Découvert hier soir sur Arte en version restaurée, I comme Icare est un bon thriller politique qui entretient de nombreuses similitudes avec A cause d'un assassinat
d'Alan J. Pakula
tourné 5 ans auparavant. Le président d'un Etat indéterminé est assassiné, mais le procureur Henri Volney (Yves Montand)
refuse les conclusions de la commission d'enquête qui conclue à l'acte d'un homme isolé et soi-disant psychologiquement instable, Daslow (l'anagramme d'Oswald, l'homme accusé d'avoir assassiné Le président Kennedy).
Volney rouvre donc le dossier et découvre que sur 9 témoins, 8 ont été tués, leur mort ayant été maquillée en accident. C'est là que I comme Icare rejoint le début du film de Pakula.
Malheureusement, on ne peut s'empêcher de penser que Volney mène son enquête un peu trop facilement, que les pièces du puzzle s'imbriquent de façon un peu mécanique.
La longue séquence de l'expérience de Milgram est glaçante et constitue en quelque sorte l'épine dorsale du film. Selon Wikipedia, cette expérience cherchait à évaluer le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime et à analyser le processus de soumission à l'autorité, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet.
Le dernier quart d'heure (rythmé par la musique obsédante de Morricone), dans le bureau de Volney, est un sommet de tension et de suspense, à mesure que le procureur découvre en décodant les bandes dérobées à Mallory, un membre des services secrets, que l'assassinat liminaire du président fait partie d'un complot beaucoup plus vaste destiné à éliminer des personnalités politiques de premier plan (on peut y voir une allusion au Chili de Pinochet).
Le dernier plan, qui montre l'impact d'une balle sur la baie vitrée du bureau de Volney, accompagné de la chute au ralenti de ce dernier, fait irrésistiblement penser à la fin de Cadavres Exquis de Francesco Rosi
sorti 3 ans auparavant. C'est une séquence magnifique.
Non dénué de maladresses, I comme Icare est néanmoins un bon thriller politique, inquiétant et nimbé d'une atmosphère de paranoïa. Il s'en dégage une impression de solitude prégnante, celle d'un homme résolu à faire éclater la vérité dans un monde de faux-semblants, réduit à un univers nocturne que des lueurs éparses arrachent à l'obscurité.
Mais c'est là, pourtant que le bât blesse un peu : dans l'imperturbable sérieux qu'emploie Henri Verneuil pour développer son récit : avec un peu de distance, un peu d'ironie, une certaine façon de ne pas prendre vraiment au sérieux les thèses qu'il développe, le cinéaste aurait pu garder du recul, mettre dans sa poche le spectateur, laisser planer le doute. En choisissant le parti de présenter comme absolument véridique un récit fait de calembredaines, il affadit le film sans pour autant diminuer d'un iota l'influence de ce qu'il entend dénoncer.
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