Je viens de voir le dernier Ozon…et j'en sort très déçu. L'histoire : 5 moments de la vie d'un couple montés à l'envers (la séparation est au début du film). Vous me direz : "Rien de très original". Et c'est justement ce qu'il ressort du film entier. Rien d'intéressant, ni dans le sujet, ni dans le scénario, ni dans la mise en scène, ni dans le jeu des acteurs, ni dans la photographie,etc. (notons tout de même une bonne bande originale…mais bon, Paolo Conte, on connaissait avant…)
Rien que du banal. On dirait un film réalisé sur un scénario commandé, ou alors un exercice de style pour un devoir d'école de cinéma.
Alors soit Ozon s'est profondément ennuyé en faisant ce film (et ça se voit), soit son cinéma s'est embourgeoisé (petites histoires égocentriques vues et revues de couple).
Le pire, c'est que le film est basé principalement sur le nom de son réalisateur. Franchement, je vois mal un producteur accepter de produire ce genre de banalité sans le nom d'Ozon (ou d'un autre "bankable"). Et à côté, ce sont des dizaines de scénarios et de réalisateurs inconnus, qui proposent, eux, une vraie prise de risques, qui sont laissés de côté au profit de ce qui est en train (hélas !) de devenir un sage réalisateur bien établi dénué de toute originalité.
Contrairement à vous, je le trouve très bien fait et sa lenteur est nécessaire à l'identification du film. On s'endort en lisant votre critique, plutôt!
J'aime bien Ozon généralement, son parcours est intéressant dans le cadre du cinéma dit "d'auteur" à la française. "5x2" me laisse perplexe. Non pas qu'il soit mal fait ou mal écrit, mais ce qu'il véhicule se rapproche du ton aigre et désespéré(rant) de "Mariages", autre film qui tire à boulets rouges sur le mariage, montre les relations homme-femme comme un champ de mines fait de renoncement et de médiocrité, voué à l'échec dès le premier jour. Peut-être est-ce une vision de la réalité, mais qui a envie de passer 1 H 30 avec des personnages aussi lâches, mesquins, sans grandeur ni humour ? Le choix d'acteurs dénués de charisme comme Freiss (sorte de jeune Francis Huster) ou la molle Bruni-Tedeschi n'arrange évidemment rien et ne fait que rendre les protagonistes encore plus déplaisants. Quant à la construction "à l'envers", il aurait fallu sortir avant "Memento" et "21 grammes" pour que cela suscite un minimum d'intérêt à l'entreprise. Autant Ozon était fort dans les films "à concept", autant cette tranche de vie desséchée et vaguement misogyne laisse un goût peu agréable.
On essaiera quand même de voir le prochain…
Assez d'accord avec toi, Jarriq.
Cependant, Mariages, s'il n'est pas tendre avec le mariage, est toutefois appréciable comme une sympathique comédie acerbe, alors que 5x2 est pratiquement insupportable de par la misogynie qu'il véhicule.
A mi-chemin entre ces deux films, je mettrais bien Les Sentiments, un drame plus réaliste et intéressant que 5x2.
Je ne suis pas fan de Ozon, mais, contrairement à vous, le film m'a intéressé justement parce qu'il n'est pas "confortable". Et il est, malheureusement, souvent assez juste. Le cinéma n'est pas qu'un divertissement ou alors il faut condamner, grosso modo, un dizième, voire davantage, de la production cinématographique pour "hérésie" !
Il y a un argument qui me semble maladroit, c'est celui de la mysoginie du film. Lorsque l'on connaît les films du réalisateur et, a fortiori, le personnage, c'est un qualificatif qui me paraît déplacé. Je peux comprendre, mais je crains, sans vouloir froisser quiconque, qu'il s'agisse d'un lecture au premier degré.
C'est fort possible. Mais comment expliquer la tendresse avec laquelle sont décrits le frère homo et son amant et la dureté avec laquelle Ozon montre la mère égotique et insupportable, l'ex de Freiss sèche et cassante et Bruni-Tedeschi elle-même, passive et pas bien fûtée ? Le terme misogynie est peut-être un peu fort, mais quel autre donner à cette vision des choses ?
Je n'ai pas vu en l'occurence ce dernier film d'Ozon mais dans les autres, une choses me paraît assez claire. A la fois, il aime ses comédiennes avec une tendresse certaine. Mais d'un autre côté, il développe assez souvent une critique (un peu basique à mon goût) de la bourgeoisie, poussant ses personnages à aller contre ses règles : mariage, sexualité, famille, caricaturant les incarnations de cette bourgeoisie pour au contraire exalter ceux qui se sont affranchis des canons bourgeois pour "se trouver". L'idée de désirs homosexuels (très présents dans ses films) frustrés par une société bourgeoise est par exemple souvent présente (Sitcom clairement, Gouttes d'eau, Swimming Pool également). L'effet collatéral de cette critique est souvent un rejaillissement moins sur les personnages féminins que sur leurs fonctions sociales : mère, femme, famille…
Je ne dis pas que je l'accepte pas. Je trouve même qu'Ozon est à cet égard le parfait héritier de Chabrol !
On l'accepte peut-être plus facilement chez Bergman et Visconti, parce que c'est fait avec plus de finesse et de panache…
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