En fait, ce véritable sabotage en règle est totalement compréhensible. Le réalisateur et sa star se sont rendu compte très vite de la galère dans laquelle ils s'étaient embarqués. Le résultat est d'une incommensurable tristesse.
La mise en scène est d'une mollesse totale, digne d'un téléfilm des années 80-90. Seules quelques scènes affreusement kitschs réveillent le spectateur : la boîte de nuit, l'étreinte ridicule entre Delon et Francesca Dellera ou encore les flash-backs floutés. Où est-donc passé le talent de Deray aussi à l'aise dans l'étrangeté (Un papillon sur l'épaule, Un homme est mort) que dans l'efficacité (Flic Story, Trois hommes à abattre) ?
Alain Delon a l'air de s'ennuyer ferme : un gâchis tant l'acteur était encore beau et charismatique à l'aube de ses soixante ans. A cause de la co-production italienne, la plupart des seconds rôles sont des acteurs italiens parfois très bons (Paolo Bonacelli) mais le doublage est tellement approximatif qu'il anéantit leurs performances. La palme revient à Francesca Dellera, promue nouvelle vamp du cinéma transalpin après sa performance dans La chair de Marco Ferreri, franchement mauvaise -alors que le film aurait été en grande partie produit pour elle- mais peu aidée par un rôle insignifiant et une postsynchronisation ratée. On regrette les belles italiennes vues dans les précédents Delon : Ornella Muti et Dalila Di Lazzaro par exemple. On retrouve bien Madeleine Robinson mais elle n'apparaît que brièvement.Le scénario et les dialogues sont aussi insignifiants.
En somme L'ours en peluche est un film totalement amorphe, tellement loupé qu'il en deviendrait presque fascinant pour les amateurs tordus de ratages atroces. En comparaison Le solitaire , autre téléfilm anémique réalisé six ans auparavant par Deray pour Belmondo apparaîtrait presque comme une réussite. Et je ne parle pas des précédentes associations entre Delon et Deray !
Ceci dit, L'ours en peluche aurait-il trouvé son public s'il avait été une réussite artistique ? Rien n'est moins sûr. En 1994 ce cinéma psychologique était déjà bien anachronique.
Un crime ne valait pas mieux, ou peut-être juste un petit peu mieux, malgré une idée de départ fort prometteuse le film se perdait en court de route, surtout à cause de Manuel Blanc.
Page générée en 0.0074 s. - 6 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter