ses sept films de fiction n'est édité en DVD, alors que certains ont eu un réel succès critique et public (Une vie,
par exemple en 1958.
Il était féru d'adaptations littéraires : Le rideau cramoisi d'après Barbey d'Aurevilly,
les mauvaises rencontres
d'après Cecil Saint-Laurent,
Une vie
d'après Maupassant,
La proie pour l'ombre
d'après Françoise Sagan,
L'éducation sentimentale
d'après Gustave Flaubert
…
Et des dramatiques télévisées comme celle que vous citez, Verdun (mais où avez-vous pu voir ça ?) ; Une fille d'Ève et Albert Savarus d'après Balzac…
J'ai eu le privilège d'approcher un peu Astruc à la fin des années 70… Il se consacrait à la littérature, au roman… Il ne trouvait plus de producteurs pour lui faire confiance…
On trouve en dvd Flammes sur l'Adriatique, La proie pour l'ombre,
L'éducation sentimentale
et 813
sa version d'Arsène Lupin avec un bon Brialy
…Et Sartre par lui-même,
interview du célèbre philosophe.
Le puits et le pendule est sur youtube…
Grand merci à Verdun pour avoir évoqué le film et à Spontex pour avoir installé un lien qui m'a permis de le découvrir !
Je ne crois pas avoir vu le court métrage d'Alexandre AstrucLe puits et le pendule est certainement une des nouvelles les plus réussies d'Edgar Poe,
auteur qui n'est pas toujours exempt de verbiage. Elle est au niveau de La chute de la maison Usher,
La tombe de Ligéia,
Le chat noir,
Le scarabée d'or ou L'homme des foules (et bien d'autres) ; il y a rythme et puissance de l'horreur ; et aussi capacité d'identification puisqu'à part la chute finale, qui survient miraculeusement, on peut facilement s'identifier au malheureux confiné dans un cul de basse-fosse et qui connaît toutes les horreurs de la torture.
Décors d'André Bakst, musique de Georges Delerue (qui retrouve l'esprit baroque), qualité du jeu de Maurice Ronet,
à la beauté toujours inquiète. Un des très beaux témoignages de la télévision de jadis.
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