Tout ce qu'on voudra mais Cédric Klapisch a un certain nez pour respirer certains traits de l'esprit d'une époque et un certain doigté pour les présenter. Qu'il soit un cinéaste de talent est une autre question, à quoi on peut d'ailleurs sans choquer répondre par oui ou par non, mais c'est là un sujet secondaire par rapport à ce qu'il parvient à capter.
C'était déjà le cas avec Le péril jeune, les ravages de la drogue chez des lycéens politisés, puis, plus sensiblement encore, avec Chacun cherche son chat,
film témoin de la boboïsation de l'est de la capitale. L'auberge espagnole,
qui date déjà de 2002, photographie l'étrange système Erasmus qui incite les jeunes gens de toute l'Europe à aller glandouiller une année universitaire entière à Rome, Londres, Madrid ou Lisbonne, sous prétexte de s'ouvrir à l'universalisme (qu'on peut aussi appeler, en l'espèce, cosmopolitisme). Jeunes gens qui s'étonneront ensuite de trouver un monde professionnel sensiblement différent de celui qu'ils ont connu. On me dira que les discussions sans fin et les nuits alcoolisées sont de tous les pays et de toutes les époques ; mais précisément avec Erasmus on a l'impression qu'on a inventé l'eau sucrée…
Et j'ai l'impression que, comme beaucoup de films (ceux de François Truffaut n'en sont pas exempts), L'auberge espagnole
est nourrie de petits faits vrais, anecdotes amusantes (la mère baba-cool de Xavier (Martine Demaret) lui lançant T'aimes pas le boulgour, t'aimes pas le tofu, qu'est-ce que je peux te donner ?) ou révoltantes (le refus d'un professeur catalaniste d'enseigner en espagnol) qui arrivent comme ça mais n'ont pas de pertinence ou plutôt de vrai lien avec le reste du discours.
Cela étant, c'est un film très admissible, qu'on suit sans déplaisir. Mais qu'on efface de la cervelle aussitôt qu'on l'a vu.
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