Accueil
Voici les derniers messages de ce forum :

Critique


De dumbledore, le 10 mai 2004 à 23:33
Note du film : 4/6

Au sortir de la Première Guerre mondiale et de ses horreurs, Pierre Benoit enchaîne deux romans à grands succès : Koenigsmark (1918) et l'Atlantide (1919). Il joue la carte du dépaysement en plaçant l'action de ses livres dans des colonies encore méconnues. Il choisit également comme héros des militaires… ceux qui viennent de gagner la guerre et table sur l'aventure et l'action.

Comme beaucoup, Jacques Feyder tombe sous le charme du livre, seulement lui réussit à convaincre un banquier (cousin de surcroît, ça aide) d'en faire un film. Il obtient un financement initial de 400 000 francs qui ira même en grossissant, ce qui était déjà énorme pour l'époque.

Feyder part dans le désert pour les repérages. Car il veut tourner sur place. Grosse gageur, presque une folie pour l'époque (c'était presque une nouveauté). Même l'auteur, Pierre Benoît tente de l'en dissuader ("Vous n'allez pas faire la bêtise d'aller jusqu'à Hoggar. C'est au diable et c'est d'un inconfortable. Je vous assure qu'il y a des coins très bien dans la forêt de Fontainebleau"). Mais Feyder tient à son idée et il a bien raison. Tout le charme et toute la force du film sera là, dans cette réalité du décor.

Car si le film est un grand succès, il est aussi l'oeuvre d'un jeune réalisateur, avec le défaut majeur que l'on rencontre dans leurs premiers films : direction d'acteur défaillante. Surtout concernant son personnage féminin, pôle solaire pourtant du film : Stacia Napierkowska.

D'abord, le réalisateur la repère dans des spectacles de danse et l'engage sans la rencontrer. Au moment de la signature, il remarque que son visage est plus rond que ce qu'il croyait. Il ne dit rien et signe le contrat. Au premier jour de tournage, il se rend compte qu'elle pris de nombreux kilos et ne dit toujours rien. Sa seule action sera de lui piquer des morceaux de pain lors des repas pour limiter les dégâts. Autrement dit, Jacques Feyder abandonne et se consacre qu'aux décors, à la technique…

Le tournage dure 9 mois, le budget est multiplié par trois et le film monté possède une durée de plus de 3 heures. Personne ne croit à la réussite du film, et pourtant, quand le film sort en 1921, il est suivi par le public et restera 9 mois en salle.

Louis Delluc dira cette phrase lapidaire, que la seule grande performance dans ce film, ce sera celui du sable… La phrase est un peu méchante tout de même car le film avec le temps s'est bonifié. La forme, les décors, le jeu du muet offre un cachet qui rend le film encore plus charmant, d'un charme suranné certes, mais présent tout de même. La longueur profite également au film, instaurant un rythme des plus appréciables.

Même les détracteurs ne pourront retirer au film le fait qu'il garde l'intérêt d'éclairer le goût du public de l'époque. Les autres auront peut-être la chance de le découvrir indépendant des critiques assez injustes sur le film.


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0029 s. - 6 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter